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[Napoléon 1] Le chant du départ

[Napoléon 1] Le chant du départ

Titel: [Napoléon 1] Le chant du départ
Autoren: Max Gallo
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surveillé.
     
    Napoléon traverse le salon, fendant difficilement la foule des officiers. Il devine les questions. Ces hommes commencent à s’inquiéter. Si le décret n’arrive pas…
    Joséphine survient. Et Gohier ? demande Napoléon. Le président du Directoire n’est pas venu rue de la Victoire. Il a décliné l’invitation, a envoyé sa femme seule.
    Tout peut encore basculer, et cependant Napoléon sent en lui la certitude du succès. Car il n’y a plus d’autre issue que d’aller jusqu’au bout, quelles qu’en soient les conséquences.
     
    Un brouhaha dans le salon. Il est huit heures trente. Deux inspecteurs questeurs du Conseil des Anciens, accompagnés d’un « messager d’État » en tenue d’apparat, fendent la foule des officiers. Ils viennent communiquer le texte du décret voté par les Anciens.
    Napoléon, debout dans son cabinet, le parcourt des yeux. Il est conforme à ce qui a été prévu avec Sieyès. Les assemblées sont transférées dans la commune de Saint-Cloud, demain 19 Brumaire à midi. « Le général Bonaparte est chargé de l’exécution du présent décret. Il prendra toutes les mesures nécessaires pour la sûreté de la représentation nationale. » Il devra se présenter devant le Conseil des Anciens pour prêter serment.
    Il relit. Il prend la plume sans même jeter un coup d’oeil sur les inspecteurs. Il ajoute une ligne qui lui attribue le commandement de la garde du Directoire. Il a déjà le soutien de Lefebvre. Il a gagné la première bataille. C’est lui qui mène le jeu et non Sieyès.
    Il entre dans le salon, tenant le texte dans la main. Il le brandit, le lit. Il est légalement le chef de toutes les troupes. Les officiers tirent leurs épées, les brandissent et l’acclament.
    Qui pourrait l’arrêter ?
    À cheval !
    L’air est vif en ce début de matinée. Le ciel limpide. Napoléon a pris la tête de la troupe. Il entend derrière lui le martèlement de la cavalcade. Les généraux, les officiers le suivent à quelques mètres. Paris est beau. La foule se rassemble. À la hauteur de la Madeleine, Marmont rejoint le cortège avec un groupe d’officiers, puis arrivent les cavaliers de Murat.
    Napoléon respire à pleins poumons, le visage fouetté par ce vent allègre.
    Il saute de cheval devant les Tuileries, marche, suivi de quelques généraux, jusqu’à la salle où se tiennent les députés des Anciens. Il voit tous ces yeux qui le fixent, cette multitude de visages, ces hauts cols aux galons dorés. Il hésite.
    — Citoyens représentants, la République périssait, commence-t-il. Vous l’avez su et votre décret vient de la sauver. Malheur à ceux qui voudraient le trouble et le désordre ! Je les arrêterai, aidé du général Lefebvre, du général Berthier et de tous mes compagnons d’armes…
    Il reprend son souffle. Il n’aime pas les assemblées « d’avocats ».
    — Rien, dans l’Histoire, ne ressemble à la fin du XVIII e  siècle, dit-il. Rien dans la fin du XVIII e  siècle ne ressemble au moment actuel.
    » Nous voulons une République fondée sur la vraie liberté, sur la liberté civile, sur la représentation nationale : nous l’aurons, je le jure en mon nom et en celui de mes compagnons d’armes.
    — Nous le jurons, répètent les officiers.
    On applaudit. Un député se dresse, évoque le respect de la Constitution, mais le président Lemercier lève la séance. On se réunira demain à Saint-Cloud.
     
    Il a gagné la deuxième bataille.
     
    On le félicite. Mais tant qu’un combat n’est pas fini, rien n’est acquis. Il sort dans le jardin des Tuileries. Les troupes sont rassemblées. Ce sont elles qui décident de tout. Il aperçoit un proche de Barras, Bottot, il le saisit par le bras, le pousse devant le front des troupes, le prend à partie d’une voix forte.
    — Qu’avez-vous fait de cette France que je vous avais laissée si brillante ? clame-t-il. Le vol a été érigé en système ! On a livré le soldat sans défense ! Où sont les braves, les cent mille camarades que j’ai laissés couverts de lauriers ? Que sont-ils devenus ?
    Il écarte Bottot, fait un pas en avant.
    — Cet état de choses ne peut durer ! Avant trois mois, il nous mènerait au despotisme. Mais nous voulons la République, la République assise sur les bases de l’égalité, de la morale de la liberté civile et de la tolérance politique !
    » Soldats, l’armée s’est unie de coeur avec moi,
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