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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel
Autoren: Arthur Conan Doyle
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l’intelligence
ni la main qu’il faut pour le dompter !
    Le procureur se retourna vivement vers le
squire :
    – L’abbé vous doit un remerciement pour
ce que vous avez fait ce jour, quelque dures qu’aient été vos
paroles. Si vous pensez tant de bien de cet animal, peut-être
aimeriez-vous le posséder. S’il me faut payer pour lui, avec la
permission du père abbé, je vous en fais cadeau pour rien.
    L’abbé tira son subordonné par la manche.
    – Réfléchissez, mon Frère, lui
souffla-t-il. Le sang de cet homme ne va-t-il point retomber sur
nos têtes ?
    – Son orgueil est aussi grand que celui
du cheval, Révérend Père, répondit le procureur dont le visage
s’illumina d’un sourire malicieux. Homme ou bête, l’un brisera
l’autre, et ce n’en sera que mieux pour tout le monde. Mais si vous
me l’interdisez…
    – Non, mon Frère, vous avez amené le
cheval ici, vous pouvez donc en disposer…
    – Je le donne à Nigel Loring. Et
puisse-t-il être aussi bon et doux pour lui qu’il le fut pour
l’abbé de Waverley !
    Le procureur avait parlé à haute voix au
milieu du babillage des moines car celui dont il était question ne
se trouvait plus à portée. Aux premiers mots qui avaient décidé de
la question, il avait couru vers l’endroit où il avait laissé son
poney auquel il avait enlevé le mors et la forte bride. Puis,
laissant la bête brouter à l’aise sur le bas-côté du chemin, il
retourna vivement d’où il était venu.
    – J’accepte votre présent, messire moine,
dit-il, bien que je sache le motif qui vous anime. Je vous en
remercie cependant, car il est sur terre deux choses que j’ai
toujours vivement désirées et que ma bourse n’a jamais pu me
permettre de m’offrir. L’une des deux est un fier destrier, un
cheval tel qu’en devrait monter le fils de mon père. Et voici entre
tous celui que j’aurais choisi, puisqu’il faut accomplir de belles
actions pour le gagner et que l’on peut obtenir, grâce à lui, un
honorable avancement… Comment se nomme-t-il ?
    – Son nom, répondit le procureur, est
Pommers. Mais je vous préviens, jeune seigneur, que personne ne
peut le monter et que, de tous ceux qui ont essayé, les plus
heureux ne s’en sont point tirés sans avoir au moins une côte
cassée.
    – Je vous sais gré du conseil, fit Nigel,
et maintenant, je me rends d’autant mieux compte qu’il me faudrait
voyager loin pour trouver pareille bête… Je suis ton homme,
Pommers, et toi, tu es mon cheval. Du moins, tu le seras cette
nuit, ou je n’aurai plus jamais besoin d’une monture. Ce sera donc
ma volonté contre la tienne. Et que Dieu te vienne en aide,
Pommers. L’aventure n’en sera que plus passionnante et je n’y
gagnerai que plus d’honneur.
    Tout en parlant, le jeune seigneur avait
escaladé le mur et se balançait sur le faîte : bride dans une
main, cravache dans l’autre, il était à la fois la grâce, la
volonté, la vaillance incarnées. En renâclant de fierté, Pommers
s’avança aussitôt vers lui et ses dents blanches scintillèrent
lorsqu’il releva les lèvres pour mordre mais, une fois de plus, un
coup sec appliqué de la poignée de la cravache le fit reculer. Au
même moment, mesurant calmement de l’œil la distance, ployant son
corps délié pour prendre son élan, Nigel bondit et retomba à
califourchon sur le dos du grand cheval jaune. N’ayant ni selle ni
étrier pour l’aider, Nigel dut batailler un moment pour se
maintenir sur le dos de l’animal qui tournoyait et ruait sous lui.
Mais ses jambes étaient deux vraies bandes d’acier, qui
s’incurvaient fermement le long des flancs, cependant que de la
main gauche il étreignait vigoureusement la crinière fauve.
    Le cours monotone de la vie monacale à
Waverley n’avait jamais été troublé par semblable scène. Sautant à
droite, se rabattant brusquement sur la gauche, la tête tantôt
entre les pattes antérieures, tantôt brandie à huit pieds au-dessus
du sol, les naseaux rouges et fumants, les yeux exorbités, le
cheval jaune était tout ensemble une vision de rêve et de
cauchemar. Mais son souple cavalier sur son dos, pliant à chaque
secousse comme le roseau sous le vent, ferme sur ses bases et
flexible du haut, le visage impassible, les yeux luisants
d’excitation et de joie, se maintenait irrésistiblement en place
malgré tout ce que pouvaient lui opposer le cœur décidé et les
muscles puissants du grand animal. Une fois
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