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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand
Autoren: Philippe Séguin
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impérial pénètre dans la chapelle ardente, suivi du prince Napoléon Jérôme, du prince Louis Lucien, du prince Joachim Murat, du prince Achille Murat, du duc de Mouchy et retrouve la princesse Clotilde, la princesse Mathilde, la princesse Achille Murat et la duchesse de Mouchy. Si la reine Victoria, pour des raisons protocolaires, n'a pu venir en personne, ses fils, le prince de Galles et le prince Arthur, et leur beau-frère le prince Christian, la représentent.
    Avant le défilé du public — plus de vingt mille personnes, estime-t-on - le prince impérial, qui maîtrise difficilement son émotion, a ces simples mots : « N'est-ce pas que c'est une apothéose? » Rouher est là. C'est lui qui dicte le procès-verbal de la mise en bière : le corps de l'empereur est placé dans un cercueil de bois d'orme doublé de plomb. On ferme le cercueil. Sur le couvercle soudé on fixe la plaque où figurent ces mots:
    NAPOLÉON III
    Empereur des Français
    né à Paris le 20 avril 1808
    mort à Camden Place
    Chislehurst
    le 9 janvier 1873
    R.I.P.

    Le lendemain, 15 janvier, ce sont les funérailles. Plusieurs milliers de personnes y participent, des personnalités les plus illustres jusqu'aux plus simples des particuliers : un représentant de la famille royale d'Angleterre, deux maréchaux de France, un amiral, vingt-sept anciens ministres, quinze généraux, quatorze députés, trente-cinq anciens préfets, deux cents membres du Sénat, du Corps législatif, du Conseil d'État, du corps diplomatique mais aussi trois mille Français de toute condition, un coiffeur, un boulanger, un ouvrier, des cordonniers. Canrobert, malgré l'avis de son médecin, est venu. On le sait très malade et tout le monde salue son courage.
    Le gouvernement a interdit à tous les militaires en activité de faire le voyage, et même les officiers d'ordonnance ayant servi l'empereur n'ont pu enfreindre cette interdiction.
    De Camden Place à l'église où va être déposé le cercueil, huit cents policemen forment une haie. Le tombeau, en granit d'Aberdeen, a été offert par la reine Victoria.
    La dépouille de Louis Napoléon allait rester à Chislehurst jusqu'au 9 janvier 1888. A cette date, Eugénie s'installa à Farnborough, dans le Hampshire, où elle acheta une maison et fit construire une église que devait desservir une communauté de religieux français. Dans la crypte, deux tombeaux avaient été aménagés: celui de Louis Napoléon et celui du prince impérial, tué par les Zoulous en 1879. L'impératrice ne devait les rejoindre qu'en 1920.
    Né au temps de la splendeur du premier Empire, Louis Napoléon après vingt-sept ans d'exil, six ans de prison et un peuplus de vingt et un ans de pouvoir, repose toujours, cent dix-sept ans après sa mort, dans une humble chapelle d'un village anglais, car il demeure un réprouvé.

Épilogue
    Dans une lettre du 7 mars 1871 à Pierre Ernest Pinard, son ancien ministre de l'Intérieur, qui avait été arrêté sous l'inculpation de menées bonapartistes, Louis Napoléon, vaincu, prisonnier, eut ce cri du coeur : « J'espère que la France pourra se relever des terribles événements dont elle est victime. Il faut s'attendre pour moi à bien des injustices mais la réaction viendra et j'attends avec patience. »
    Cette longue attente qu'il avait lucidement prévue n'est pas parvenue à son terme... Le temps des injustices n'a pas encore pris fin.
    Fallait-il le défendre? A cette question, Hugo lui-même, le terrible Hugo, apporte involontairement une réponse qui mérite réflexion.
    Devant la dépouille de George Sand, le 10 juin 1876, il martèle ces fortes paroles qui éclairent, comme à contre-jour, ses propres réquisitoires, et qui se passent de commentaire : « L'admiration a une doublure, la haine, et l'enthousiasme un revers, l'outrage. La haine est comptée pour la postérité comme un bruit de gloire; qui est couronné est lapidé. C'est une loi, et la bassesse des insultes prend mesure sur la grandeur des acclamations. »
    Le 5 septembre 1870, au lendemain de la proclamation du Gouvernement provisoire, quelques heures à peine après cette journée que les plaques de nos rues, de nos avenues et de nos places célèbrent à jamais, Louis Pasteur, le grand Louis Pasteur, celui dont nos manuels n'évoquent la gloire que dans le chapitre qui suit immédiatement celui du second Empire, a le courage et la lucidité d'écrire ces quelques lignes au maréchal Vaillant:
    « Je me
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