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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue
Autoren: Ildefonso Falcones
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loin, marchant lentement en s’appuyant sur sa canne grossière. Avec
celle-ci, il signala Hernando et sa famille aux deux cavaliers qui le
suivaient.
    — Don Pedro, annonça Miguel, surpris, le regard posé
sur les deux hommes à cheval.
    — Qui l’accompagne ? demanda Rafaela avec
inquiétude.
    — Ne t’en fais pas, don Pedro ne nous jouerait pas un
mauvais tour, dit Hernando.
    Mais sa voix tremblait.
    Les deux cavaliers se dirigeaient vers eux au trot.
    Hernando se leva et s’avança pour les accueillir. Le sourire
qu’il aperçut sur les lèvres du noble le rassura ; il fit signe à Rafaela
de s’avancer à son tour.
    — Bonjour, dit don Pedro en sautant de son cheval.
    — La paix, répondit Hernando en observant le compagnon
du noble.
    C’était un homme entre deux âges, bien habillé mais pas à
l’espagnole, avec une barbe curieusement taillée et un regard pénétrant.
    — Viens-tu pour jeter un coup d’œil sur tes
terres ? demanda Hernando avec un sourire, tendant la main vers don Pedro.
    — Non, répondit celui-ci en la serrant fortement.
    Son sourire s’élargit. Rafaela s’accrocha à son époux tandis
que Miguel s’efforçait de maintenir les enfants à l’écart.
    — J’apporte de bonnes nouvelles.
    Don Pedro fouilla dans ses vêtements et en sortit un
document qu’il lui remit avec solennité.
    — Tu ne l’ouvres pas ? interrogea-t-il quand il
vit qu’Hernando restait immobile, la lettre entre les mains.
    Le Maure regarda le document cacheté. Il en examina le
sceau. Les armes royales ! Il hésita. Trembla. De quoi
s’agissait-il ?
    — Ouvre ! le pressa Rafaela.
    Même Miguel ne put résister à la curiosité, et se déplaça
vers lui avec difficulté ; ses béquilles s’enfonçaient dans la terre. Les
enfants le suivirent.
    — Ouvrez, père.
    Hernando se tourna vers son fils aîné, hocha la tête et
décacheta la lettre. Puis il se mit à la lire à haute voix.
    —  Don Philippe, par la grâce de Dieu roi de
Castille, León, Aragon, Sicile, Jérusalem, Portugal, Navarre, Tolède, Valence,
Galice, Majorque…
    Inconsciemment, plus il énumérait les titres de
Philippe II, plus sa voix baissait. À la fin, ce ne fut plus qu’un
murmure.
    — … archiduc d’Autriche… duc de Bourgogne…
    Il poursuivit sa lecture en silence.
    Nul n’osa l’interrompre. Rafaela, serrant fortement ses
mains, tentait de deviner le contenu de la lettre à travers les mouvements
imperceptibles des lèvres de son époux.
    — Le roi…, annonça-t-il en mettant fin à sa lecture. Le
roi, en personne, nous exclut de l’arrêt d’expulsion, nous, Hernando Ruiz de
Juviles et ses enfants. Il nous reconnaît comme vieux-chrétiens et nous
restitue l’ensemble de nos biens.
    Rafaela se mit à sangloter, riant et pleurant à la fois de
manière irrépressible.
    — Et Gil ? Et le duc ? parvint-elle à dire.
    Hernando reprit sa lecture, cette fois à haute voix, avec
énergie :
    —  Ainsi l’ordonne le roi notre seigneur aux grands
d’Espagne, prélats, nobles, barons, chevaliers, magistrats, membres des
conseils municipaux des villes, villages et autres lieux, baillis, gouverneurs
et à tous les ministres de Sa Majesté, citoyens et simples habitants de
nos royaumes.
    Il lui montra la lettre. Rafaela ne pouvait plus retenir ses
larmes. Hernando ouvrit ses bras, entre lesquels son épouse courut se blottir.
    — Ton prochain enfant naîtra à Cordoue, murmura-t-elle
alors à son oreille.
     
    — Comment as-tu obtenu cela ? demanda Hernando à
don Pedro.
    Le noble le prit à part et lui présenta son compagnon :
André de Ronsard, membre de l’ambassade de France à la cour d’Espagne. Les
trois hommes déambulèrent sous les oliviers.
    — Le chevalier de Ronsard t’apporte une autre lettre.
    Ils s’arrêtèrent à l’ombre d’un vieil olivier aux branches
tordues. Le Français lui tendit un second document.
    — C’est une
lettre d’Ahmed I er , sultan de Constantinople, annonça-t-il.
    Hernando l’interrogea du regard. Le Français continua :
    — Comme vous devez déjà le savoir, à la suite de
l’expulsion de votre peuple, beaucoup de musulmans sont venus en France.
Malheureusement, ils ont été volés, maltraités. Certains ont même été tués.
Tous ces excès sont arrivés aux oreilles du sultan Ahmed, qui a immédiatement
dépêché un ambassadeur spécial à la cour de France pour intercéder auprès du roi
en faveur des
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