Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis
Autoren: Steven Saylor
Vom Netzwerk:
nuque, en les glissant
sous sa cascade de cheveux.
    Elle
n’avait pas le droit de me rejeter et ne se retira point. Mais elle se raidit à
mon contact et garda la tête droite, même quand je me penchai pour lui embrasser
l’oreille.
    — Je
reviendrai. Dans cinq jours, je suis de retour. Il l’a promis.
    Je
la vis esquisser un petit rictus. Ses lèvres tremblèrent. Ses paupières
clignèrent rapidement et je remarquai les petites rides que le temps avait
rassemblées au coin de ses yeux. Elle fixait le mur blanc devant elle.
    — Ce
serait différent si je savais où tu vas.
    Je
souris. Bethesda n’avait connu que deux villes dans sa vie, Alexandrie et Rome.
Et, à l’exception du voyage l’ayant emmenée de la première vers la seconde, elle
ne s’était jamais aventurée à plus d’un mille à l’extérieur de l’une ou de l’autre.
Qu’est-ce que ça pouvait lui faire que je me rende à Cumes ou à Carthage ?
    — Bon,
soupirai-je. Si cela te rassure, je soupçonne qu’Eco et moi allons passer les
tout prochains jours du côté de Baia [10] . Tu en as entendu parler, n’est-ce pas ?
    Elle
hocha la tête.
    — C’est
une belle petite région côtière, ajoutai-je. Elle se trouve plus au sud,
derrière le cap de Misène, dans cette baie que les locaux, de Pouzzoles à
Pompéi, appellent la Coupe. Les plus riches d’entre les riches se font
construire de superbes demeures près du rivage et prennent des bains de boue
chaude.
    — Mais
comment sais-tu cela, puisqu’il ne t’a rien dit ?
    — Oh,
ce n’est qu’une supposition.
    Bethesda
s’adoucit sous ma caresse. Elle soupira. Alors je sus qu’elle acceptait mon « escapade »,
et la perspective d’être la maîtresse de maison pendant quelques jours, avec
autorité sur tous les autres esclaves. Par expérience, je savais qu’en mon
absence elle se montrait un tyran tout à fait impitoyable. J’espérais seulement
que Belbo serait capable de supporter sa loi. Cette pensée me fît sourire.
    Je
me tournai et vis Eco attendant dans l’embrasure. Pendant un instant, son
visage exprima une fascination intense. Puis il croisa les bras et roula les
yeux, comme s’il entendait nier tout intérêt ou toute sympathie pour le moment
de tendresse qu’il venait d’interrompre. Je déposai rapidement un baiser sur la
joue de Bethesda et quittai la chambre.
    Dans
le vestibule, Marcus Mummius faisait les cent pas. Il avait toujours l’air las
et impatient. Quand j’apparus, il leva les mains et se précipita vers la porte,
sans même m’attendre. Pour lui, dire au revoir à une femme, qui plus est une
esclave, n’était qu’un gaspillage de temps. Il se contenta de jeter un regard
par-dessus son épaule pour me le signifier.
     
    Nous dévalâmes en hâte
le sentier escarpé qui descend l’Esquilin [11] , évitant les embûches à la lueur de la torche d’Eco.
À l’endroit où le chemin s’achève pour se jeter dans la voie Subura, quatre
chevaux et deux hommes nous attendaient.
    Ces derniers avaient l’allure
et le comportement de légionnaires en civil. Sous leurs légers manteaux de
laine [12] , j’entrevis
l’éclat rassurant de couteaux. De ce fait, j’appréhendai moins la perspective
de m’aventurer à travers les rues de Rome à la nuit tombée. Je glissai ma main
à l’intérieur de mon manteau et sentis mon propre poignard. Mummius avait dit
que tous mes besoins seraient comblés, mais je préférais avoir mon arme.
    En
revanche, il n’avait pas prévu Eco. Aussi me donna-t-on la monture la plus
robuste et le jeune garçon grimpa derrière moi en me tenant par la taille. Si
mon corps est large au niveau des épaules et de la poitrine (j’ajouterai, de la
taille, depuis quelques années), celui d’Eco est mince. Aussi représentait-il
un infime surcroît de poids pour l’animal.
    Un
petit air frais trahissait l’arrivée précoce de l’automne. Mais la nuit était
douce. Pourtant, les rues étaient désertes. En temps de troubles, les Romains
fuyaient l’obscurité et verrouillaient leurs maisons dès le coucher du soleil,
abandonnant les rues aux proxénètes, aux ivrognes et aux amateurs de sensations
fortes. Il en était ainsi pendant les périodes sombres des guerres civiles et
les années lugubres de la dictature de Sylla. Il en allait de nouveau ainsi
alors que la révolte de Spartacus était sur toutes les lèvres. Sur le Forum, on
racontait des histoires terrifiantes. Des villages entiers auraient
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher