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Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Titel: Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
Autoren: Henry Rouy
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gouvernement s’est transporté à Bordeaux !
    III
    Douze otages sont consignés au cercle, le 28 août, de midi à sept heures ; d’autres leur succèdent, et ce pénible roulement va s’établir ( 10 ).
    La population est calme et digne.
    Cependant, voici que, dans la soirée du 30 août, une fusillade, vive et prolongée, éclate à travers nos rues. Que ce passe-t-il ?... Un vrai danger paraît nous menacer. Les balles sifflent, percent des volets, des persiennes... Le bruit que nous ne pouvons contrôler — internés que nous sommes dans nos maisons — se répand que deux prisonniers français auraient voulu s’évader du quartier Fabert où ils étaient retenus, et l’on tire sur eux, au hasard, dans l’obscurité, et contre les fenêtres dont les lumières ne s’éteignent point assez promptement. Le capitaine Badilly est lâchement tué.
    Le lendemain, l’émotion est grande en nos rues où s’effectuent d’incessants passages de troupes.
    Par suite des incidents de la nuit du 30 au 31 août, Sedan est requis de payer, avant le 2 septembre à midi, une somme de 500.000 francs ! Le conseil en délibère : il délègue MM. Grandpierre et Massin pour négocier au mieux avec l’autorité allemande ( 11 ), et arrêter qu’il sera émis encore des papiers-monnaie à cours forcé pour le remboursement partiel de cette somme considérable.
    Comment sera-t-il satisfait à une pareille exaction ?... On se le demande avec une légitime perplexité. — Dans la journée, il est dit qu’une partie de la contribution sera réunie en numéraire et en billets, et que l’ennemi réclame le solde en titres ; — le 2, l’imposition n’est pas encore couverte ; enfin, il est donné satisfaction aux Allemands.

    Dès lors, les semaines, puis les mois vont nous apporter des tristesses, des préoccupations, des douleurs grandissantes ; des tortures morales croissantes, en attendant que des deuils nous soient révélés !...
    Au milieu des imaginations folles qui se donnent libre carrière, quelques rumeurs exactes, tels : la défaite des Prussiens, leur écrasement dans la Marne, le dégagement que nous dirons miraculeux de Paris, le recul prodigieux de l’adversaire décontenancé ; — tel encore cet écho d’une défaite de la flotte allemande, défaite dont la confirmation ne nous parviendra que beaucoup plus tard et que nous saurons avoir été essuyée à Héligoland par la marine impériale ;... telle, l’entrée de Briand, Delcassé, Ribot et Millerand au ministère.

    Tandis que fonctionnaient les divers services pour lesquels la municipalité faisait appel au dévouement et à la compétence des uns ( 12 ), à l’abnégation des autres ( 13 ), à la bienfaisance de tous ( 14 ), le conseil municipal était sommé par la commandanture de remettre, du moins partiellement, en état le pont du chemin de fer de Bazeilles : le tablier métallique obstruait la Meuse, et il y avait mise en demeure de rétablir le cours normal du fleuve, — sous peine d’une amende de 2,000 marks pour chaque journée de retard.
    Ainsi le rétablissement du pont de Villette avait été la source, pour le vaillant conseil municipal de 1870, des plus graves ennuis.
    Le premier adjoint fut assez heureux pour persuader à l’autorité allemande que la chose était impossible, et mainlevée de l’ordre fut donnée.
    Le beau Pont-Neuf avait été malheureusement détruit : de ses piles sautées résultait un soulèvement du niveau de l’eau, et il y avait danger d’inondations dans le quartier de la rue Blanpain. Le maire multiplia les démarches et obtint de la commandanture la permission de prendre les pierres de ce pont pour refaire les parapets du Pont Saint-Vincent-de-Paul, cruellement endommagé : tout engorgement serait, de la sorte, évité.

    En sa séance du 22 septembre, les dix membres de l’assemblée communale décident de confier à M. Ad. Benoît, minotier à Sedan, le soin du recolement du blé, en lui facilitant le libre parcours par un sauf conduit qui serait sollicité de la commandanture. — Aucun choix n’était meilleur, ni plus indiqué, par la compétence toute spéciale et la haute situation de M. Benoît, comme président de la Chambre de Commerce : il avait déjà largement fait ses preuves ; il allait les faire encore et rendre avec M. Foucher, de signalés services.
     
    Vu la nécessité urgente d’étendre les secours aux indigents, le nombre des portions journellement délivrées par la
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