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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer
Autoren: Arthur Bernède
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rendre compte à la duchesse de Chevreuse et à sa charmante nièce, M me  de Lussey, du succès de son entreprise et délivrer lui-même le mouchard qu’il avait enfermé dans la cave, Castel-Rajac s’était embarqué pour l’île Sainte-Marguerite, et, après avoir parlementé avec le sous-officier de garde qui, les yeux troubles et la bouche pâteuse, ne semblait pas entièrement remis de ses libations de la veille, il avait réussi à se faire introduire auprès de M. de Saint-Mars.
    Ainsi que nous allons le voir, les pressentiments de Castel-Rajac étaient fondés. En effet, dès que le gouverneur l’aperçut, il s’écria :
    – Vous, chevalier, c’est la Providence qui vous envoie ! Depuis votre départ, il s’est passé ici deux graves événements, qui vous placent, vous et moi, dans la posture la plus fâcheuse.
    – Pas possible ? fit le Gascon avec toutes les apparences de la plus parfaite sécurité.
    – Tout d’abord, M. de Marleffe s’est énergiquement refusé à se laisser adapter le masque de fer. Comme je ne pouvais mettre personne dans la confidence, il m’a donc été impossible à moi seul de le contraindre.
    – N’ayez aucun souci à ce sujet, déclara Castel-Rajac. Laissez-moi faire et je vous garantis que, dans un quart d’heure, l’opération sera terminée.
    – Il y a plus grave encore !
    – Quoi donc ?
    – Un émissaire de Colbert vient d’arriver.
    – Est-ce que, par hasard, ce ne serait pas un certain M. de Durbec ?
    – Lui-même !… Muni de pleins pouvoirs du ministre, il m’a déclaré qu’il voulait voir l’homme au masque de fer en secret et hors de toute présence. J’ai pu gagner du temps, en prétextant que mon prisonnier était gravement malade et qu’à la suite d’une nuit d’insomnie, j’avais dû lui administrer un narcotique sous l’action duquel il était encore plongé. Mais, déjà par trois fois, M. de Durbec m’a fait demander si l’homme au masque de fer était réveillé et je crains qu’il ne finisse par exiger que je lui ouvre la porte de son cachot.
    Castel-Rajac eut un sourire plein de finesse et d’ironie. Puis, il demanda :
    – Où se trouve M. de Durbec ?
    – Dans la chambre dite du prince, qui est réservée aux visiteurs de marque.
    – Voulez-vous m’y conduire, mon cher gouverneur ? Je vous assure que c’est indispensable.
    – Cependant…
    – Je vais vous rassurer d’un mot. Je vous donne ma parole que, lorsque j’en sortirai, M. de Durbec aura renoncé à son projet de visiter l’homme au masque de fer et se gardera même de vous poser aucune question au sujet de votre prisonnier.
    Si formidable que lui apparût cette double assertion, M. de Saint-Mars n’adressa aucune objection à son interlocuteur, tant celui-ci, qu’il avait vu à l’œuvre, lui inspirait une confiance illimitée. Aussi s’empressa-t-il de le conduire dans la pièce que M. de Durbec, qui commençait à soupçonner que quelque chose de louche se passait dans le château, s’était mis à arpenter nerveusement.
    Pour la quatrième fois, Durbec allait mander le gouverneur, lorsque la porte s’ouvrit toute grande. Le chef de la police secrète de M. Colbert reconnut, sous sa défroque de pêcheur, M. de Castel-Rajac qui, les mains derrière le dos, la figure resplendissante de bonne humeur, s’avançait vers lui, en disant :
    – Ce cher monsieur de Durbec !…
    La porte s’était refermée et le Gascon, qui continuait toujours à s’avancer vers son adversaire, les mains toujours derrière le dos, lui lançait :
    – Comme on se retrouve ! C’était d’ailleurs fatal, car, mon cher de Durbec, depuis vingt-trois ans, nous avions un compte à régler. Avouez que je ne vous ai pas beaucoup tracassé. J’ai attendu mon heure, elle a sonné, allons-y !
    – Ah çà ! monsieur, s’exclama Durbec, je ne comprends pas.
    Castel-Rajac continua :
    – Je sais bien qu’au bout de vingt-trois ans il est permis d’avoir des défaillances de mémoire. Eh bien, moi, je vais la rafraîchir, votre mémoire. L’affaire du château de Montgiron, vous vous rappelez ?…
    – Oui, je me souviens… en effet, de cette nuit où, après avoir failli me tuer, vous avez massacré, vous et vos amis, une dizaine des gardes du cardinal.
    Et, tout en plongeant ses yeux dans ceux de son interlocuteur, M. de Castel-Rajac martela :
    – Et vous avez voulu faire assassiner lâchement la duchesse de
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