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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois
Autoren: Jean Markale
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(alias Parsifal chez Richard Wagner), mais qu’un auteur gallois anonyme appelle Peredur, et qui deviendra Perlesvaux et même Perceforêt dans la période décadente des romans de chevalerie ?
    Le nom de Perceval est incontestablement français, et les formes allemande, Parzival, et anglaise, Percival (ou Percivelle), n’en sont que des transcriptions. Il n’est guère possible pourtant de lui donner un sens exact. On peut le comprendre comme Perce-Val, allusion à la quête initiatique entreprise par le héros afin de percer les secrets des vallées qui mènent vers le Château du Graal ; ou encore Par-ce-Val, qui suggère l’errance du héros à travers la vallée qui conduit au Graal ; ou bien encore Perd-ce-Val, « étymologie » qui rappellerait la perte d’une grande partie des anciens domaines de sa famille, perte attestée par Wolfram von Eschenbach et par plusieurs continuateurs de Chrétien de Troyes. Ce dernier sens justifierait ainsi la forme « Perlesvaux », tandis que le premier serait corroboré par « Perceforest ». À la vérité, aucune de ces interprétations n’est satisfaisante.
    Il en va tout autrement pour Peredur, nom du héros dans le récit gallois parallèle à celui de Chrétien de Troyes. Ce nom, typiquement gallois, peut être décomposé en deux termes, soit pêr(e)dur , « doux acier », soit peiry-dur , « instrument d’acier », la seconde hypothèse semblant la mieux venue, car, dans certains textes mythologiques gallois, le héros est surnommé Paladir , c’est-à-dire « javelot long ». Or, le javelot est l’arme favorite du jeune homme avant qu’il ne devienne un authentique chevalier.
    En tout cas, à partir de Chrétien de Troyes, qui est le premier auteur en date à l’avoir nommé, Perceval est considéré comme le héros du Graal, celui qu’on attendait pour guérir le Roi Pêcheur et redonner vie au royaume. Il est le « Bon Chevalier » devant lequel, peu à peu, s’évanouissent les sortilèges maléfiques. Cependant, les choses ne sont pas si simples car, selon les versions, le personnage peut intégrer des colorations fort différentes, colorations qui correspondent à des motivations bien éloignées, semble-t-il, du mythe primitif. Trois options fondamentales se détachent : la première, celle de Chrétien de Troyes et de ses continuateurs français ou anglo-normands, la deuxième, celle de Wolfram von Eschenbach, la troisième, celle de l’auteur gallois anonyme de Peredur .
    La première option est la plus riche, la mieux fournie en textes divers, cela non sans prolongements parfois surprenants, mais toujours dus à des récupérations idéologiques. Perceval y est un adolescent naïf, têtu, courageux, qui se trouve confronté aux épreuves d’un monde extérieur qu’il n’imaginait même pas. Mais, en dépit de ses maladresses et de son aveuglement, il parvient à franchir toutes les étapes de son initiation et, après avoir compris qu’il appartient à la lignée royale ( sangréal se décomposant alors en « sang réal », c’est-à-dire « sang royal »), il devient le nouveau Roi du Graal, tâche à laquelle il était destiné à son insu. Cependant, étant à l’origine un pur produit de la mythologie celtique païenne, il est ainsi fort encombrant pour certains auteurs sourcilleux d’orthodoxie chrétienne. Dans le récit anglo-normand intitulé Perlesvaux et visiblement inspiré par les moines clunisiens de Glastonbury, le héros est dédoublé en Perceval et Perlesvaux, ce dernier devenant un personnage très sûr, zélé propagateur de la foi chrétienne et de mœurs irréprochables. De même, dans la version dite cistercienne de la Quête (tradition dite de Gautier Map), Perceval se trouve ravalé au second rang, le premier étant occupé par Galaad, le Pur, autre Lancelot mais débarrassé de toutes scories. Les préoccupations théologiques du XIII e siècle ont tout aussi profondément marqué l’évolution du personnage que contribué à faire du Graal le symbole de l’Eucharistie, avec, en arrière-plan, une propagande non déguisée pour le culte du Précieux Sang, tant à Bruges qu’à Fécamp et à Barcelone, voire à Glastonbury même, avec la « médiatisation » du Chalice Well , ce « puits du Calice » aux flancs de la colline d’où sourd une eau légèrement rougeâtre (ferrugineuse, bien entendu) qui doit sa couleur à la présence du Graal dans les nappes phréatiques.
    La seconde
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