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Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Titel: Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
Autoren: Henry Rouy
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nouvelles unités : MM. Renaud, menuisier, et Ducornet, domestique de M. Herbulot.
    Il était environ trois heures de l’après-midi quand tous les cinq franchissent le pont derrière l’armée !
    A peine sur la rive gauche de la Meuse, le feu est mis aux mines, et en un clin d’œil le pont, comme une masse, s’abat dans le fleuve.
    Le moment était solennel pour les cinq fugitifs. Quelle route allaient-ils prendre? Au moment de se décider, ils sont abordés par le capitaine Chevalot , retraité à Donchéry. Ce dernier, intime de la famille Rennesson dont le domicile se trouve sur la rive gauche de la Meuse, propose à tous de se réfugier la nuit chez M. Rennesson, dont la famille est partie dans la matinée.
    Nuit du 25 au 26 août.
    La proposition de M. Chevalot est acceptée à l’unanimité (raconte M. Gilbert lui-même), et nous nous rendons tous les six dans la salle à manger de la famille Rennesson où, après notre frugale collation du soir, chacun s’efforce de dormir sur une chaise.
    Le 26, à quatre heures du matin, nous sommes réveillés par la fusillade qui commence. MM. Renaud et Ducornet, qui se sont hasardés dans une prairie voisine afin d’y traire une vache, sont contraints, par les balles sifflant à leurs oreilles, de revenir aussitôt. Nous descendons alors tous dans les caves pour nous y mettre à l’abri de la mitraille qui commence à faire rage. La journée du 26, jusqu’à deux heures de l’après-midi, s’écoule ainsi dans les sous-sols où, à chaque minute, nous nous attendons à être ensevelis tout vivants.
    Vers deux heures, un moment d’accalmie se produit ; nous en profitons pour sortir de notre périlleuse retraite et jeter un regard scrutateur sur ce qui se passe à l’extérieur. Nous voici promptement édifiés : à peine sommes-nous hors de notre obscur caveau, qu’un vacarme indescriptible se fait entendre au dehors et que des balles sont tirées dans le couloir de la maison nous servant d’abri : elles se contentent, fort heureusement, de frôler quelques-uns d’entre nous ; c’est l’armée allemande qui a réussi, malgré le pont sauté, à franchir la Meuse. C’est pour nous un moment de terribles angoisses.
    M. Chevalot, se rendant compte du danger, et n’écoutant alors que son courage, malgré ses 75 ans, se présente le premier, et les bras en l’air, persuade à l’ennemi que nous sommes inoffensifs. En quelques secondes, la maison est envahie par la soldatesque allemande et fouillée de fond en comble. Nous subissons le même sort que l’immeuble ; cette opération terminée, on nous requiert pour porter à boire à ceux du rang qui ne peuvent entrer dans la maison pour se rafraîchir. Pendant trois longues heures, nous donnons, chacun avec un seau, de l’eau à des milliers de soldats, lesquels, de peur que notre liquide ne soit empoisonné, nous forcent à boire avant eux Durant ce temps, ceux qui avaient pu pénétrer dans la maison, vident la cave et les armoires.
    Nuit du 26 au 27 août.
    Cette servitude dura jusque vers six heures. Mais, hélas ! nous n’étions qu’au commencement de nos peines. A ce moment précis où nos yeux attristés regardaient brûler l’hôtel des postes, la mairie et quantité d’autres maisons, une patrouille nous prie de la suivre, ( pour notre sécurité, ajoute le chef de la patrouille) On nous conduit tous les six dans une remise de matériaux à bicyclettes où déjà se trouvent entassés les soldats français blessés ou faits prisonniers à la Croix Piot . Chaque prisonnier cherche un siège pour y reposer ses membres fatigués et réfléchir sur le sort qui l’attend. Faute de mieux, les uns s’asseoient sur des roues, d’autres sur des caisses, beaucoup sur des sacs de boulons, quelques-uns même sur des sacs de clous, car l’ordre est de s’asseoir !
    Douze heures, départ pour Sedan.
    Nous étions ainsi dans cette triste et pénible situation lorsque, vers minuit, survient un officier, tenant en mains une large feuille de papier ; il l’ouvre et, après un appel à l’attention, il nous lit, en un français plus ou moins correct, les articles de la loi qui, en temps de guerre, punissent de mort toute infraction à la discipline.
    Cette lecture achevée, on nous range par files de quatre, les civils en tête et les mains attachées derrière le dos. Le capitaine Chevalot proteste, fait valoir sa croix de la légion d’honneur, son âge, etc... rien n’y fait ; pour toute
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