Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
vois-tu pas que tu es très au-dessus de ta condition de
valet ?
    — Y
a-t-il rien dans le mot « valet » qui soit à déshonneur ? dit
Miroul, son œil marron s’égayant. S’il en est ainsi, Moussu, donnez-moi du
majordome. Je serais content.
    — Miroul,
tu te gausses ! dis-je en lui jetant le bras par-dessus l’épaule.
Majordome d’un gentilhomme qui n’a pas de domus !
    — Domus, Moussu ?
    — Domus,
domi : maison.
    À quoi il rit,
et répéta le mot, et en sa mémoire l’empocha, et en cet entretien, rien ne fut
résolu de ce qui ne se pouvait de reste résoudre car je voyais bien que mon
Miroul appétait à de contradictoires fins : d’un côtel, sa condition
changée, se marier et faire souche et d’un autre côtel, ne me quitter jamais.
    Quéribus ne me
pouvant souffrir en mon appareil gâté par le sang, me bailla un pourpoint
marron clair avec des crevés jaunes, lequel, quoique fort beau, était un rien
moins chatoyant que son satin jaune pâle, comme il convient au frère cadet d’un
Baron ; habilla de sa livrée noir et or Fröhlich et mon Miroul, et fit si
bien que son majordome – dont certes il avait, lui, l’usance, ayant hôtel
à Paris, maison des champs à Saint-Cloud et châtellenie dans le Carcassonnais –
prêta à Giacomi une vêture de velours bleu de nuit dont le maestro fut fort
aise, n’étant pas ennemi de sa terrestre apparence, je le dis sans en faire
péché, ne voulant paille-poutrer l’œil d’un ami.
    Ainsi Quéribus
et moi, fièrement chevauchant au botte à botte, nos chevaux étrillés et
luisants, entrèrent premiers en Montfort le mercredi 27 août à la vesprée,
suivis d’une bonne douzaine de gaillards en livrée, tous portant l’épée ou le
braquemart et les pistoles dans les fontes. Je vous donne à penser la béance
des Béqueret à voir s’abattre sur eux une tant nombreuse troupe que Quéribus
toutefois expédia incontinent à l’auberge ; et aussi, les embrassements
dont je fus tout soudain accablé et ravi, mon bien-aimé Samson ne se pouvant
déprendre de moi, ni moi de lui, encore que je sentisse bien que je n’avais pas
pâti autant que lui de cette séparation, ce dont ma conscience me poignit
quelque peu. Mais le moyen de s’attarder à ces épines et pointures quand Dame
Gertrude, m’arrachant de ses bras, me prit dans les siens dont je n’échappai
que pour m’encontrer en ceux de sa chambrière, tombant ainsi d’un doux Charybde
en Scylla plus suave.
    La belle
Normande n’eut pas plutôt ouï que le Baron m’escortait jusqu’à mon Périgord
qu’elle voulut à force forcée être du voyage. Ce qui fait que j’osai l’inviter
à Mespech, assuré que j’étais que mon père, sinon l’oncle Sauveterre, serait
aux anges de la voir égayer nos vieux murs de son blond cheveu et des vives
couleurs de ses affiquets, sans même parler ici de sa Zara vêtue tout aussi
splendidement que sa maîtresse, de reste ne lui cédant en rien par la beauté et
l’emportant par sa coquettante jeunesse.
    Il n’y avait
nul péril, par le chemin, qu’on nous prît pour des huguenots tant notre voyage
fut fastueux en auberges, luculliques festins et débours de toutes sortes,
notre Gertrude ne pouvant traverser villes sans courre boutiques et s’acheter
pour soi et sa Zara, dentelles, brocarts et colifichets, Quéribus, si loin
qu’elle allât, la passant encore dans le somptuaire, étant de ces muguets
papistes et dorés qui mangent leur bien en superfluités étant bien assurés que
les Princes dont ils ont la faveur restaureront les trous de leurs avoirs.
Ainsi nous chevauchâmes, escortant la coche de Dame du Luc, semant l’or
derrière nous, et à l’étape ventrouillés en de quotidiennes délices, sauf que Gertrude
en ses nuits montrait à mon Samson une flambante fidélité, peu imitée par sa
Zara, ce dont pourtant je ne piperai mot, ne voulant offenser personne.
    C’est un peu
avant Bordeaux, je cuide (car nous prîmes par les plats chemins), que Gertrude
me requit de monter à son côté, voulant, dit-elle, m’entretenir bec à bec.
Florine pour me laisser la place quittant la coche pour la selle de mon Pompée,
et Miroul incontinent se mettant à son étrier pour la garder des écarts de ma
jument et aussi, j’imagine, la couver de son œil amoureux.
    — Mon frère,
dit Gertrude, foin du petit siège ! Êtes-vous de nous si peu
ragoûté ? Venez là, entre ma Zara et moi-même ! Vous sentirez moins
les
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher