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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare
Autoren: Jean Markale
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bâtir
des suppositions.
    Le fait troublant, c’est l’intérêt qu’ont toujours manifesté
les rois de France pour le pays cathare et le Razès en particulier, après avoir
tout mis en œuvre pour détruire l’hérésie cathare et prendre possession du pays.
Et ce fait doit être mis en rapport d’une part avec l’acharnement de la
monarchie capétienne contre le malheureux Trencavel – même si celui-ci n’a rien
à voir avec Perceval ! –, d’autre part avec la mansuétude manifestée par
Blanche de Castille vis-à-vis de Raymond VII, le comte de Toulouse, grand
protecteur des hérétiques et grand vassal félon d’après la coutume féodale. Ce
n’est peut-être pas pour rien que les légendes du Razès font sans cesse mention
d’une Reine blanche, confondue d’ailleurs avec le personnage féérique de la
Dame blanche pyrénéenne, et que le soi-disant trésor découvert par l’abbé
Saunière dans le pilier soi-disant wisigothique, mais en réalité carolingien, de
son église, ait été qualifié de « Trésor de Blanche de Castille ».
    L’hypothèse qui s’impose alors peut être la suivante : Blanche
de Castille savait que Raymond VII, Trencavel et sans doute certains de
leurs vassaux avaient en leur possession des documents ou des traditions orales,
concernant la royauté française. Et il est probable que ces documents ou ces
traditions avaient été transmis par les Cathares ou tout au moins dans les
milieux cathares par des clercs ou des personnages qui pouvaient s’en servir
pour pratiquer une sorte de chantage.
    Un autre fait troublant est le rapport certain – et appuyé
sur les textes eux-mêmes, on l’a vu – entre les Cathares et la version du Graal
selon l’Allemand Wolfram von Eschenbach. Au XIII e  siècle,
certains milieux intellectuels allemands, très pénétrés d’occultisme, étaient
persuadés qu’il existait un lien entre les hérétiques cathares et les gardiens
du Graal, et que par conséquent le Graal pouvait être un « talisman »
cathare. Cette idée, quelque peu oubliée, fut revivifiée à la fin du XIX e  siècle par les intellectuels allemands et les
milieux occultistes français, et largement répercutée par la suite.
    Là, l’hypothèse est la suivante : le Graal, qui est
devenu, depuis Chrétien de Troyes, un objet idéologique récupéré par divers courants
de pensée, offre un rapport avec le « Trésor » des Cathares, autrement
dit avec des documents ou des traditions concernant la royauté française. On
sait que le cycle épique des Chansons de Geste, comportant de nombreuses
légendes sur Charlemagne, constitue une sorte de justification mythologique de
la monarchie capétienne, héritière légitime de la dynastie carolingienne. On
sait que l’ensemble des romans de la Table Ronde constitue une même
justification mythologique de la dynastie des Plantagenêts – prétendument
héritière du fabuleux roi Arthur. Mais le cycle du Graal, qui appartient
pourtant à l’ensemble arthurien, met en valeur une lignée royale parallèle, une
dynastie secrète que l’on fait remonter au roi David.
    Les familles royales ou princières se sont toujours enorgueillies
d’un ancêtre exceptionnel, et quand elles en manquaient, elles s’arrangeaient
soit pour se raccrocher artificiellement à un personnage du passé, soit pour s’inventer
une figure mythologique des origines. C’est ainsi qu’à Rome, la gens Julia , à laquelle appartenait Jules César, prétendait
descendre du Troyen Énée, donc de la déesse Vénus. En France, les Lusignan se
rattachaient à la fée Mélusine, et les Plantagenêts eux-mêmes se disaient les
descendants d’une fée angevine avant de se rattacher au roi Arthur. Quant aux
Mérovingiens, les « rois chevelus », on racontait à leur sujet d’étranges
histoires concernant la naissance, et surtout la conception, de Mérovée. Lorsque
la mère de Mérovée, femme du roi Clodion, était enceinte, elle était allée
nager dans l’océan ; et là, dit-on, elle avait été séduite par une
créature aquatique « venue d’au-delà des mers » qui l’aurait fécondée
une seconde fois. C’est ainsi que Mérovée aurait été crédité de « deux
pères ».
    Bien entendu, de telles histoires ne sont pas rares dans les
récits mythologiques et traduisent généralement une double origine. En l’occurrence,
Mérovée – ou quel que soit le personnage qui se cache derrière ce nom – semble
avoir
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