Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
Monseigneur
de Valézan venait d’en recevoir une nouvelle preuve. Il flairait son proche
succès. Sa fulgurante ascension dans la hiérarchie religieuse n’était pas pour
le détromper. Belle revanche, en vérité. Thierry, son aîné, qui hériterait du
domaine familial à la simple raison qu’il l’avait précédé de deux ans dans le
ventre de leur mère, devait maintenant s’incliner devant lui. Jean de Valézan
attendait avec délectation le moment où son frère lui présenterait une requête,
faveur pour lui ou sa mesnie [11] .
Que ferait-il alors ? L’enverrait-il paître avec onctuosité, en lui
rappelant d’un ton douloureux que de telles partialités familiales défiguraient
l’Église, ou bien condescendrait-il à lui accorder son soutien ? Une
pointe d’aigreur tempéra son plaisir. Jusque-là, Thierry s’était bien gardé de jamais
requérir de son cadet un service.
    Enfin, la mince silhouette de celui
qu’il attendait se dessina à une centaine de toises*. Valézan attendit,
profitant de ce dernier répit pour répéter son entrée en matière.
    Antoine Cuvier s’inclina bas,
murmurant :
    — Monseigneur, j’ai accouru dès
réception de votre missive.
    — Et je vous en sais gré, mon
bon Antoine, répondit Valézan d’une voix suave mais tendue. L’heure est grave,
et je ne sais comment vous expliquer la situation dans laquelle nous nous
embourbons… Avant cela, permettez-moi d’insister à nouveau : rien de nos
échanges ne doit filtrer. La plus extrême discrétion est indispensable… de nous
tous.
    — C’est ainsi que…
    Jean de Valézan interrompit le jeune
prêtre d’un léger geste de la main et poursuivit :
    — Par un enchaînement dont
l’ampleur nous dépasse, Dieu nous a choisis tous deux afin de Le servir et de
protéger la chrétienté ainsi que notre bien-aimé Saint-Père. Entendez-moi, cher
Antoine, insista l’évêque d’un ton urgent : lorsque j’évoque l’effroyable
danger qui menace la chrétienté, il ne s’agit pas d’une exagération…
    Antoine Cuvier blêmit et se signa.
    — … mais de la crise la plus
redoutable que nous ayons jamais eu à affronter. Nous ne sommes que bien peu à
partager ce pesant secret, fardeau devrais-je dire.
    — Notre Saint-Père…
    — Nicolas IV* est dévasté à la
perspective du chaos qui pourrait se répandre à la vitesse de l’éclair, le
coupa de nouveau Jean de Valézan. C’est pourquoi nous devons tout mettre en
œuvre… je dis bien tout, pour étouffer dans l’œuf cette… abomination.
    — Je vous y aiderai au péril de
ma vie s’il le faut, monseigneur.
    — Antoine, cher Antoine… il est
réconfortant d’être secondé par de belles âmes telle la vôtre, sourit le
prélat. Je n’en attendais pas moins de votre valeur.
    — Ordonnez et je vous obéirai,
pour l’amour de Dieu et de notre vénéré Saint-Père.
    Ils firent quelques pas en silence.
Jean de Valézan se demandait jusqu’à quel point il convenait de mettre ce jeune
Cuvier dans la confidence. Un secret n’est tout à fait sauf que lorsqu’il n’est
pas partagé, ou alors par des défunts. Il se lança, à regret :
    — L’un de nos espions vient de
nous faire parvenir le message tant attendu. Un… objet qui avait disparu depuis
deux ans non loin d’Al Iskandarïyah a refait surface il y a peu, à
Constantinople. S’il venait à tomber en de mauvaises mains… ce serait la pire
des catastrophes. Un séisme dont vous n’avez nulle imagination. L’Église ne
s’en remettrait pas.
    — Qu’est donc cet objet pour
être si formidable et malfaisant ? s’affola le jeune prêtre.
    — Il s’agit d’une sorte de
relique, lâcha Valézan.
    — En quoi une relique
pourrait-elle nous nuire gravement ?
    — Une relique qui n’appartient
pas à la vraie foi, le renseigna l’évêque à contrecœur. Je ne puis vous en dire
davantage pour votre propre sécurité.
    L’autre, intrigué malgré son
inquiétude, mais encore plus flatté par l’amitié que lui témoignait le puissant
Jean de Valézan, hocha la tête en signe d’acquiescement. Ce dernier
reprit :
    — Il vous faut le récupérer,
coûte que coûte. Il voyage en ce moment même vers la Terre sainte. Faute de
solution de rechange, nous sommes parvenus à convaincre le jeune comte Aimery
de Mortagne, qui séjourne en la citadelle Saint-Jean-d’Acre, de le recouvrer
pour nous. Mortagne ignore que la papauté est derrière cette… tractation.
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher