Quelque chose en nous de Michel Berger
là-bas la musique fait partie de la vie. Le contact avec les musiciens m’a fait beaucoup de bien parce qu’ils ont un rapport à la musique tout à fait différent du nôtre », explique encore Michel cet été fatal.
La veille de sa mort, Plamondon lui annonce qu’on entend « The World Is Stone » dans les clubs de New York. Michel était assez narcissique, comme la majorité des artistes et c’était là son rêve d’enfant : rejoindre Gershwin.
Tycoon sera joué à Paris tous les vendredis soir en alternance avec Starmania, en 1993 et 1994, dans la mise en scène de Lewis Furey, qui n’a recruté que des chanteurs bilingues, en grande majorité québécois, pour cette raison. « Jusqu’au jour, s’amuse-t-il, où nous avons fini par admettre que nous faisions moins de monde les vendredis que les autres soirs de la semaine ! »
Double jeu
Double Jeu . Jeu en double, comme le tennis, que Michel pratique au soleil de Grand-Baie, sa villa multiple aux toits de tuiles parmi les pins, à la Capilla, premier chemin à droite avant l’entrée du domaine privé, au-dessus de l’extrémité de la plage de Tahiti, où il passe tous les étés avec France, les enfants, et les amis et voisins (Daniel et Coco Balavoine, Michel Jonasz, Claude-Michel et Béatrice Schönberg, Gérard et Framboise Holtz, Grégoire Colart, Bernard de Bosson, Nathalie Baye, Johnny, Pierre Lescure, etc.). Double « je », comme les deux identités, finalement réunies à l’affiche d’un même disque, de France Gall et de Michel Berger, couple à la ville et en l’occurrence, enfin au micro. « Double jeu » comme l’émission que présente Thierry Ardisson au même moment sur Antenne 2. Double jeu comme duplicité, celle d’entretenir le public dans la fiction d’une union heureuse, indéfectible comme le revendiquent cet album et cette tournée ensemble, comme si rien n’avait changé. Double jeu comme double vie, celle que mène Michel au moment de l’enregistrement, extrêmement pénible, de cet album. Double Jeu comme Double Fantasy, autre album partagé entre un couple médiatique longue durée, John Lennon et Yoko Ono, également, cela se sait peu, sur le point de se séparer. Double jeu, Double Fantasy, cadeaux d’adieu, de rupture, d’auteurs et compositeurs à des épouses,mères, muses, également artistes, avant de se lancer dans une autre vie, en solo ou dans d’autres duos ?
Simple coïncidence ? Ou, au contraire, clin d’œil de la part de Michel Berger, enfant du rock, fan de John, qu’il référence justement dans le premier couplet de « Laissez passer les rêves » ? Fidèle auditeur de mes émissions (comme de celles de Georges Lang sur RTL), il est probable qu’il n’aura pas manqué d’y entendre un soir Jack Douglas, producteur de Double Fantasy, affirmer sur Europe 1 comment John Lennon aurait conçu cet album partagé (et ce qui constituera son successeur posthume, Milk and Honey ) comme tremplin pour la carrière solitaire de Yoko Ono après son départ à lui vers de nouvelles aventures, à l’horizon desquelles se profilaient un album pour Ringo, une tournée, et, pourquoi pas, une réunion des Beatles, dont il devait discuter avec Paul McCartney, passé le voir en studio, au Hit Factory de New York, et qu’il avait ensuite invité à dîner au Dakota, d’où, selon Douglas, Yoko l’aurait éconduit ? Michel l’a-t-il avoué à TF1 lorsqu’il déclarait : « Le mélange des deux voix, c’est une autre voix. Les chansons d’amour à deux, c’était pas possible » ?
« Il voulait faire rechanter France, et elle ne voulait pas. Le seul moyen qu’elle accepte, c’était de le faire en duo et qu’elle participe aux textes, à la réalisation, certifie Serge Pérathoner, qui est toujours de l’aventure. Michel a donné son accord, c’était son épouse, il la connaissait, savait où elle était bonne et où c’était plus compliqué. Il en a vraiment bavé en tant que chanteur, elle l’a vraiment torturé, mais comme il tenait absolument à faire cet album, il a été moins rentre-dedans que d’habitude. Il nous a laissés faire, Janik, Salmieri, Lable et moi à son piano Midi, dans son studio, avec toute sa confiance. Il voulait que ce soit France, Michel et le groupe,avant de passer à autre chose. Il voulait freiner la musique, aller vers l’image, changer. On se parlait peu, on ne disait rien. Si on se parle, c’est que ça ne va pas, tellement il a de pudeur. Quand
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