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Les derniers jours de Jules Cesar

Les derniers jours de Jules Cesar

Titel: Les derniers jours de Jules Cesar
Autoren: Valerio Manfredi
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chez lui. Il a changé d’avis. Il n’a plus
faim. Il est monté sur la terrasse. »
     
    « Ta potion, César. »
    Les mains appuyées sur la balustrade, l’homme d’État
regardait vers l’Aventin d’où s’élevait, tel un nuage sombre, une nuée
d’étourneaux se dirigeant vers le Tibre.
    Il se retourna lentement, comme s’il remarquait la présence
de Silius avec un temps de retard, et posa la potion fumante sur le parapet
afin qu’elle refroidisse. Puis il en but quelques gorgées.
    « Où est Publius Sextius ?
    — Le centurion Publius Sextius se trouve à Modène,
selon tes instructions, César.
    — Je le sais. Mais, à l’heure qu’il est, il devrait
être rentré. A-t-il envoyé un message ?
    — Pas que je sache.
    — Si une dépêche arrive, avertis-moi immédiatement,
quelle que soit l’heure et quoi que je fasse.
    — Tu vas bientôt offrir un sacrifice à Jupiter le
meilleur et le plus grand dans son temple du Capitole. Si tel est encore ton
désir. »
    César but une autre gorgée. « Oui. Il m’arrive
d’oublier que je suis le grand pontife de Rome, alors que ce devrait être la
première de mes pensées… Donc, pas de bain ni de massage.
    — Cela dépend de toi, César.
    — N’oublie pas de me réveiller si je dors.
    — Peux-tu être plus explicite ?
    — Au cas où il arriverait un message de Sextius.
    — Bien sûr. Ne t’inquiète pas.
    — Ce devrait être la première de mes pensées, répéta le
dictateur sous l’œil interdit de Silius qui tentait de suivre son raisonnement.
Je parle de mon sacerdoce. Et pourtant je ne crois pas que les dieux
s’intéressent à nous. Pourquoi le devraient-ils ?
    — C’est la première fois que je t’entends tenir ces
propos. Que se passe-t-il, mon général ?
    — Sais-tu pourquoi nous brûlons tous les jours des
victimes sur les autels ? Pour que les dieux voient la fumée s’élever de
nos villes et évitent de nous piétiner quand, invisibles, ils marchent sur la
Terre. Autrement, ils nous écraseraient ainsi que nous écrasons les fourmis.
    — Une comparaison intéressante. Antistius te fait dire
de tout boire », conclut Silius en indiquant la tasse.
    César la vida en quelques gorgées. « De fait, il n’y a
pas de fumée plus dense et plus noire que celle de la chair brûlée. »
    Silius le savait, et il savait à quoi son général pensait.
Il avait combattu à ses côtés à Pharsale et à Alexandrie, en Afrique et en
Espagne. Année après année, depuis qu’il avait franchi le Rubicon, il avait vu
brûler les corps non pas d’ennemis sauvages, mais de citoyens semblables à lui,
les corps de citoyens romains. La vision du champ de bataille de Pharsale,
jonché des cadavres de quinze mille de ses concitoyens, dont des chevaliers et
des sénateurs, d’anciens magistrats, s’était gravée dans sa mémoire. À cheval,
César avait parcouru de son regard rapace les lieux du massacre. Et il avait
dit tout bas, comme s’il se parlait à lui-même, comme pour décharger sa
conscience : « Ils l’ont cherché. »
    César arracha son aide de camp à ses pensées.
« Allons-y, on nous attend. Je dois encore me préparer. »
    Une fois à l’étage inférieur, Silius l’aida à se laver et se
vêtir. « J’appelle la litière ?
    — Non. Allons-y à pied. Une promenade me fera du bien.
    — Dans ce cas, j’appelle la garde.
    — Peu importe. Ou plutôt, je commence à croire qu’il
vaudrait mieux m’en débarrasser.
    — De la garde ? Pourquoi donc ?
    — L’idée de me promener dans ma ville escorté par des
gardes du corps me déplaît. Seuls les tyrans se comportent de la sorte… »
    Silius lança à César un regard stupéfait. Il attribuait son
étrange manège à sa maladie, ou aux pensées qui en découlaient.
    « … et puis les sénateurs ont approuvé un sénatus-consulte
dans lequel ils s’engagent à me faire un bouclier de leur corps en cas de
menace contre ma personne. Connais-tu meilleure défense ? »
    Silius était éberlué. Il avait du mal à croire les mots
qu’il venait d’entendre et se demandait comment s’opposer à pareille folie. Il
prit congé de César sous un prétexte, gagna le rez-de-chaussée et ordonna à des
domestiques de suivre le dictateur et lui-même à distance avec une litière.
     
    Ils s’acheminèrent le long de la voie Sacrée en passant
devant le temple de Vesta et la basilique que César avait fait bâtir avec le
butin
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