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No Angel

Titel: No Angel
Autoren: Jay Dobyns
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quelqu’un.
    Timmy nous rejoignit. Je poursuivis :
    — On est entrés par la grande porte et, putain, je sortirai pas par celle de derrière pour obtenir ce que je veux. J’accepterai ma tête de mort quand elle sera à moi. Je veux pas te vexer, mais je l’ai méritée et j’ai pas l’intention de partager.
    Joby recula, son regard dur fixé sur moi. Il dit qu’il était d’accord. Il savait que j’avais raison. Ils le savaient tous. Les blousons des Hells Angels ne sont pas transférables.
    Tandis que Joby remettait son blouson, Teddy et Bobby nous interrogèrent sur ce que nous avions fait des preuves matérielles. Joby alla chercher un bidon de cent cinquante litres derrière la maison. Bobby demanda ce que nous avions fait des vêtements que nous portions au moment du meurtre. Je répondis qu’on les avait brûlés dans le désert. Bobby dit que c’était bien, que nous agissions comme eux. Mon humeur changeait sans cesse. Je dis :
    — Mec, on est comme vous.
    Mais je le dis sur un ton léger. Il rit. Joby revint avec le bidon et deux cisailles. Teddy nous dit de couper le blouson du mongol en lanières et de les mettre dans le bidon.
    J’étais toujours furax.
    — Merde. Je vais brûler cette saloperie, mais j’attendrai pas mon insigne.
    Personne ne releva.
    Timmy coupa le blouson en deux, puis on le débita. Bobby et Teddy nous regardèrent. Joby fit les cent pas pendant un moment et finit par se décider. Il nous dit qu’il avait téléphoné à Bad Bob et Sonny. Bad Bob ne revenait pas de ce qui était arrivé à Pops, mais était heureux que nous soyons rentrés entiers, Timmy et moi.
    Quand on eut découpé le blouson, Joby boucha le bidon, le hissa dans la benne de son pick-up et le sangla. Il monta dans le véhicule et lança le moteur. Teddy nous attira, Timmy et moi, tout près de lui. Il nous dévisagea l’un après l’autre. Je ne l’avais jamais vu sourire aussi largement mais ses yeux étaient tristes. Il dit solennellement :
    — Bienvenue dans la famille, mes frères.
    On lui donna l’accolade puis on monta dans le pick-up de Joby.
    Je pris place à l’arrière. Joby s’engagea dans les montagnes qui entourent Chino Valley. L’équipe de couverture, qui écoutait et nous suivait, nous perdit. Je compris, à mesure que nous prenions de l’altitude sur des routes non goudronnées, que nous étions seuls avec Joby Walters, qui portait l’insigne des Filthy Few. Les cahots me plongèrent dans un sommeil agité. J’étais épuisé. Je pensai : je vais peut-être mourir maintenant. Je pensai : peut-être Teddy a-t-il chargé Joby de nous conduire dans les montagnes, nous et les preuves, dans un coin où la main de l’homme n’a jamais mis le pied, et de se débarrasser de nous, tranquillement et discrètement. Après tout n’étions-nous pas, nous aussi, des preuves ? Ça me parut logique. J’avais abandonné Jay Dobyns et j’en avais assez d’être Bird. Je pensai : ça serait sûrement chouette de ne jamais se réveiller.
    Mais je me réveillai. Le pick-up dérapa dans la poussière puis s’arrêta. Joby dit :
    — On y est.
    Nous nous trouvions dans une clairière, au milieu d’une forêt de trembles, un des endroits où Joby campait parfois. On descendit, je me frottai le visage tandis que Timmy aidait Joby à décharger le bidon. Joby me dit de sortir le jerrycan d’essence. Je le pris et le lui donnai. Il versa de l’essence dans le bidon et me dit d’y mettre le feu. J’allumai mon Zippo, enflammai une brindille et la jetai à l’intérieur. Le feu prit aussitôt. Le long visage de Joby devint orange. Il fit claquer sa langue, comme les fermiers des plaines à qui il me faisait toujours penser, ses dents proéminentes bien visibles. Je souris et pensai au jour où je l’avais vu pour la première fois, au Harrah’s de Laughlin, le soir de la bagarre, des mois auparavant. Le lapin de Nestlé.
    Un sale vieux lapin.
    Je dis :
    — Désolé de nous être débarrassés du pistolet que tu nous as donné, Joby.
    — Pas de problème.
    — Va falloir que tu considères ça comme ta contribution à la mort du Mongol.
    — Je recommencerais sans hésiter. J’ai jamais dépensé deux cents dollars plus utilement.
    — Bien.
    Je levai la tête. On voyait le ciel entre les arbres ; il y avait plein d’étoiles. De petites étincelles orange montaient à leur rencontre. Le feu sentait le hamburger et la côte d’agneau. On est restés un long
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