Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Essais

Les Essais

Titel: Les Essais
Autoren: Michel de Montaigne
Vom Netzwerk:
ce bel entretien de son
ame (le plus souvent il nous vaudroit mieux dormir tout à faict,
que de veiller à ce, à quoy nous veillons) et trouverez que son
discours et intentions, ne valent pas vostre capirotade. Quand ce
seroient les ravissemens d'Archimedes mesme, que seroit-ce ?
Je ne touche pas icy, et ne mesle point à ceste marmaille d'hommes
que nous sommes, et à ceste vanité de desirs et cogitations, qui
nous divertissent, ces ames venerables, eslevees par ardeur de
devotion et religion, à une constante et conscientieuse meditation
des choses divines, lesquelles preoccupans par l'effort d'une vive
et vehemente esperance, l'usage de la nourriture eternelle, but
final, et dernier arrest des Chrestiens desirs : seul plaisir
constant, incorruptible : desdaignent de s'attendre à nos
necessiteuses commoditez, fluides et ambigues : et resignent
facilement au corps, le soin et l'usage, de la pasture sensuelle et
temporelle. C'est un estude privilegé. Entre nous, ce sont choses,
que j'ay tousjours veuës de singulier accord : les opinions
supercelestes, et les moeurs sousterraines.
    Esope ce grand homme vid son maistre qui pissoit en se
promenant, Quoy donq, fit-il, nous faudra-il chier en
courant ? Mesnageons le temps, encore nous en reste-il
beaucoup d'oisif, et mal employé. Nostre esprit n'a volontiers pas
assez d'autres heures, à faire ses besongnes, sans se desassocier
du corps en ce peu d'espace qu'il luy faut pour sa necessité. Ils
veulent se mettre hors d'eux, et eschapper à l'homme. C'est
folie : au lieu de se transformer en Anges, ils se
transforment en bestes : au lieu de se hausser, ils
s'abbattent. Ces humeurs transcendentes m'effrayent, comme les
lieux hautains et inaccessibles. Et rien ne m'est fascheux à
digerer en la vie de Socrates, que ses ecstases et ses demoneries.
Rien si humain en Platon, que ce pourquoy ils disent, qu'on
l'appelle divin. Et de nos sciences, celles-là me semblent plus
terrestres et basses, qui sont les plus haut montees. Et je ne
trouve rien si humble et si mortel en la vie d'Alexandre, que ses
fantasies autour de son immortalisation. Philotas le mordit
plaisamment par sa responce. Il s'estoit conjouy avec luy par
lettre, de l'oracle de Jupiter Hammon, qui l'avoit logé entre les
Dieux. Pour ta consideration, j'en suis bien ayse : mais il y
a dequoy plaindre les hommes, qui auront à vivre avec un homme, et
luy obeyr, lequel outrepasse, et ne se contente de la mesure d'un
homme.
Diis te minorem quod geris, imperas
. La gentille
inscription, dequoy les Atheniens honnorerent la venue de Pompeius
en leur ville, se conforme à mon sens :
    D'autant es tu Dieu, comme
Tu te recognois homme
.
    C'est une absoluë perfection, et comme divine, de sçavoir jouyr
loyallement de son estre : Nous cherchons d'autres conditions,
pour n'entendre l'usage des nostres : et sortons hors de nous,
pour ne sçavoir quel il y faict. Si avons nous beau monter sur des
eschasses, car sur des eschasses encores faut-il marcher de nos
jambes. Et au plus eslevé throne du monde, si ne sommes nous assis,
que sus nostre cul.
    Les plus belles vies, sont à mon gré celles, qui se rangent au
modelle commun et humain avec ordre : mais sans miracle, sans
extravagance. Or la vieillesse a un peu besoin d'estre traictee
plus tendrement, Recommandons lá à ce Dieu, protecteur de santé et
de sagesse : mais gaye et sociale :
    Frui paratis et valido mihi
Latoe dones, et precor integra
Cum mente, nec turpem senectam
Degere, nec Cythara carentem
.

Vous avez aimé ce livre ?
Nos utilisateurs ont aussi téléchargés
Mme de Sévigné
----
Lettres
choisies
    Mme de Sévigné nous raconte son temps à travers les lettres
qu'elle adressa à sa fille (deux tiers de ses lettres), ainsi qu'à
divers personnages. Une chronique fort intéressante de la seconde
moitié du XVIIe siècle. Vous sont proposées ici quatre-vingt neuf
lettres parmi ses plus connues, dans l'édition de Saint-Beuve,
publiée par Garnier Frères en 1923.
Charles Baudelaire
----
Les
Fleurs du mal
    Œuvre majeure de Charles Baudelaire, le recueil de poèmes Les
Fleurs du mal, intégrant la quasi-totalité de la production
poétique de l’auteur depuis 1840, est publié le 23 juin 1857. C’est
l’une des œuvres les plus importantes de la poésie moderne,
empreinte d’une nouvelle esthétique où la beauté et le sublime
surgissent, grâce au langage poétique, de la réalité la plus
triviale et qui exerça une influence
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher