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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares
Autoren: Hervé Gagnon
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appuyé sur les remparts au sommet du donjon, perdu en moi-même et me demandant ce qui m’attendait. Je regardais le paysage qui s’étendait à perte de vue sans vraiment le voir. Quelque part au loin, les croisés poursuivaient leur avance, massacrant et brûlant tous ceux qui ne partageaient pas leur foi. Tôt ou tard, dans un mois, un an ou dix ans, ils surgiraient devant Montségur. Tôt ou tard, Arnaud Amaury retrouverait la trace de la Vérité qu’il cherchait à faire disparaître. Il lancerait sur la piste son molosse, Simon de Montfort, ou son esprit tordu inventerait un autre moyen.
    Et moi, je devrais protéger cette Vérité. C’était mon lot. Ma croix, en quelque sorte. Devrais-je combattre ou fuir ? Je l’ignorais. Mais, aussi obscène que cela paraisse, je faisais confiance au Dieu que j’avais renié. Car cette guerre entre deux religions opposait réellement le Bien et le Mal. Et moi, pourtant damné, je me trouvais du côté du Bien.
    Nous étions le deuxième jour de septembre de l’An du martyre de Jésus 1210.

    1
    Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. I Corinthiens 15,14.

Extrait du tome 2
    —    Retirez vos habits templiers, ordonnai-je. Les Toulousains ne doivent pas nous prendre pour l’ennemi.
    Memento bien en main, j’éperon-nai Sauvage et lui fis dévaler la côte en direction de la bataille. Tels les membres d’une garde rapprochée, nous encadrâmes Pernelle, moi devant,
    Ugolin sur sa gauche, Raynal à droite et Montbard fermant la marche. Je me dirigeai vers le pont que les cathares venaient d’abandonner et nous franchîmes la rivière sans coup férir. Une fois sur l’autre rive, cependant, je dus me rendre à l’évidence : la bataille s’était déplacée et nous coupait l’accès aux portes de la cité. Je jetai un coup d’œil derrière moi et Montbard me fit comprendre qu’il voyait les choses de la même façon.
    —    Essayons de contourner les combats, proposa-t-il.
    Nous nous lançâmes au galop, poussant nos montures aussi vite qu’elles pouvaient courir. Je sentais entre mes cuisses les muscles puissants de Sauvage qui travaillaient sans relâche. Gardant les combats sur notre gauche, nous décrivîmes un large demi-cercle. C’était toutefois sans compter avec la fuite des cathares, qui reculaient sans cesse vers la muraille, et la poursuite qu’engageaient les croisés, de sorte que, malgré notre vitesse, les abords furent bientôt bloqués. Pour rejoindre les forces cathares, nous devrions traverser l’ennemi avant qu’il ne soit trop compact.
    —    Protégez Pernelle de votre vie ! hurlai-je en me retournant vers les autres pour me faire entendre malgré le vacarme.
    —    Par là ! fit Montbard en indiquant la direction.
    Je repérai ce qu’il avait vu : une brèche venait de s’ouvrir parmi les combattants, telle la mer Rouge devant Moïse. Sans hésiter, je m’y engouffrai, les autres sur mes traces. Notre élan nous permit de franchir le gros des combats sans être inquiétés, mais un officier à cheval finit par nous remarquer. Il aboya un ordre et une dizaine de ses hommes nous bloqua le chemin. Je freinai Sauvage pour éviter qu’il ne s’empale le poitrail sur les épées qui étaient brandies contre nous. Dès lors, je fus absorbé dans un tourbillon de violence et de mort que je connaissais trop bien, n’existant plus que par mon instinct. Faisant virevolter Memento, je frappai et tranchai avec fureur et méthode, ouvrant des gosiers, éventrant, perçant, me laissant emporter par la brutalité qui faisait la différence entre la vie et la mort. À intervalles réguliers, je regardais derrière moi pour m’assurer que Pernelle était toujours là. Chaque fois, je la trouvais fermement encadrée par Montbard, Ugolin et Raynal qui, tous, combattaient avec la même ferveur. Livide de frayeur, mon amie avait les yeux écarquillés et s’agrippait, pétrifiée, à ses rênes avec l’énergie du désespoir.
    Voyant que nous venions à bout de ses hommes, l’officier lança un cri de rage et se précipita sur moi. J’eus à peine le temps de tirer Memento des entrailles d’un de ses soldats pour parer le coup qu’il me destinait. Nos armes se bloquèrent et je fus à même de voir luire dans ses yeux tout le fanatisme et toute la fureur qui animaient les croisés. Je le repoussai avec tant de force qu’il faillit tomber de sa monture.
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