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Métronome

Métronome

Titel: Métronome
Autoren: Lorànt Deutsch
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village : Bercy, le proto-berceau de Paris ! Ces pirogues sont aujourd’hui visibles au musée Carnavalet, refuge de la mémoire parisienne.
    Pour trouver la Lutèce gauloise – la vraie –, il faut suivre le cours de la Seine sur cinq ou six lieues. Là, le lit du fleuve effectue une courbe presque fermée, qui peut donner à penser à quelque Romain distrait qu’il s’agit d’une île… Et dans ce vaste méandre, une ville entière s’étire et s’agite. Une vraie ville avec des rues, des quartiers d’artisans, des secteurs résidentiels et un port. Bienvenue à Lutèce ! Ou, plus exactement en langue gauloise, bienvenue à Lucotecia, nom aussi flou et incertain que l’emplacement de l’agglomération… César tranchera. Il appellera la ville Lutécia, rapprochant ainsi le latin lutum , boue, du gaulois luto , marais. La ville issue des marais… Bien vu, le terme correspond parfaitement à la situation.
    Venue du nord, la tribu s’est fixée au bord du fleuve dont elle tire sa prospérité. Pour elle, le fleuve est une déesse, Sequana, capable de guérir tous les maux, et elle donne son nom aux eaux qui coulent le long de Lutèce. Et le fleuve offre aux hommes une richesse bien réelle. Non seulement il leur fournit le poisson qui nourrit, l’eau qui fait pousser le blé, qui abreuve les hommes et le bétail, mais leur sert aussi de voie de communication. D’ailleurs leurs monnaies d’or comptent parmi les plus belles de la Gaule, avec côté pile le visage d’Apollon et, côté face, un cheval au galop. Plus loin, au-delà de la ville, la fertilité de la terre assure l’opulence des Parisii qui se font agriculteurs, éleveurs, forgerons ou bûcherons.
Mais où donc se situait la Lutèce des origines ?
    Durant des siècles, les historiens ont répété que Lutèce se situait sur l’île de la Cité… Un petit détail gênait pourtant les érudits : on avait beau creuser et creuser encore, on ne découvrait jamais la moindre trace de cette fameuse ville gauloise.
    — Bah, disaient les têtes chenues, les Gaulois ne construisaient que des huttes de paille… Tout cela a disparu dans les grands chambardements des invasions militaires et des mouvements de populations.
    C’est vrai, l’île a été si souvent détruite, reconstruite, remodelée, que toute trace originelle en a été effacée. Et quand on voit le dernier grand chamboulement du baron Haussmann au XIX e siècle, qui a rasé ou modifié la presque totalité de la Cité, on peine à dénicher ici une trace de passé. Seule certitude : allez square du Vert-Galant, vous descendrez de sept mètres pour vous retrouver au niveau des lieux au temps des Parisii… Sept mètres d’exhaussement en deux mille ans !
    On n’a rien découvert ? Pas si vite ! Pour permettre la circulation des voitures parisiennes, il a fallu construire l’A86, super-périphérique qui dessine un vaste circuit au large de la capitale… Et là, bingo, des fouilles menées en 2003 à l’occasion de ce chantier ont mis au jour les restes d’une importante et prospère agglomération gauloise sous la ville de… Nanterre ! Tout y est : les habitations, les rues, les puits, le port, et même les sépultures.

Au milieu des maisons, les archéologues ont identifié un espace vide entouré de fossés et de palissades : la présence d’une broche à rôtir et d’une fourchette à chaudron à cet endroit laisse penser qu’il s’agissait d’une place réservée aux banquets pris en commun. L’implantation de Lutèce à Nanterre, dans la boucle fluviale de Gennevilliers – qui était bien plus accentuée qu’aujourd’hui – répondait à une double exigence : une sécurité géographique offerte par le fleuve et par le mont Valérien, mais surtout un double accès à l’eau, source de richesses et axe d’échanges.
    Il faut en convenir ; notre cœur de Parisien dût-il en souffrir : la première Lutèce se trouve enfouie dans le sous-sol de Nanterre !
    Les Kwarisii, le peuple celte des carrières, sont devenus ici les Parisii gaulois vers le III e siècle avant Jésus-Christ, le k celte se transformant en p gaulois. Ils ont tellement navigué sur leurs barques avant de s’implanter en ces lieux que leur origine sera plus tard confondue avec celle d’autres peuples et avec d’autres légendes. En quête de sensationnel pour leurs aïeux, les descendants de casseurs de pierre et de modestes pêcheurs vont habiller leur arbre
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