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Perceval Le Gallois

Perceval Le Gallois

Titel: Perceval Le Gallois
Autoren: Jean Markale
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lumineux que toutes les créatures réunies. Mais l’un d’entre eux surpasse en beauté tous ses compagnons… Sans doute est-ce Dieu lui-même ! Or, ma mère m’a enseigné qu’on doit croire en lui, l’honorer, le révérer, l’adorer. Je vais donc adorer celui-là, et tous ses anges avec lui. »
    Aussitôt dit, aussitôt fait. Il se jeta à terre, récitant son credo et toutes les oraisons que sa mère lui avait apprises. En l’apercevant dans cette posture surprenante, celui qui semblait le chef des cavaliers dit à ses compagnons : « Arrêtez-vous et demeurez en arrière. Notre seule vue a causé tant de frayeur à ce garçon qu’il en a été démonté. Si nous l’abordions tous ensemble, il en serait davantage épouvanté, au point peut-être d’en mourir. Et dès lors il ne pourrait répondre aux questions que j’aimerais lui poser. »
    Les chevaliers obtempérèrent sur-le-champ, et lui, s’approchant du garçon, le salua et, d’une voix qu’il voulait rassurante, lui dit : « Jeune homme, je t’en prie, n’aie pas peur. – Peur ? Mais je n’ai pas peur, dit le garçon en redressant la tête. Certes non, par le Sauveur en qui je crois. Es-tu Dieu ? » Le chevalier, quelque peu interloqué par cette demande, se retint de rire. « Bien sûr que non, répondit-il enfin. – Dans ce cas, qui es-tu donc ? – Un chevalier. – Un chevalier ? s’écria le garçon. Quelle espèce est-ce là ? Je n’en ai vu de ma vie, et personne ne m’en a jamais parlé. Mais tu es plus beau que Dieu. Ah ! de tout mon cœur, je voudrais te ressembler, être tout brillant et beau comme toi ! »
    Le chevalier se rapprocha à le toucher. « Dis-moi, demanda-t-il, as-tu vu passer aujourd’hui en cette lande cinq chevaliers et trois jeunes filles ? » Mais le garçon dédaigna cette question qui, visiblement, ne l’intéressait pas et, tendant la main vers la lance, il s’en empara, l’examina attentivement et dit : « Beau cher seigneur, toi qui as nom de chevalier, dis-moi : qu’est cela ?
    — Allons ! dit le chevalier. Je vois que je suis bien tombé ! Je pensais, beau doux ami, apprendre de toi des nouvelles, et c’est toi qui veux en apprendre de moi. Je vais néanmoins te répondre : ceci est ma lance. – Tu veux dire qu’on la lance, comme moi je fais avec mes javelots ? – Mais non, mon garçon, ne sois pas si sot : elle sert à frapper, comme cela, d’un bon coup. – Oh ! alors, moi, j’ai beaucoup mieux ! Vois-tu ces trois javelots ? Je n’ai qu’à en prendre un, je tue tout ce que je veux, oiseaux ou bêtes, selon le besoin, et je les atteins d’aussi loin que le ferait une flèche lancée par un arc. »
    Le chevalier commençait à s’impatienter. « Jeune homme, je n’ai pas de temps à perdre, fais-moi grâce de tes sornettes ! Parle-moi plutôt des chevaliers que je cherche. Sais-tu où ils sont allés ? As-tu vu les jeunes filles qui les accompagnaient ? » Mais le garçon, empoignant le bord du bouclier, demanda sans plus de façons : « Qu’est ceci, et à quoi te sert-il ? – Tu te moques de moi, jeune homme ! Tu me mets sur un chapitre dont je n’ai cure. Par Dieu tout-puissant, je pensais te faire parler, et c’est moi qui dois répondre à tes questions ! Mais tu auras malgré tout une réponse, parce que ta candeur m’agrée. Ce que je porte ainsi est mon bouclier. Et je dois en prendre grand soin, car il m’est très utile : de quelque côté que proviennent coups de lance ou flèches, il y fait obstacle et les arrête tous. Voilà quel service il me rend. »
    À ce moment, les chevaliers demeurés en retrait vinrent rejoindre leur chef. « Seigneur, dit l’un d’eux, que te raconte ce Gallois ? – En vérité, il ne connaît guère les bonnes manières. À toutes mes questions, il répond à côté. C’est autre chose qui l’intéresse : tout ce qu’il voit, il en demande le nom et l’usage. – Seigneur, sache-le, les Gallois sont de naissance plus fous que bêtes en pâture (11) . Et celui-ci ne vaut pas mieux que les autres. Il faut être soi-même insensé pour tenter d’en tirer rien de sensé !
    — Je ne sais trop, répliqua son chef, mais, par Dieu tout-puissant, avant de nous engager plus, je veux obtenir de lui qu’il nous renseigne. Aussi dois-je me montrer patient. Je lui dirai tout ce qu’il voudra savoir. Jeune homme, je t’en prie : dis-moi, sans te fâcher, si tu as vu les cinq
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