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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium
Autoren: Andrea H. Japp
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menait à
la pièce toute en longueur, servant à la fois d’habitation, de cuisine et de
salle pour les clients. Une natte de paille suspendue au plafond bas délimitait
grossièrement les deux espaces. La fraîcheur de la demi-pénombre, seulement
trouée par la lumière qui se faufilait par les étroites fenêtres creusées dans
les murs de terre brune, l’apaisa un peu. Un homme assis en tailleur dans un
coin se leva et s’approcha de lui.
    — Que souhaites-tu, voyageur ?
    — Une paillasse et à manger
pour moi, un anneau pour mon chameau.
    Un garçonnet courut vers l’Arménien
et lui tendit un gobelet de thé noir.
    — Il y a une petite pièce
là-bas où tu peux dormir en paix. Il te faudra la partager avec lui, reprit
l’homme au visage tanné de soleil en désignant d’un mouvement de menton le coin
opposé.
    Il disparut ensuite derrière la
natte.
    Firûz s’approcha de quelques pas. Il
arrivait fréquemment que l’on dût s’accommoder d’étrangers dans la même chambre
que soi. L’homme accroupi leva la tête. Sa peau d’un noir d’ébène luisait de
sueur. Il leva l’une de ses longues mains maigres en signe de salut. L’autre
reposait sur une sorte de grande besace de toile crasseuse. Firûz répondit par
un hochement de tête. De beaux cheveux à peine ondulés cascadaient sur ses
épaules décharnées. Sans doute l’un de ces « hommes noirs à cheveux raides
ou crépus », ainsi que les avait nommés Hérodote [6] . Le marchand arménien s’étonna de la grâce des gestes du voyageur. Il
était assis à même le sol, les genoux remontés vers son menton, et paraissait
très grand, très maigre. En dépit de la touffeur accablante du dehors, il
grelottait.
    — Es-tu malade ? s’enquit
avec courtoisie Firûz, peu désireux de provoquer l’autre.
    — Une fièvre des marais [7] . Ne t’inquiète pas, elle ne s’attrape pas. Enfin… tu ne risques pas de
l’attraper à mon contact, expliqua l’autre dans un égyptien approximatif,
rythmé par un plaisant accent.
    — Il faut te reposer à ce que
j’en sais, conseilla l’Arménien.
    Un sourire cordial étira les lèvres
grisées de fièvre.
    — Elle me ronge depuis des
années, depuis que… je n’ai pas pu poursuivre ma route. Pourtant, le port n’est
plus si loin.
    — Ainsi, tu t’y rendais toi
aussi… Nous cheminerons ensemble demain, si tu le veux.
    — Si Dieu le veut. J’ai soif.
Tellement soif.
    Firûz lui tendit sans réfléchir son
gobelet de thé. Un geste qui l’étonna par sa spontanéité. Un bref instant, il
regretta ses jeunes années, lorsque la générosité qu’il avait héritée de sa
mère lui semblait évidente. Toutefois, le monde dans lequel il louvoyait depuis
ne s’y prêtait pas. Le conseil d’un Bédouin lui revint : « Tendre la
main vers l’autre, c’est la meilleure façon de se la faire trancher. »
    L’homme avala bruyamment le
breuvage. Il lâcha le gobelet qui roula sur le sol. Sa tête partit vers
l’arrière, heurtant le mur. Un flot de sueur lui dévala du front, plaquant ses
cheveux sur ses tempes, et Firûz se fit la réflexion que sa peau rendait en eau
tout le thé qu’il venait de boire.
    Un murmure :
    — Aide-moi à me lever, l’ami.
Conduis-moi où nous pourrons nous allonger.
    L’Arménien le souleva par les
aisselles. L’homme noir se cramponnait de ses dernières forces au gros sac de
toile posé contre ses jambes. En dépit de sa maigreur, il était grand et lourd.
Firûz le soutint comme il le put, bagarrant afin de ne pas s’effondrer. Il
essaya de se charger du sac, mais l’homme le défendit, lui arrachant des mains
d’un geste brusque. La petite pièce qu’on leur louait pour la nuit n’était
distante que de quelques pas, pourtant Firûz désespéra d’y parvenir avec son
fardeau. L’homme s’affala sur la natte de raphia et se tassa sur lui-même en
fœtus, fourrant son bagage contre son ventre.
    — Souffres-tu ?
    — Non. J’ai soif. J’ai froid.
    — Je vais te chercher de quoi
boire et manger, et puis tu te reposeras. Après une bonne nuit, tu seras
debout.
    — Pourquoi veilles-tu sur moi
que tu ne connais pas ?
    En effet, pourquoi ? Firûz
demeura muet, incapable de trouver une réponse.
    — Je ne possède rien qui puisse
tenter un voleur de passage, murmura l’autre, presque amusé.
    — Je n’y avais pas pensé,
remarqua Firûz, étonné de sa sincérité.
    L’homme noir somnolait lorsqu’il
revint avec
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