Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Médecins Maudits

Les Médecins Maudits

Titel: Les Médecins Maudits
Autoren: Christian Bernadac
Vom Netzwerk:
un ronflement régulier pour se transformer enfin en cris désespérés, apeurés. La tête tombe en avant. Le supplice se prolonge depuis déjà vingt minutes. Le parachutiste va atteindre le sol. Rascher note :
    —  Crie spasmodiquement, grimace, se mord la langue.
    Rascher interroge :
    —  Tu m’entends ?
    —  Ça va ?
    —  Réponds ?
    Cinq minutes après avoir atteint le niveau du sol première réaction :
    —  Ça va ?
    Il remue la tête, cligne des yeux.
    —  Redresse-toi.
    L’homme essaye en répétant plusieurs fois :
    —  Non, s’il vous plaît.
    Neuf minutes : il se lève et quelque soit la question posée répond :
    —  Seulement une minute.
    —  Dis-nous ta date de naissance ?
    —  Seulement une minute.
    Il renifle, gonfle ses joues, égrène des chiffres, la tête tournée convulsivement vers la gauche. Il tente sans arrêt de répondre à la première question concernant sa date de naissance, puis à son tour pose des questions.
    —  Puis-je couper une tranche ?
    —  Je peux respirer ? Est-ce que cela sera bien si je respire profondément ?
    Rascher ne répond pas. Le déporté bombe le torse.
    —  Très bien. Merci beaucoup. Puis-je couper une tranche ?
    Quinze minutes :
    —  Allons, maintenant tu vas marcher.
    —  Très bien. Merci beaucoup.
    Et il avance.
    —  Ta date de naissance ?
    —  1928 v .
    —  Dans quelle ville ?
    —  Quelque chose en 1928.
    —  Ta profession ?
    —  28. 1928. Puis-je respirer profondément ?
    Rascher répond affirmativement.
    —  J’en suis très content.
    Il court au hublot ouvert dans la cabine.
    —  Excusez-moi s’il vous plaît.
    Rascher brandit son revolver, fait sauter le cran de sécurité, arme et tire en l’air. Le prisonnier n’a aucune réaction. Il ne retrouvera ses esprits que vingt-quatre heures plus tard et ne se souviendra pas de sa lente descente immobile dans la chambre à basse pression vi .
    —  Très bien mon vieux, conclut Rascher, nous recommencerons après-demain.
    *
    * *

Les deux hommes qui, pierre à pierre, édifièrent la pyramide nazie, Hitler et Himmler, acceptèrent et provoquèrent les expériences médicales humaines.
    Dans « Mein Kampf », la bible du régime, Hitler, après avoir démontré la supériorité de la race aryenne, écrit :
    —  L’État est un moyen de parvenir à un but.
    Son but est de maintenir et de favoriser le développement d’une communauté d’êtres qui, au physique et au moral, sont de la même espèce.
    Le principe général est posé et vous savez que tous les moyens seront bons pour que ce noyau d’élus, cette caste supérieure, prospère en écrasant les peuples d’esclaves. S’il faut effacer de la terre les êtres inférieurs, on doit aussi se servir d’eux pour l’édification de l’Empire de Mille ans et l’amélioration de la race des Seigneurs. Les sous-êtres sont plus nombreux et moins précieux que les animaux de laboratoire. Lorsque les médecins veulent des singes, ils doivent les faire acheter à Calcutta ou Bombay. Inutile aujourd’hui : la Nasse Barbelée s’est refermée sur des millions de déportés.
    Le médecin général Karl Brandt, l’autorité suprême dans les domaines médicaux du Reich, a affirmé devant les juges qui le condamnèrent à mort à Nuremberg, qu’Hitler avait eu l’idée de ces expérimentations en 1935.
    —  Il avait émis cette opinion à l’occasion d’une opération subie à la gorge en 1935. Il avait déclaré à l’époque qu’il serait logique d’utiliser des criminels pour mettre au point des problèmes médicaux vii .
    Devant les mêmes juges, le professeur Gebhart, ami d’enfance d’Himmler, médecin général et chef occulte des médecins SS, confirma la déclaration de Brandt. Il alla même un peu plus loin :
    —  Les expériences de Rascher ordonnées par Himmler, avaient été exposées au Führer et Hitler avait décidé qu’en principe les expériences humaines étaient permises lorsque l’intérêt de l’État était en jeu. À ce moment elles étaient protégées par la loi, non soumises à des sanctions et au contraire, celui qui n’aurait pas accepté d’exécuter cet ordre militaire aurait été puni. D’après Himmler, le chef de l’État pensait qu’on ne pouvait laisser intacts certains des prisonniers des camps de concentration, alors que les soldats combattaient et que des femmes et des enfants souffraient des raids et des
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher