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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand
Autoren: Philippe Séguin
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des faiblesses pour les régicides...
    A Arenenberg, la liste des visiteurs est très révélatrice à cet égard, car peu à peu, une fois les passions apaisées, ce devint un lieu très fréquenté.
    On visitait Hortense. On la visitait comme on fait d'un musée, la maison recelant de surcroît quelques intéressants souvenirs. Et on la visitait avec une curiosité d'autant plus grande que son fils, s'il n'était pas encore le prétendant, pouvait — sait-on jamais — jouer ultérieurement un rôle.
    Auprès de l'ex-reine de Hollande se succédèrent ainsi les personnages les plus divers, dont les conversations ne purent qu'enrichir l'expérience et la culture du jeune prince: des bonapartistes, cela va sans dire, venus faire leurs dévotions. Mais des républicains aussi. Et des invités du meilleur monde légitimiste. Et puis des gens et des couples de toutes sortes, dont le mélange montre que les factions communiquaient assez bien entre elles: ainsi Chateaubriand et Mme Récamier firent-ils étape... De même la princesse de la Moskowa, la duchesse de Raguse, le comte Demidov, le baron Desportes, la comtesse Sermaise, Mme de Faverolles, le colonel Brade, Mme de Girardin, Casimir Delavigne, Alexandre Dumas, des peintres, des savants, des bannis...
    Les rencontres auxquelles pouvait donner lieu cette si large hospitalité paraissent, après coup, d'une assez irrésistible drôlerie. « Les princes du sang et les fils de régicides sont assis sur le même canapé, unis le plus obligeamment du monde dans les politesses estivales. Ainsi le fils de Michel Le Peletier va retrouver le fils du suicidé Le Bas et ces messieurs, sous le regard attendri d'Hortense de Beauharnais, parlent des immortels principes de 89 tandis que la grande-duchesse de Bade, un tricot à la main, sourit à la réunion des charmants jeunes gens qui pénètrent l'esprit du futur empereur de teintes révolutionnaires. »
    Dans ces lignes dues à Ferdinand Bac — qui évoque une scène de 1827 dont fut probablement le témoin son père Charles Henri — apparaît une nouvelle fois le nom de Philippe Le Bas qui, après Hortense, est probablement la personne qui aura le plus profondément marqué la formation de Louis Napoléon. C'étaitson précepteur depuis 1820. L'enfant bénéficiera ainsi de ses services de son douzième anniversaire jusqu'à sa vingtième année.
    Choix inattendu s'il en est, et même stupéfiant. Et pourtant choix excellent, sinon franchement génial.
    Tous les événements auxquels avait été mêlé le jeune prince, et ses pérégrinations, n'avaient pas eu, on s'en doute, les effets les plus heureux sur son éducation. Cette existence longtemps chaotique n'était guère propice à l'étude, d'autant qu'on avait d'abord donné à l'enfant, en guise de précepteur, un homme, charmant au demeurant, l'abbé Bertrand, dont l'absence d'autodiscipline n'était pas du meilleur augure ni du plus édifiant exemple. Le roi Louis, tout éloigné qu'il fût, eut vent du climat de dissipation dans lequel on laissait s'ébattre son rejeton. Il menaça de le reprendre. Du coup, on se mit à chercher en toute hâte un remplaçant. Le général Drouot — auquel on avait d'abord songé — ayant décliné l'offre, on se rabattit sur Le Bas.
    Et avec Le Bas, effectivement, les choses allaient changer du tout au tout.

    Mais quelle que fût l'ouverture d'esprit d'Hortense, il fallait quand même qu'il y eût urgence pour se satisfaire d'un éducateur doté d'un tel pedigree.
    Philippe Le Bas, né en 1794, n'est rien de moins que le fils d'un ami de Robespierre, qui s'était suicidé quelques heures après le 9 Thermidor pour lui-même échapper à la guillotine. Et comme si cela ne suffisait pas, sa mère n'était autre que la fille du menuisier Duplay, lui aussi fidèle de l'Incorruptible, et qui l'avait longtemps hébergé: elle-même fut enfermée, avant de vivre dans la misère. C'est, on peut le dire, d'un ménage de choc qu'est issu le nouveau précepteur. Philippe Le Bas avait tout pour devenir un républicain farouche. Il l'est. Franc-maçon, c'est de surcroît un homme austère, ombrageux, appliqué, jaloux dans ses convictions.
    Le Bas a vingt-cinq ans en 1820. Il s'est engagé en 1813, a pris son congé au lendemain de Waterloo et, après avoir enseigné à Sainte-Barbe, s'est retrouvé fonctionnaire à la préfecture de la Seine. Quel mobile a bien pu le pousser à accepter une telle mission, lui qui ne reniera jamais ses
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