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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir
Autoren: Anne Tremblay
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vivre ?
    — Je suis femme de ménage..., avoua Yvette. À part chanter, c’est tout ce que
     je sais faire !
    Cette fois, elle se versa à boire.
    — Je ne roule pas sur l’or, c’est vrai. Du moment que je réussis à mettre un
     peu d’argent de côté, une brique me tombe sur la tête. L’année dernière, Jean a
     eu la rougeole et ça m’a coûté une fortune rien que pour le docteur.
    — Qui s’occupe de Jean ?
    — Ma voisine…
    — Ma pauvre Yvette... Tu dois rentrer à la maison, dit Laura.
    — Retourner chez nous ! Tu crois-tu que j’en rêve pas ! dit Yvette d’une voix
     larmoyante. Mais as-tu pensé à Jean ? Ici, je peux faire accroire que je suis
     veuve. Si je m’en retourne, qu’est-ce que je vais faire ?
    — Tu peux pas rester dans cette misère ! Jean est maigre, toi, t’as juste la
     peau pis les os !
    Découragée, Yvette se laissa tomber sur le bord du divan et se mit à
     sangloter.
    — Pleure pas, Yvette. Attends, j’ai une idée. Tu vas faire tout ce que je te
     dis.
    Laura regarda autour d’elle à la recherche de quoi écrire.
    — Je vais te donner l’adresse d’un endroit à Montréal où tu vas aller. C’est
     pas un couvent. Voyons, tu dois bien avoir un crayon à quelque part... C’est
     ouvert depuis la crise, un peu avant la guerre, je pense. Il y avait eu
     tellement de pauvres femmes qui s’étaientretrouvées à la rue ;
     pour pas mourir de faim, elles étaient obligées de... enfin, tu imagines le
     portrait. Ah ! j’en vois un.
    Sous la pile de journaux, Laura trouva enfin un crayon. Elle déchira le bout
     d’un sac en papier.
    — Cela s’appelle Notre-Dame de la protection. Ils accueillent les femmes
     avec leurs enfants.
    — Mais j’ai pas assez d’argent pour le voyage et…
    — Je retourne à ma congrégation. Tu vas voir, tout va s’arranger. Nous sommes
     un groupe qui vient du Canada pour aller en Afrique, mais il y en a un autre qui
     retourne à Montréal pour faire du recrutement. Je crois que tu pourras te
     joindre à elles.
    — Quoi ?
    — Leur départ est prévu pour ce lundi.
    — Quoi ?
    — C’est tout ce que je peux faire... Retourne à la maison, Yvette. Reste pas
     ici.
    — Tu diras jamais rien à maman ?
    — Jamais. Promets-moi de partir.
    — Je le sais pas, Laura... Je le sais pas...
    — Yvette, je t’en supplie. Pour Jean... pour mon neveu... Pour qu’il ait une
     chance. Au refuge, ils vont t’aider. Fais-moi confiance.
    — La confiance, Laura, je suis désolée, mais... c’est un mot banni de mon
     vocabulaire.

    Mélanie se hâta jusqu’au port. Tous les bateaux étaient déjà rentrés sauf La
     Joséphine. Parfait. Elle avait craint de le rater. Pour sa surprise à
     Pierre, elle voulait se trouver sur le quai lors de son retour de mer. Elle
     rectifia sa coiffure en souhaitant que son mari la trouve encore jolie. Elle se
     dirigea vers la jetée et scruta l’horizon.Rien en vue. Elle
     patienta, faisant les cents pas, ne pouvant détacher son regard de la mer. Elle
     attendit et attendit, de plus en plus nerveuse. Le soleil déclinait. Pierre
     aurait était supposé être de retour. Qu’est-ce qui se passait ? Elle se
     raisonna. Allons, il faisait encore clair... Il n’allait plus tarder. Elle
     descendit le talus et alla se promener le long de la grève. Toutes les minutes,
     elle épiait l’horizon. Le bruit des vagues roulant vers ses pieds était
     assourdissant. Mélanie frissonna. Quelle puissance émanait de la mer ! Elle
     préféra s’en éloigner un peu et rechercher le calme des dunes. Elle gravit un
     amas de roches. En haut de son ascension, elle se retourna. Même de ce point de
     vue élevé, il n’y avait nulle trace du bateau de Pierre. Son cœur se serra. Il
     se faisait vraiment tard. Les autres bateaux, amarrés, somnolaient déjà.
     Qu’est-ce qui retardait Pierre ? Et s’il lui était arrivé un accident ? Son cœur
     battait maintenant la chamade. Elle avait des visions d’horreur dans son esprit.
     Pierre blessé, Pierre broyé, Pierre noyé... Elle ferma les yeux et pria.
    — Pierre, apparais, Pierre, je t’en supplie...
    Mélanie releva la tête et mit ses mains en visière. Le soulagement l’envahit.
     Là, au loin, un petit point qu’elle reconnaissait pour l’avoir tant surveillé
     les dernières années venait de surgir. C’était La Joséphine. Heureuse,
     elle n’eut plus qu’une hâte, celle d’aller
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