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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis
Autoren: Steven Saylor
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les grandes familles Metellus et Messalla ont
parfois directement fait appel à moi. Mais même eux hésiteraient sans doute à
payer quatre cents sesterces par jour à Gordien le Limier. Il fallait que le
client représenté par Marcus Mummius fut particulièrement riche.
    La
question, accepter ou non ce travail, ne se posait plus. L’argent était une garantie
suffisante. Bethesda serait ravie de voir autant d’argent tomber dans nos
coffres. Quant à certains de mes créanciers, ils pourraient recommencer à me
saluer avec des sourires au lieu de lâcher les chiens. Pourtant, en réalité, le
véritable appât, c’était la curiosité. Je voulais savoir qui avait envoyé
Marcus Mummius. Mais en attendant je ne voulais pas encore lui montrer que j’acceptais
son offre.
    — Cette
enquête doit être assez importante, dis-je d’un air détaché.
    Je m’efforçais d’afficher
une décontraction toute professionnelle, alors que des fontaines de pièces d’argent
se déversaient dans ma tête. Quatre cents sesterces par jour, multipliés par
cinq jours garantis de travail… Deux mille sesterces ! Le mur arrière de
la maison allait enfin pouvoir être réparé et les carreaux abîmés remplacés
dans l’atrium [7] Je pourrais peut-être même offrir une nouvelle
esclave à Bethesda pour l’aider…
    Mummius
hocha la tête, l’air grave.
    — Tu
ne seras peut-être jamais appelé pour une affaire aussi importante.
    — Et
délicate, je suppose.
    — Extrêmement.
    — Requérant
de la discrétion.
    — Une
grande discrétion, acquiesça-t-il.
    — Il
n’y a pas simplement une question de propriété en jeu, je me trompe ? Une
affaire d’honneur, alors ?
    — Plus
que de l’honneur, dit Mummius toujours aussi grave, avec une expression vague
dans les yeux.
    — Une
vie, alors ? Une vie est en jeu ?
    A
son expression, je sus que nous parlions d’une affaire de meurtre. Un gros
salaire, un mystérieux client, un meurtre… Je ne résistai plus. Mais je fis tout
mon possible pour le dissimuler.
    Mummius
avait vraiment l’air sombre. Celui des champs de bataille. Pas celui qu’affichent
les soldats dans la frénésie précédant la charge, mais celui qu’ils ont après,
en contemplant le carnage et le désespoir.
    — Pas
une vie, dit-il lentement. Pas une simple vie, mais de nombreuses vies. Des
dizaines de vies ! Des hommes, des femmes, des enfants, tous suspendus
dans la balance. Si rien n’est fait pour l’empêcher, des rivières de sang vont
couler et les pleurs des bébés vont s’entendre jusque dans la gueule d’Hadès.
    Je
finis mon vin et reposai la coupe.
    — Marcus
Mummius, dis-moi franchement qui t’envoie et ce que tu attends de moi ?
    Il
secoua sa tête.
    — J’en
ai déjà trop dit. Et puis d’ici à notre arrivée, la crise sera peut-être
terminée et le problème résolu. Alors on n’aura plus besoin de toi. Dans ce
cas, moins tu en auras appris, mieux ce sera pour toi.
    — Et
je n’aurai pas la moindre explication ?
    — Non,
pas la moindre. Mais tu seras payé, quoi qu’il arrive.
    Je
hochai la tête.
    — Combien
de temps resterons-nous absents de Rome ?
    — Cinq
jours. Je l’ai déjà dit.
    — Tu
as l’air très sûr de toi.
    — Cinq
jours, répéta-t-il avec assurance. Ensuite tu pourras rentrer à Rome. Cela
durera peut-être moins de temps, mais sûrement pas davantage. D’une manière ou
d’une autre, tout sera fini dans cinq jours. Pour le meilleur… ou le pire.
    — Je
vois, dis-je.
    En
réalité, je ne voyais rien du tout.
    — Et
où allons-nous exactement ?
    Mummius
ne desserra pas les lèvres.
    — Je
te demande ça, continuai-je, parce que je n’ai pas vraiment envie de traîner
dans la campagne en ce moment, sans avoir la moindre idée de ma destination. Il
y a une petite révolte d’esclaves en cours, sais-tu. Nous en avons parlé il y a
un instant. Tous mes informateurs me conseillent vivement d’éviter les voyages,
sauf cas de force majeure.
    — Tu
seras en sécurité ! s’exclama Mummius, sur un ton autoritaire.
    — Ai-je
ta parole de soldat – ou d’ex-soldat ? – de ne pas
être exposé à un danger ?
    Mummius
plissa les yeux.
    — J’ai
dit que tu seras en sécurité.
    — Très
bien. Alors je vais laisser Belbo ici pour protéger Bethesda. Je suis sûr que
ton employeur pourra me fournir un garde du corps si j’en ai besoin. Mais je
veux emmener Eco avec moi. Je pense que la générosité
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