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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville
Autoren: Robert Merle
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grâce, pruderie
et vergogne, et à sa suite sa Zara, laquelle elle présenta non comme sa
chambrière mais comme sa dame d’atour et qui enveloppa incontinent mon père de
si dévergognés allèchements que je ne doutai point qu’il y dût succomber, étant
si friand du cotillon et l’âge l’ayant peu refroidi, à en juger par les enfants
qu’il faisait à Franchou. Ha ! m’apensais-je, les futées se sont bien
distribué les rôles, l’une édifiant mon père, l’autre le séduisant. Havre de
grâce ! Comment ne pas admirer l’émerveillable adresse que la nature a
donnée à ce doux sexe pour le compenser de la force qu’il a en moins ?
    Mon père ayant
courtoisement baillé chambre et collation à nos Calypsos, voulut incontinent
entendre mes contes en la librairie, lesquels je fis les plus brefs que je pus,
ne voulant point attrister notre liesse privée par le souvenir de nos calamités
publiques. Toutefois, si la frérèche ne laissa pas, à l’ouïr de ma bouche, de pleurer
de brûlantes larmes sur la traîtresse assassination de l’amiral de Coligny et
de tant de beaux fleurons de la noblesse protestante, je les trouvai l’un et
l’autre fort confortés en leur foi huguenote et mettant plus que jamais leur
espérance en l’appui du Seigneur.
    — Encore
que le Pape, dit Sauveterre, à recevoir la tête de Coligny, ait entonné un Te Deum en Saint-Pierre et fait allumer des feux de joie en Rome, il en
sera pour sa très courte liesse : l’Église réformée de France n’est pas
détruite. Déjà, elle se refait et se reconstitue. Je ne sais combien de. nos
villes du Midi, enfermées dans leurs murs, font compter les clous de leur porte
aux garnisons royales, et à la fin des fins, ce petit reyet de merde n’aura
rien gagné à sa félonie sinon une troisième guerre civile et une juste
défaite !
    Mon père qui,
me sembla-t-il, n’avait guère aimé que Charles IX fût appelé par
Sauveterre « ce petit reyet de merde » (car le Roi reste le Roi, quoi
qu’il ait fait) se borna à approuver du chef ce fervent discours et me demanda
ce qu’il en était de Gertrude du Luc et de Samson. À quoi je répondis tout à
trac :
    — Elle le
veut marier et lui bailler en dot une fort belle officine en Montfort-l’Amaury.
    À quoi j’eus
des deux frères deux réponses qui, pour être articulées toutes deux dans le feu
du moment, étaient fort différentes.
    — Quoi !
dit mon père, si loin de Mespech !
    — Quoi !
dit Sauveterre, une papiste encore !
    Cette
remarque-ci me prenant très à rebrousse-poil en raison de mon Angelina, je
m’accoisai de l’air fermé et fier que prenait mon père quand il voulait
témoigner, sans toutefois le dire, qu’il était peu content de ce qu’il venait
d’ouïr. À ce silence, mon père m’envisageant, et observant que je l’imitais, se
mit à rire.
    — Ah !
Monsieur mon fils ! dit-il, ne le prenez pas à mal, M. de Sauveterre ne
vous avait pas à l’esprit.
    — Combien,
Monsieur mon neveu, dit Sauveterre roidement, que cela, à la réflexion,
s’applique aussi à vous.
    À quoi mon
père rit de plus belle et m’expliqua le quoi, le qu’est-ce et le comment de la
situation à laquelle il était fait ici allusion : le lendemain de mon
partement pour Paris, le Sire de Malvézie, rendant au Créateur une âme qu’il ne
tenait que du Diable, et à qui on peut penser qu’elle fut tout de gob renvoyée,
mourut d’un fort opportun miserere. La Dame de Fontenac, incontinent,
contraignit le curé Pincettes à révoquer le témoignage qui m’incriminait et
retira la plainte que le Malvézie avait logée contre moi. J’étais sauf, et mon
voyage devenant inutile, mon père envoya à Montaigne, mais je l’avais quitté de
deux jours. Il écrivit alors à d’Argence en Paris, mais à ce que nous sûmes
plus tard, d’Argence s’encointrait en sa maison des champs et ne reçut pas le
message.
    — Eh
quoi ! dis-je, béant, c’est donc inutilement que j’ai couru en Paris ces
traverses, ces encontres, ces inouïs périls pour quérir la grâce du Roi.
J’étais sauf, mon Samson aussi et je ne le savais pas !
    — Le
moyen de vous le faire savoir ! J’ignorais où vous aviez trouvé logis en
la capitale. Et pensez qu’il faut un mois et parfois deux pour qu’une lettre
chemine de Sarlat en Paris ! Mais je poursuis, dit mon père. Si M me de Fontenac agit si promptement, ce fut, certes, de par sa gratitude pour la
bonne
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