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Les Dieux S'amusent

Les Dieux S'amusent

Titel: Les Dieux S'amusent
Autoren: Denis Lindon
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d’or, il tient d’une main un
sceptre, insigne de son autorité, et de l’autre, la foudre, instrument de sa
puissance ; à ses pieds, son animal favori, l’aigle qui lui a sauvé la vie,
repose les yeux mi-clos. Rien ne trouble encore l’atmosphère lumineuse, parfumée
et paisible de l’Olympe.

Neptune, gentleman-farmer
    Neptune était d’un tempérament moins sociable que son frère.
Aux contacts avec les dieux, il préférait ceux avec la nature. Comme certains
gentlemen-farmers d’Angleterre ou d’Andalousie, il avait trois passions
dominantes : la mer, dont il soulevait et apaisait à son gré les tempêtes
à l’aide de son trident, les chevaux rapides et les taureaux puissants. C’est à
regret que, de temps à autre, il quittait sa demeure du fond de l’océan pour se
rendre à une réunion ou à un banquet sur l’Olympe. Il avait choisi pour épouse
une déesse marine, Amphitrite, qui partageait son goût pour la vie de plein air.
Il avait tout, semble-t-il, pour être heureux, et pourtant le Destin, qui est
plus fort que les dieux eux-mêmes, allait lui causer bientôt, par l’intermédiaire
de ses propres enfants, de nombreux soucis et de cruels chagrins.

Le sombre Pluton
    Le troisième frère, Pluton, était dépressif, taciturne et
misanthrope. Sa mélancolie naturelle n’avait fait que s’accentuer depuis le
jour où il était devenu le maître des enfers et était allé s’installer dans sa
sombre demeure. Pendant longtemps, personne ne le vit, d’une part parce qu’il
quittait peu son séjour souterrain, d’autre part parce que, dans les rares
occasions où il le quittait, il portait un casque qui avait la propriété de le
rendre invisible. Les habitants de l’Olympe avaient donc fini par l’oublier
presque complètement, lorsqu’un jour Jupiter le vit apparaître devant lui, sans
son casque. Avec brusquerie, Pluton déclara à son frère que, malgré son goût
pour la solitude, il s’ennuyait aux enfers et avait résolu de se marier.
« Avec qui ? » lui demanda Jupiter. « Avec Proserpine »,
répondit Pluton. Proserpine était la fille de Cérès, l’une des trois sœurs de
Jupiter. Et qui était son père, me demanderez-vous ? C’était Jupiter
lui-même, qui n’avait pas craint de commettre sa première infidélité conjugale
avec sa propre sœur et belle-sœur. De cette liaison doublement coupable était
née Proserpine. En guise de cadeau, Jupiter, qui toute sa vie devait se montrer
généreux envers ses maîtresses, avait offert à Cérès le royaume des prés et des
champs, c’est-à-dire la responsabilité d’y faire pousser l’herbe, les fleurs et
les plantes. Depuis, Proserpine avait grandi et était devenue une belle déesse.
Elle et sa mère s’adoraient et ne se quittaient pas. C’est sur elle que Pluton
avait jeté son dévolu.
    Se doutant que Proserpine serait peu disposée à quitter sa
mère et le séjour radieux de l’Olympe pour aller s’enterrer au royaume des
morts en compagnie d’un lugubre mari, Pluton venait demander à Jupiter de l’aider
à enlever de force la jeune déesse. Le maître de l’Olympe ne savait pas dire
non ; il promit son concours.
    Le guet-apens eut lieu quelques jours plus tard. Proserpine
se promenait avec sa mère, Cérès, dans un pré fleuri. Elle aperçut, non loin d’elle,
une fleur d’une espèce inconnue. C’était un narcisse, que Jupiter avait créé
pour l’occasion. Quittant sa mère, Proserpine se dirigea vers la fleur pour la
cueillir. Pluton, que son casque rendait invisible, se saisit alors d’elle et, par
une crevasse qui s’ouvrit soudain dans le sol, l’entraîna au fond des enfers. Cérès
n’avait rien vu, elle avait seulement entendu sa fille pousser un cri de
frayeur. Désespérée, elle se mit à chercher partout Proserpine, mais en vain. Se
doutant que Jupiter en savait plus sur cette disparition qu’il ne voulait bien
le dire, elle usa alors du chantage :
    — Tant que je n’aurai pas retrouvé ma fille, lui
dit-elle, je cesserai de faire pousser la végétation.
    Les fleurs se fanèrent, l’herbe se dessécha, les animaux
dépérirent, et Jupiter finit par céder : il demanda à Pluton de restituer
Proserpine à sa mère.
    — Impossible, répondit Pluton. Il existe une règle
selon laquelle toute personne qui s’est alimentée, aussi peu que ce soit, pendant
son séjour aux enfers doit y demeurer ; or Proserpine, à peine arrivée
chez moi, a croqué un pépin de
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