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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer
Autoren: Arthur Bernède
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adoptif et que je l’ai élevé à l’ombre de mon honneur et de ma tendresse.
    » Eh bien ! questionnez-le vous-même. Demandez-lui s’il a l’intention de conspirer contre Sa Majesté et de profiter d’une ressemblance voulue par un caprice de la nature pour semer le trouble et la discorde dans le royaume, oui, questionnez-le, et vous verrez ce qu’il vous répondra ! »
    M. de Saint-Mars se taisait. Il était facile de deviner, au trouble de son visage, qu’un violent combat se livrait en lui et que le véritable gentilhomme qu’il était ne pouvait être que bouleversé par les paroles que venait de lui adresser le lieutenant aux mousquetaires.
    Désireux d’en finir, Castel-Rajac appelait à haute voix :
    – Henry !
    L’homme au masque de fer s’approcha.
    – Mon fils, reprit le Gascon avec un accent de grandeur incomparable, dis à M. le gouverneur ce que tu comptes faire dès que tu seras libre.
    Henry répliqua d’une voix ferme et harmonieuse :
    – Pendant les heures déjà si longues de ma captivité, j’ai longuement réfléchi à mon sort futur, au cas où les portes de ma prison viendraient à s’ouvrir. Ayant pénétré la raison pour laquelle j’ai été jeté dans ce cachot, j’ai pris envers moi-même l’engagement, si je retrouvais ma liberté, de m’en aller loin, très loin, et de ne jamais reparaître. Car, sachez-le, monsieur, je n’ai pas d’autre ambition que d’être un bon gentilhomme, et si, hélas ! par la volonté du destin, je ne puis l’être dans mon pays, il ne m’est pas impossible de m’y conduire comme tel dans un autre.
    » Je vous donne donc ma parole d’honneur de ne jamais rien entreprendre ni contre le roi, que je respecte et que j’aime, mais encore contre tous ceux qui m’ont infligé un supplice auquel je n’ai résisté que parce que j’avais la foi, la certitude que l’homme admirable que vous voyez devant vous viendrait un jour, avec ses deux amis, ses deux frères, ses deux compagnons d’armes, m’arracher à ceux qui m’avaient volé à lui.
    – Vous venez de l’entendre, monsieur le gouverneur, reprit Castel-Rajac, tandis qu’Assignac qui, décidément, avait la larme facile, se tamponnait les yeux avec la manche de sa chemise, et que Laparède tortillait nerveusement sa fine moustache.
    M. de Saint-Mars déclara :
    – Je vous crois tous les deux. Mais comment expliquer cette évasion ?
    D’un ton fort conciliant, Castel-Rajac continua :
    – Je comprends que vous songiez, mon cher gouverneur, à mettre à couvert votre responsabilité et à éviter les conséquences fâcheuses que pourrait avoir pour vous la disparition de votre captif. Mais je crois que j’ai trouvé le moyen de concilier vos intérêts avec les nôtres. Vous avez d’autres prisonniers, ici ?
    – Deux seulement. L’un est un Espagnol fanatique qui avait tenté d’assassiner le cardinal de Mazarin.
    – De celui-là, n’en parlons pas, coupa le Gascon. Voyons l’autre.
    – C’est un gentilhomme, le comte de Marleffe.
    – Le faux-monnayeur ! s’exclama Castel-Rajac.
    – Lui-même !
    – Quel âge ?
    – Vingt-trois ans.
    – Parfait !
    – Mais ?…
    – C’est bien simple. Après l’avoir fait passer pour mort, vous collerez sur la figure de ce bandit le masque de fer que vous avez mis à mon fils !
    – Lieutenant, c’est impossible.
    – Ah ! que je n’aime pas ce mot !
    – Je vous assure que vous me demandez-la une chose que je ne puis exécuter.
    – Pourquoi ?
    – Si un envoyé de M. Colbert venait visiter le prisonnier et s’il l’interrogeait, M. de Marleffe ne manquerait pas de dire qui il est et de protester contre le traitement dont il est l’objet !
    Castel-Rajac, qui ne s’embarrassait jamais de rien, répliqua avec une magnifique assurance :
    – Qu’à cela ne tienne, monsieur le gouverneur. Vous direz au représentant de M. Colbert que votre prisonnier est devenu fou, ce qui, somme toute, n’aura rien d’invraisemblable et d’extraordinaire.
    – Mais si cet envoyé exige que j’enlève le masque ?
    – Et après ?
    – Il s’apercevra tout de suite de la substitution.
    – Mais non, mais non…
    – Mais si.
    – D’abord, mon cher gouverneur, vous n’enlèverez pas le masque.
    – Pourquoi ?
    – Parce que vous expliquerez à votre interlocuteur que l’artisan qui l’avait fabriqué est mort en emportant dans la tombe le secret du mécanisme qui
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