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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle
Autoren: Max Gallo
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régnaient en maître. La fin des temps était proche.
    Il s’accrochait à moi, me forçait à me baisser, posait ses lèvres contre mon oreille, ajoutant :
    — Dieu se venge, Priscus, Commode est l’amant de la Mort. Néron est revenu. Tu l’as remarqué ? Chaque nuit il viole, il mutile, il tue. Il se nourrit d’excréments.
    Je l’ai repoussé. Le contact de son corps m’était insupportable.
    Il s’est remis en marche.
    Nous avons traversé des salles vides où le silence stagnait comme une eau noire.
    — Marcia t’attend, m’a dit Hyacinthe en me montrant une porte sous laquelle glissait un rai de lumière. L’empereur ne vient jamais jusqu’ici. Il a peur. Et cette nuit, il n’a pas besoin de Marcia. Il est gorgé de sang. Il va vomir dans la bouche de son giton.
    Hyacinthe a eu un rire méprisant.
    — Ce Saotérus lui suffira. Ce n’est plus un homme, c’est un égout.
    Il a poussé le battant et j’ai été un instant ébloui par les flammes jaunes aux reflets bleutés des nombreuses lampes accrochées aux cloisons de la grande chambre où se trouvait Marcia.
     
    Elle était allongée, ses cuisses et ses jambes nues, des bracelets d’argent entourant ses chevilles.
    Elle m’a semblé plus belle encore qu’autrefois quand je la rencontrais ici, sous le règne de Marc Aurèle. Elle avait les cheveux poudrés d’or dont elle démêlait les mèches de ses longs doigts aux ongles nacrés.
    — Priscus, a-t-elle murmuré en me fixant, il faut le tuer !
    Ses paupières étaient recouvertes d’un maquillage vert qui s’accordait à la couleur de ses iris.
    — Sinon il me tuera et il exécutera tous ceux qui ont servi Marc Aurèle. Il anéantira Rome !
    Elle avait fermé les yeux.
    — Je le dompte encore. Mais je dois lui donner ce qu’il me demande. Il se repaît de moi. Je suis son morceau de chair préféré. Je me dérobe souvent pour qu’il ait faim de moi. Ainsi je le maîtrise. Il me force à me déguiser en Amazone. Sais-tu ce qu’il m’a dit, la nuit dernière ? Qu’il allait, pour montrer à la plèbe qu’il m’honorait, descendre dans l’arène vêtu en Amazone, lui, l’empereur du genre humain ! D’ailleurs il s’est déjà présenté au peuple vêtu en femme, accompagné de ce monstre, Onos, l’embrassant sur la bouche, caressant son sexe d’âne. Je sais qu’il rêve de me voir pénétrée, déchirée par lui. Mais c’est Rome qu’il veut souiller. Il veut changer le nom de la ville et l’appeler Colonie commodienne !
    — Le fils de Marc Aurèle…, ai-je soupiré.
    Marcia s’est redressée.
    — Il n’est pas de son sang !, a-t-elle protesté d’une voix sourde.
    Son front s’était ridé, sa bouche contractée, ses mâchoires serrées.
    — Il faut le tuer, Priscus. Il n’est que le fils de Faustine et d’un gladiateur. Marc Aurèle aurait dû répudier, exiler, empoisonner cette épouse infidèle qui, chaque nuit…
    Elle a tendu le bras, accusatrice.
    — … chaque nuit, Priscus, Faustine courait les bouges, les lupanars, les quais du Tibre à la recherche de marins, de gladiateurs, de portefaix.
    Elle s’est assise, puis agenouillée. Elle s’est avancée comme une louve, jusqu’au bord du lit. Je devinais ses seins lourds sous les voiles qui ne masquaient pas son corps.
    Ses lèvres étaient proches des miennes.
    — Écoute-moi, Priscus, je suis celle qui sait.
    Elle s’est tournée vers la porte et j’ai aperçu l’eunuque assis sur ses talons, les bras entourant ses jambes, la tête penchée comme un chien qui espère qu’on va lui jeter un os à ronger.
    — J’étais le régisseur de Quadratus, est intervenu Hyacinthe. Maudit soit Commode qui l’a fait égorger ! Quadratus était avec l’empereur quand Faustine s’est présentée en larmes, les joues déchirées, prétendant qu’elle se lacérait le visage avec ses ongles tant elle souffrait.
    — J’étais aux côtés de Quadratus, l’a interrompu Marcia. J’ai vu l’épouse, l’actrice arracher sa tunique et crier : « Tue-moi, Marc Aurèle, perce mon sein ! » Tu connaissais l’empereur. Tu sais que sa bonté était l’autre nom de sa lâcheté. Il a écouté Faustine lui raconter qu’elle était éprise d’un gladiateur. Elle a juré qu’elle l’avait seulement aperçu alors qu’il défilait devant elle au retour d’un combat victorieux. Depuis, elle n’avait pu l’oublier. Elle vivait dans les tourments. Elle voulait être délivrée
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