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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé
Autoren: Paul Bonnecarrère
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larguée brusquement. Les six hommes détachent alors la chaloupe, prennent leur place aux avirons, et se mettent à ramer en cadence en direction des fugitifs.
    Le projecteur a repéré deux des déserteurs. Ils nagent maladroitement avec des mouvements rageurs qui les essoufflent. Lorsque l’embarcation parvient à leur hauteur, ils se laissent hisser à bord sans résistance.
    Du pont du Johan de Witt le projecteur décrit des demi-cercles méthodiques pour tenter de découvrir le troisième homme, tandis que, debout à l’arrière du canot, le patron marin attend les ordres. Le colonel Lehur et le lieutenant Mattei suivent sur l’eau la lente exploration du faisceau lumineux.
    « Vous êtes sûr qu’ils étaient trois ? interroge le colonel.
    –  L’homme de quart est formel, répond Mattei. Il les a vus sauter, deux les pieds en avant, le troisième a plongé.
    –  Alors il s’est noyé, consignez-le au rapport. »
    Le projecteur s’éteint. Le commandant hollandais donne l’ordre au patron du canot de retourner à bord. La manœuvre a duré une vingtaine de minutes.
     
    Le sergent-chef Klauss qui avait quitté le pont, vient de réapparaître. Un instant, il regarde la chaloupe et ses huit occupants. Un coup d’œil lui suffit pour identifier les deux légionnaires qui ont été repêchés. Il s’approche du colonel et du lieutenant, salue à distance réglementaire, puis se présente d’une voix de stentor.
    « Sergent-chef Klauss, 1 er bataillon, 4 e compagnie, au rapport, mon colonel.
    –  Oui, répond distraitement Lehur.
    –  Mon colonel, j’ai identifié les déserteurs, ils appartiennent à ma compagnie. »
    Mattei dresse l’oreille. Il commande la 4 e compagnie.
    « Transmettez une note écrite au lieutenant Mattei, lance Lehur en se retournant, indifférent.
    –  Mon colonel, si je peux me permettre, insiste Klauss.
    –  Quoi encore ?
    –  Mon colonel, les deux repêchés, c’est rien du tout. Mais le troisième, c’est Krugger.
    –  Et alors ?
    –  Mon colonel, Krugger, ce n’est pas le genre qui se noie bêtement. »
    Lehur se tourne vers Mattei, interrogateur.
    « Exact, mon colonel ! Je vous parlerai de Krugger.
    –  Bien. Mattei, demandez au commandant s’il est possible de poursuivre la recherche dix minutes. »
    Le Hollandais accepte de faire remettre la chaloupe à la mer. Il donne l’ordre à ses marins de contourner le navire. Un petit projecteur est branché sur une batterie à l’avant du canot.
    Krugger est repéré à l’arrière du paquebot. Dès qu’il se sent pris dans le faisceau du projecteur, il s’enfonce dans l’eau. Puis il se met à nager en souplesse obligeant la chaloupe à le suivre. Il est en slip. Il nage admirablement. Il faut plusieurs minutes au canot pour le rejoindre.
    Du pont, ils sont maintenant une centaine à suivre l’opération. Deux marins tendent leurs bras à Krugger qui les saisit. Pendant une fraction de seconde il feint la soumission. Puis il tire à lui brusquement les deux hommes qui, déséquilibrés, tombent à la mer. Le légionnaire agrippe le bord, fait un rétablissement. Il est dans le canot. Le patron, surpris, est projeté à l’eau d’un violent coup de poing.
    Krugger attrape un aviron qu’il tient par la pelle. Les trois marins restants le dévisagent, affolés. D’un coup de bélier, Krugger expédie le plus proche par-dessus bord en lui brisant trois côtes. Pris de panique, les deux autres se jettent à l’eau le plus loin possible. Krugger s’installe alors aux avirons et se met à ramer, rageusement. L’embarcation est trop lourde pour un seul homme. Il la déplace à peine.
    Sur le pont du paquebot, le commandant hollandais a donné l’ordre de mettre une seconde embarcation à la mer. Lehur et Mattei ont suivi la scène sans un mot. Le colonel s’est saisi du haut-parleur. Il se place près du projecteur qui tient maintenant le canot de Krugger dans son faisceau. Tous à bord suivent les vains efforts du légionnaire qui tente de s’éloigner du navire. La voix du colonel, déformée par le mégaphone, rompt le silence.
    « Krugger ! Je vous donne une minute pour vous rendre. Après je fais ouvrir le feu. Vous n’avez aucune chance. »
    Krugger arrête de ramer. Il jette un regard circulaire. Il semble sortir d’un cauchemar. Il aperçoit les six marins qui nagent autour du canot. Deux d’entre eux soutiennent le blessé qui fait la planche. Alors, Krugger les aide
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