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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves
Autoren: Viviane Moore
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l’esnèque dans le port à flot. Ici, tout était calme. L’eau clapotait le long des quais de pierre. Les barques se balançaient à leurs anneaux.
    Au loin retentit la cloche du couvent des Sachets. À cette heure tardive, à la clarté argentée de la lune, la silhouette du château se découpait avec netteté. Une chauve-souris les survola.
    — Il est magnifique ! fit Tancrède, ne se lassant pas de regarder le navire qui allait les emmener vers la lointaine Sicile.
    — Oui, approuva l’Oriental. Il n’y a que les maîtres charpentiers normands pour dessiner des coques comme celle-là. Je préfère naviguer sur une esnèque que sur les lourdes nefs affrétées par les Pisans ou les Génois. Elle tient la vague et est si souple qu’elle fait corps avec elle, vous verrez, c’est une sensation extraordinaire.
    — Vous savez tant de choses...
    Une voix aiguë de femme appelait à l’aide. Dans la pénombre d’un entrepôt, ils aperçurent deux silhouettes, dont l’une enveloppée d’un mantel, en train de se battre. Avant que son maître ait pu dire un mot ou faire un geste, Tancrède s’était élancé. L’Oriental haussa les épaules et le suivit sans se presser, amusé de le voir à l’oeuvre. Tancrède était déjà sur l’homme qu’il repoussa d’une bourrade.
    — Mettez-vous derrière moi, ma dame ! ordonna-t-il.
    Il menaçait l’homme de son cimeterre.
    — Et toi, file ou, par Dieu, je te fais un mauvais sort !
    L’agresseur le défia du regard, un mauvais sourire aux lèvres. Un frisson courut sur la nuque du jeune homme en même temps qu’il entendait le bref cri d’alarme de son maître. Il était tombé tête baissée dans un traquenard, une ruse éculée tout juste bonne pour les puceaux ! Il tourna la tête juste à temps pour voir le visage patibulaire de celui qu’il avait pris pour une femme et éviter son coup de couteau. La lame déchira sa cotte, mais n’entailla pas sa chair. Il jura et, faisant un large moulinet de son sabre, il trancha la main armée et se remit en position de combat. Le bandit déguisé en femme tomba à terre en hurlant.
    D’autres silhouettes sortaient de l’ombre. Ils étaient une dizaine autour de lui, armés de crocs, de couteaux, de haches et de gourdins. Il entendit au loin le sifflement de la lame d’Hugues.
    — Tue ! Tue ! répétaient les marauds en avançant.
    Il s’adossa au mur et attendit l’assaut, sa lame brandie devant lui.

6
    Deux corps sans vie gisaient déjà aux pieds d’Hugues qui, tout en se battant, essayait de se rapprocher de Tancrède. L’Oriental avait laissé tomber son mantel. Il portait un gilet de cuir sur sa longue chemise et son pantalon. Ses gestes étaient rapides et sûrs. Il frappait d’estoc et de taille, laissant à chaque assaut de longues estafilades sanglantes sur le corps des bandits. Pas un geste, pas un coup qui ne portât.
    Les autres s’étaient arrêtés, indécis, puis trois d’entre eux le chargèrent en hurlant. Hugues se ramassa sur lui-même. Il respirait lentement et frappa si vite que sa lame trancha bras et jambes avant que quiconque la puisse éviter. La morsure d’un croc lui entailla la jambe. Le cimeterre frappa à nouveau et la tête de celui qui avait rampé pour lui couper les jarrets roula à quelques pas de là avant de tomber dans le bassin.
    L’un des assaillants exhorta les survivants à se battre. Ils étaient maintenant six à terre, morts ou blessés. Soudain, poussant un terrible cri de guerre, Hugues chargea. Un homme tomba à genoux, tenant son moignon de bras d’où le sang giclait. Un autre s’effondra, le ventre entaillé d’une blessure si profonde qu’on lui voyait les entrailles. Les derniers s’enfuirent.
    Hugues essuya sa lame sur l’un des cadavres. Aux pieds de Tancrède gisaient trois blessés et un corps sans vie. Le jeune géant blond frappait et feintait sans relâche. Accompagné du sifflement de sa lame, il donnait l’impression de danser.
    Tout en fouillant du regard les ruelles sombres, Hugues le rejoignit, admirant avec satisfaction la force et la précision des esquives et des assauts de son protégé.
    Le dernier des marauds attaquait, un gaillard haut et large avec une gueule balafrée, la bave aux lèvres comme un furieux et qui se battait avec un croc d’une main, un coutel de l’autre.
    « Un homme habitué au corps-à-corps dans les bateaux », songea Hugues en reconnaissant les ruses et les coups bas utilisés par
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