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Les Derniers Jours de Pompéi

Les Derniers Jours de Pompéi

Titel: Les Derniers Jours de Pompéi
Autoren: Sir Edward George Bulwer Lytton
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bienvenu ! » L’air embaumé se jouait dans ses cheveux dénoués ; elle les écarta de sa figure, et leva ses yeux, si tendres quoique sans lumière, vers le ciel, dont elle n’avait jamais vu le doux aspect. « Non, non », dit-elle à demi-voix et d’un air rêveur, « je ne puis supporter ce supplice : je sens que cet amour jaloux, exigeant, me rend folle. Je pourrais lui faire du mal encore… Malheureuse que j’étais !… je l’ai sauvé… je l’ai sauvé deux fois… Heureuse pensée ! Pourquoi donc ne pas mourir heureuse ?… C’est la dernière pensée consolante que je puisse connaître… Ô mer sacrée !… j’entends ta voix qui m’invite ; c’est un frais et joyeux appel. Ils disent qu’il y a un déshonneur dans ton embrassement… que tes victimes ne traversent pas le Styx fatal… qu’il en soit ainsi ! Je ne voudrais pas le rencontrer chez les ombres, car je le rencontrerais avec elle… Le repos, le repos, le repos, il n’est pas d’autre Élysée pour un cœur comme le mien. »
    Un matelot, assoupi sur le pont, entendit un léger bruit dans les eaux. Il ouvrit à moitié les yeux, et derrière la barque, pendant qu’elle bondissait joyeusement, il crut voir quelque chose de blanc flotter sur les vagues ; mais la vision s’évanouit aussitôt. Il se retourna, s’endormit, et rêva de sa maison et de ses enfants.
    Lorsque les amants se réveillèrent, leur première pensée fut pour eux-mêmes, et la seconde pour Nydia. On ne la trouvait pas. Personne ne l’avait vue depuis la nuit. On la chercha dans tous les recoins de la barque ; aucune trace de la jeune aveugle ! Mystérieuse depuis sa naissance jusqu’à sa mort, la Thessalienne avait disparu du monde des vivants. On pressentit en silence son sort ; et Glaucus et Ione, plus étroitement serrés (en sentant qu’ils étaient l’un pour l’autre tout dans le monde), oublièrent leur délivrance, et pleurèrent Nydia.

Chapitre 11
  Où tout finit
     
    LETTRE DE GLAUCUS À SALLUSTE,
    DIX ANS APRÈS LA DESTRUCTION DE POMPÉI
    Athènes.
    Glaucus à son cher Salluste, salut et santé.
    Vous me demandez d’aller vous faire visite à Rome. Non, Salluste, venez plutôt me voir à Athènes. J’ai quitté pour toujours la cité impériale, son immense tumulte et ses profanes plaisirs. J’habite à jamais mon propre pays. Le souvenir de notre grandeur déchue m’est plus cher que toutes les joies bruyantes de votre prospérité ! Il y a pour moi un charme que rien ne peut surpasser dans nos portiques peuplés et ombragés encore d’ombres sacrées et vénérables. J’entends toujours la voix de la poésie sous les bosquets d’olivier de l’Ilissus ; les vapeurs du crépuscule sur les hauteurs de Phylé me semblent les linceuls de notre liberté ensevelie, et en même temps les hérauts d’une liberté qui va naître, d’un matin qui va surgir… Vous souriez de mon enthousiasme, Salluste ? il vaut mieux espérer de voir briser ses fers que de se résigner à les porter dorés. Vous croyez que je ne puis jouir de la vie dans ces mélancoliques retraites d’une majesté tombée ! Vous insistez sur les splendeurs romaines et sur le luxe de la cour impériale ; mon cher Salluste, Non sum qualis eram : « je ne suis plus ce que j’étais. » Les événements de ma vie ont assoupi le sang bouillant de ma jeunesse ; ma santé n’a jamais recouvré la vigueur qu’elle possédait avant qu’elle eût connu les angoisses de la maladie, et qu’elle eût langui dans l’obscurité d’un cachot réservé aux criminels… Mon esprit n’a jamais pu écarter entièrement les ténèbres des derniers jours de Pompéi… l’horreur et la désolation de cette terrible ruine… le souvenir de notre bien-aimée, de Nydia, toujours regrettée. J’ai élevé une tombe à son ombre, et je vois ce monument chaque jour de la fenêtre de mon cabinet d’étude ; il conserve en moi une tendre mémoire, une douce tristesse, témoignage bien mérité par sa fidélité et les mystérieuses circonstances de sa mort. Ione cueille les fleurs, et ma main les tresse en guirlandes autour de sa tombe. Elle était digne d’avoir une tombe à Athènes.
    Vous me parlez de la secte croissante des chrétiens à Rome. Salluste, je veux vous confier un secret. J’ai beaucoup réfléchi sur leur croyance. Je l’ai adoptée. Après la destruction de Pompéi, je me suis rencontré de nouveau avec Olynthus, sauvé pour un jour,
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