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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan
Autoren: Michel de Decker
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Forges de Verrières, il y resta quelques décennies puis, il réintégra Poitiers. En assez piteux état, hélas. Mais, depuis 1924, à l’initiative de ce grand jésuite qu’était le père de La Croix, le mausolée sombre qui abritait la dépouille de la plus grande favorite du plus grand règne trône au centre de la cour du musée de Chièvres.
    Du côté de Bourbon et de Sainte-Menoux, on racontait une histoire. Une histoire que La Baumelle, bibliothécaire du Roi, en 1771, et premier biographe de Mme de Maintenon, a consignée dans ses papiers. Une histoire horrible : le chirurgien que nous avons vu promenant un scalpel maladroit sur la chair d’Athénaïs avait déposé dans une urne les entrailles de la favorite et avait confié le récipient à un quelconque estafier pour qu’il le portât à l’abbaye de Sainte-Menoux puisque tel était le voeu de Mme de Montespan.
    Las, le temps était à l’orage et le bonhomme fut probablement incommodé par l’odeur qui se dégageait de l’urne qui ne fermait sans doute pas hermétiquement. Aussi, intrigué, s’arrête-t-il sur le bord du chemin, dépose-t-il le vase à même le sol et en détache-t-il le couvercle. Horreur !
    Et du bout du pied il poussa le tout dans le fossé. Quelques porcs y paissaient. On imagine la suite : les entrailles d’Athénaïs auraient donc fait le festin des cochons...
    Quand cette sinistre anecdote se raconta à Versailles, Mme de Tencin gloussa :
    — Des entrailles, est-ce qu’elle en avait ?
    Louis XIV mourut huit ans plus tard, à Versailles, le 1 er septembre 1715, « à huit heures et demie du matin, sans aucun effort, comme une chandelle qui s’éteint », écrit Dangeau.
    Ce jour-là, on laissa défiler la foule devant le corps qui avait auparavant été « accommodé » par les officiers de la garde-robe. Jusqu’à huit heures du soir.
    Dans quelle pièce fallait-il l’exposer pour que le Tout-Versailles, ou presque, pût, sans qu’il y ait trop de cohue, avancer à pas de tortue devant la dépouille mortelle ?
    — Pourquoi pas dans la chambre contiguë à la salle du trône ? avait proposé le premier gentilhomme de la chambre.
    — Pourquoi pas, oui ? Mais il faudrait y mettre un lit !
    On en trouva un dans les combles du palais. On le descendit à la hâte, on y glissa le cadavre du Soleil et la procession put commencer.
    Louis XIV resta là, pendant toute la journée, les mains jointes sur un crucifix, dans un lit bordé de chandeliers aux flammes vacillantes sous l’effet des courants d’air du château, sans que les prêtres qui psalmodiaient, sans que le cardinal de Rohan qui récitait le De profundis, sans que la famille royale qui faisait mine d’être effondrée et sans que Mme de Maintenon, figée dans la ruelle et enfouie sous ses mantilles noires, se fussent aperçus que cette couche était celle que le défunt avait si souvent fait grincer sous la fougue de ses étreintes amoureuses.
    Il en restait d’ailleurs une trace !
    Suspendu dans le haut du ciel-de-lit, il y avait en effet un portrait que l’on avait oublié de décrocher et qui figurait l’éclatante Athénaïs, la flamboyante Montespan dans toute la beauté du diable ! Athénaïs et son visage suave et malicieux, avec ses yeux moqueurs qui fixaient le roi mort.
    Mais quel étonnant dernier tête-à-tête de douze heures entre ces amants qui s’étaient autant déchirés que désirés !

 
    POST-SCRIPTUM
 
UNE GRAND-MÈRE DE L’EUROPE
    Il est vrai, déjà, que nous descendons tous ou presque de Charlemagne.

 
    Pour l’Histoire, Mme de Montespan fut une très belle femme. Pour la mythologie, Europe, fille du roi de Phénicie, Agénor, était si belle que même Junon la jalousait. Athénaïs fut aimée du Roi-Soleil, Europe le fut de Jupiter qui aurait même pris la figure d’un taureau pour l’enlever ! Et il aurait franchi la mer en la tenant sur son dos... avant de la déposer en cette partie du monde à laquelle la fille d’Agénor donna son nom : Europe.
    L’Europe qui est un peu dans la lignée d’Athénaïs. Les familles royales de France, de Belgique, de Bulgarie, d’Espagne, d’Italie, de Luxembourg, de Portugal, de Roumanie... ne descendent-elles pas de ses entrailles dont parlait méchamment Mme de Tencin ?
    Athénaïs est donc une grand-mère de l’Europe. Oui, mais une grand-mère parmi tant d’autres aïeules ! N’a-t-on pas dit déjà de la reine Victoria, par exemple, qu’elle
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