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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand
Autoren: Philippe Séguin
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souviendrai éternellement des bontés de l'Empereur et de l'Impératrice et je resterai jusqu'à mon dernier jour fidèle à leur mémoire... Malgré les vaines et stupides clameurs de la rue et toutes les lâches défaillances de ces derniers temps, l'Empereur peut attendre avec confiance le jugement de la postérité: son règne restera l'un des plus glorieux de notre Histoire. »
    Et après lui, laissons parler Émile Zola, celui de J'accuse :
    « A vingt ans, en plein Empire, je tenais le neveu du grand Napoléon pour le bandit, le "voleur de nuit" qui, selon l'expression célèbre, avait allumé sa lanterne au soleil d'Austerlitz. Dame, j'avais grandi au roulement des foudres de Victor Hugo : Napoléon le Petit était pour moi un livre d'histoire d'une vérité absolue... Je le voyais l'oeil terne, furtif, les traits pâlis, à travers cette rhétorique hennissante, écumante, géniale.
    « Mais j'en suis revenu depuis.
    « Car, au fait, le Napoléon III des Châtiments, c'est un croquemitaine sorti tout botté et tout éperonné de l'imagination de Victor Hugo. Rien n'est moins ressemblant que ce portrait... sorte de statue de bronze et de boue élevée par le poète pour servir de cible à ses traits acérés, disons le mot, à ses crachats. Non l'Empereur : un brave homme, hanté de rêves généreux, incapable d'une action méchante, très sincère dans l'inébranlable conviction qui le porte à travers les événements de sa vie qui est celle d'un homme prédestiné, à la mission absolument déterminée, inéluctable, l'héritier du nom de Napoléon et de ses destinées. Toute sa force vient de là, de ce sentiment des devoirs qui lui incombent... »
    ***
    D'où vient alors le discrédit que l'on continue de réserver à Louis Napoléon?
    On hasardera qu'il est peut-être dû à une sorte de décalage anachronique entre ce qu'il voulait faire et ce qu'on attendait de lui. Anachronique : le vocable a été effectivement souvent utilisé pour caractériser son passage au pouvoir, lequel n'aurait constitué qu'une parenthèse quelque peu bizarre, une interruption difficile à expliquer dans la marche de la France vers la démocratie libérale.
    Le qualificatif n'est certes pas à rejeter. Mais il s'applique sans doute moins bien au règne qu'à l'homme.
    Le second Empire, en effet, n'est rien moins qu'un anachronisme.Si l'on oublie les aigles et les dorures, l'étiquette et les cérémonies, on le perçoit comme un temps fort, une étape imposée dans la construction de la France moderne. Son bilan est considérable. Probablement inégalé. Aucun régime n'aurait sans doute fait à sa place autant qu'il a fait. Certes, demeurent une impression d'inachevé et le sentiment de beaucoup d'occasions perdues. Mais comment s'en étonner, dans une époque d'intenses transformations où il était déjà méritoire d'entamer la besogne même si l'on ne pouvait en venir à bout. Lorsqu'on replace cette période dans la perspective historique, on peut affirmer sans crainte que les vingt-deux années du gouvernement de Louis Napoléon n'ont pas été des années perdues pour la France.
    L'homme en revanche est assurément anachronique. Parce qu'il est en avance sur son temps.
    Et c'est là tout le paradoxe de Louis Napoléon Bonaparte.
    On l'a souvent considéré comme un homme du passé, un pastiche loupé de son oncle prestigieux, dont il reprend le rôle avec un bien moindre talent. Un peu comme dans un de ces remake que le défaut d'imagination des producteurs de films nous inflige régulièrement.
    Rien de plus faux. Louis Napoléon n'est pas une pâle copie de son oncle. Ce n'est pas un imitateur. C'est un homme tendu vers l'avenir. Il ne se sert du passé que pour y puiser une légitimité favorisant des projets audacieux et inventifs. Palmerston a dit, de façon imagée, que « la tête de Napoléon [était] une garenne où les idées se renouvellent comme des lapins ». C'est vrai que son esprit bouillonne, mais ce qui impressionne aussi, c'est sa fidélité inébranlable aux grands objectifs qu'il s'est choisis...
    Pour son neveu, Napoléon I er aura été à la fois une chance et une hypothèque.
    Une chance, car la référence à l'Aigle aura incontestablement servi les desseins de Louis Napoléon, même s'il n'est pas interdit de penser que son talent et son habileté auraient pu lui garantir, dans tous les cas, une grande carrière politique.
    Une hypothèque aussi, car cette référence aura eu pour effet
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