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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin
Autoren: Cristina Rodriguez
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flacon d'encre, il rêvait devant les dizaines de portraits qui
s'alignaient le long des murs. Et plus encore devant les colonnes encore vides,
en attente du prochain "élu" dont la tête viendrait trôner au milieu
de tous ces hommes illustres.
    Oui,
Anthelos s'était promis qu'un jour, ce serait sa tête à lui que l'on mettrait
là, et son noble visage que tous les affranchis regarderaient avec des yeux
écarquillés en disant : "Tu as vu ? C'est Anthelos ! Lui qui voulait tant
devenir célèbre, le voilà enfin exaucé !"
    Et
pour concrétiser ce rêve, l'esclave n'avait reculé ni devant les heures
innombrables à étudier, ni celles à écouter ses aînés lui faire la leçon tandis
qu'il massait leurs doigts noueux et leur dos voûté. Non, Anthelos n'avait
reculé devant rien pour gravir un à un les échelons vers la gloire et la
liberté.
    La
liberté était venue rapidement, comme c'est souvent le cas des esclaves
impériaux formés pour le travail administratif. La gloire, en revanche, se
faisait désespérément attendre et le jeune homme en avait compris la raison
très vite : l'argent. Sans argent, pas de pouvoir et sans pouvoir, un homme
n'était rien. Ce que l'on nommait plaisamment la "quête" de la
célébrité était davantage une guerre et le nerf de la guerre, c'était l'argent
! Complicités, silence, secrets, sauf-conduits, l'argent permettait de tout
acheter.
    Pour
en obtenir toujours plus, Anthelos fut parfois contraint de faire des choses
tout juste honnêtes. De moins en moins honnêtes, en fait, mais, comme personne
ne s'apercevait de rien, il devint aussi de plus en plus confiant. Et lorsque
Gaius Julius César fut nommé à la questure, alors qu'il devait passer le plus
clair de son temps loin de Rome, en compagnie du vieux Tibère César, Anthelos
se frotta les mains car il savait dès lors pouvoir mener ses petites affaires
en toute tranquillité. Et il y en eut, des "petites affaires" ! Mais
la plus juteuse était sans doute celle qui concernait Valerius Flacus. Il avait
été si facile de convaincre le sénateur qu'il agissait en nom et place du jeune
questeur que cela en était presque ridicule !
    Tout
se passa à merveille durant des mois. Jusqu'à ce que, par cette maudite matinée
de juin, ces non moins maudits gardes germaniques viennent frapper à la porte
d'Anthelos.
    On
ne lui laissa pas la chance de s'exprimer devant un juge ni même de se défendre
devant son accusateur. Son sort avait été scellé bien avant qu'il ne soit tiré
du lit, où il prenait du bon temps avec une jeune cuisinière de la maison de
Tibère. Il fallait faire un exemple.
    Dans
le grand cabinet, où l'on avait réuni tous les affranchis impériaux, on lut
donc la liste des crimes d'Anthelos d'une voix forte et dramatique avant de
raconter en détail quelle avait été sa punition. Et, afin que tous retiennent
bien la leçon, Donar plongea la main dans le sac en cuir qu'il transportait et
exposa la tête tranchée du jeune homme sur l'une des colonnes de marbre qui
s'alignaient le long des murs.
    Anthelos
se l'était promis : un jour, ce serait sa tête à lui que l'on mettrait là.
    Et,
comme il l'avait prévu, tous les affranchis regardèrent son visage avec des
yeux écarquillés en disant : "Tu as vu ? C'est Anthelos ! Lui qui voulait
tant devenir célèbre, le voilà exaucé !"
     
     
    *
    **
     
    La
nuit tombait lorsque, flanqués de Donar et d'Hélicon, Kaeso et Caligula
quittèrent la maison de Valerius Flacus pour aller dîner chez le jeune
questeur.
    À
l'extérieur, les curieux se faisaient rares. La plupart étaient eux-mêmes
rentrés chez eux pour le repas du soir et les prétoriens, qui éloignaient tous
ceux qui s'approchaient de trop près de la grande demeure, avaient découragé
les autres.
    Les
interrogatoires avaient porté leurs fruits et Caligula avait plus de grain à
moudre que prévu. Jamais il n'aurait pensé que tant d'hommes haut placés
bénéficiaient des largesses de Flacus. Les enquêtes les concernant allaient
être longues et fastidieuses mais, à ce niveau-là, ce n'était plus tant
l'affaire de Kaeso que celle du Sénat et des hautes instances de l'État. Son
travail d'officier du prétoire, c'était avant tout d'arrêter le coupable du
meurtre du sénateur Appius Publius. Malheureusement, et bien qu'il ait été
particulièrement bavard sur ses malversations, ses complices et ses crimes, Valerius
Flacus n'avait eu le temps de donner aucune indication précise sur
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