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Les Poisons de la couronne

Les Poisons de la couronne

Titel: Les Poisons de la couronne
Autoren: Maurice Druon
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toutes les pratiques d’expiation, afin de se racheter de ce crime
involontaire. À dix-sept ans, il renonça à la vie seigneuriale, distribua les
biens considérables qu’il avait hérités, et s’engagea comme berger chez une
veuve nommée Élisabeth Lehaire, au village de Sebourg, dans le comté de
Hainaut, à treize kilomètres de Valenciennes. Il avait si grand amour des bêtes
et les soignait si bien que tous les habitants du village lui demandèrent de
garder leurs brebis en même temps que celles de la veuve Lehaire. C’est alors
que les anges commencèrent à garder son troupeau pendant qu’il allait écouter la
messe…
    Puis il entreprit le pèlerinage de
Rome, y prit goût, et le fit neuf fois de suite. Mais il dut renoncer aux
voyages, souffrant d’une « rupture des intestins », mal qu’il
supporta, paraît-il, pendant quarante ans, refusant de se laisser panser. En
dépit de l’assez mauvaise odeur qu’il répandait, ses vertus attirèrent à lui
nombre de pénitents de la région. Il demanda qu’on lui construisît contre
l’église de Sebourg une logette d’où il pouvait avoir vue sur le tabernacle, et
fit vœu de n’en pas sortir jusqu’à la fin de sa vie. Il tint fidèlement ce vœu,
même le jour où l’église flamba, et la cabane aussi ; et l’on vit bien
qu’il était saint lorsque le feu l’épargna.
    Il mourut le 16 avril 1189. De
plusieurs lieues à la ronde, le peuple accourut en larmes pour lui baiser les
pieds et emporter quelques morceaux du misérable vêtement qui le couvrait. Ses
parents, les seigneurs d’Épinoy, voulurent rapporter son corps dans son village
natal, mais le char où l’on avait placé la dépouille s’immobilisa à la sortie
de Sebourg, et tous les chevaux que l’on amena en renfort furent incapables de
le faire avancer d’un pas. On fut donc obligé de laisser le corps du saint là
où il était mort.
    Sa célébrité fut grandement accrue
par la guérison miraculeuse du comte de Hainaut et de Hollande, lequel,
souffrant horriblement de la gravelle, fit le pèlerinage de Sebourg et, à peine
s’était-il agenouillé devant le tombeau de saint Druon, pour réciter une
prière, rejeta « trois pierres de la grosseur d’une noix ».
    La fête du saint est encore
traditionnellement célébrée le lundi de la Pentecôte, en l’église paroissiale
et au puits de Saint-Druon, à Carvin-Épinoy.
    [12] La date exacte du second mariage de Louis X est controversée.
Certains auteurs le fixent au 3 août, d’autres au 13, ou même au 19. De même
pour la date du sacre, qui varie selon les textes entre le 19, 21 et 24 août.
Le recueil des ordonnances des rois de France, qui ne fut imprimé qu’au XV ème siècle, et dont la chronologie est loin d’être certaine, tendrait à établir que
le roi se trouvait le 3 août à Reims, le 6 et le 7 à Soissons et le 18 à Arras.
Or, étant donné que Louis X avait pris l’oriflamme à Saint-Denis le 24
juillet, il paraît matériellement impossible, si brève qu’ait été l’expédition
de Flandre, qu’il ait eu le temps de revenir de l’ost boueux et d’arriver dans
la région champenoise avant le 10 août.
    Nous avons retenu la date du 13
août, donnée par le Père Anselme, comme la plus plausible, car, le sacre devant
toujours avoir lieu un dimanche ou un jour de grande fête religieuse, nous
pensons que Louis X fut couronné, soit le 15 août, soit le dimanche 18
août ; nous savons d’autre part que les fêtes données à cette occasion
s’étendaient sur plusieurs jours, ce qui explique assez bien le flottement des
dates.
    [13] La fortune de Clémence de Hongrie, aussi bien en terres qu’en bijoux,
et constituée essentiellement par des dons de Louis X, était énorme.
Pendant la brève durée de leur mariage, Clémence de Hongrie ne reçut pas moins
de quatorze châteaux dont certains comptaient parmi les plus importantes
demeures royales.
    [14] La licorne, animal légendaire, n’exista jamais que sur les blasons,
fresques et tapisseries. Néanmoins son unique corne passait pour avoir un
pouvoir de contrepoison universel. En fait, ce qu’on vendait à prix très élevé,
sous le nom de corne de licorne, était la défense du narval, ou licorne de mer,
dont on « touchait » les mets pour y déceler la présence d’une
substance vénéneuse.
    [15] Tous les ateliers de tapisserie signalés en Europe, et notamment en
Italie et en Hongrie, à la fin du Moyen Âge, avaient
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