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Les cochons d'argent

Les cochons d'argent

Titel: Les cochons d'argent
Autoren: Lindsey Davis
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à pleine maturité. Petro tombait tellement mal que j’hésitai un instant à modérer mon accueil en ne sortant que l’antiquité étrusque ; j’optai en définitive pour le Setinum, en l’honneur de notre vieille amitié, et parce que j’avais très envie d’y goûter. Dès qu’il y trempa les lèvres, il comprit que je cherchais à le soudoyer. Il resta muet. Nous avons descendu quelques verres. On ne pouvait pas repousser la discussion plus longtemps.
    — Écoute, finit-il par dire, on remue ciel et terre pour retrouver une petite poupée brodée d’or qui aurait été enlevée ce matin dans la villa d’un sénateur. Ne me demande pas pourquoi, mais…
    — Tu veux que j’ouvre l’œil ? proposai-je d’un ton gaillard qui ne le trompa guère. Ce doit être une riche héritière.
    — La ferme, Falco ! Elle a été aperçue entre les griffes d’un lascar qui te ressemble un peu trop à mon goût. Elle s’appelle Sosia Camillina, et je t’interdis d’y toucher. Elle va sagement retourner là d’où elle vient, avant que les sbires du préteur ne viennent fourrer leur nez dans mon secteur et se mettent à critiquer la façon dont je fais la police sur les marchés… C’est elle ?
    Il fit un signe de la tête en direction de la chambre.
    — Sans doute, avouai-je, l’air penaud.
    J’appréciais Petro, et il connaissait son métier.
    Lui et moi savions bien qu’il avait retrouvé son petit chat perdu.
    Je m’expliquai sans me priver de mettre en avant mon rôle de galant sauveur d’une jeune aristocrate effarouchée. Compte tenu de la remarque de Petro à propos des marchés, je ne m’étendis pas trop sur les histoires d’étalages renversés.
    — Je vais devoir la raccompagner, fit-il.
    Il était passablement éméché.
    — Je vais m’en occuper, proposai-je. Tu peux bien me faire cette faveur. Si tu t’en charges, tu auras le droit à : Merci d’avoir accompli votre devoir, monsieur l’agent. Alors qu’avec moi, on ira peut-être jusqu’à une petite récompense. Cinquante-cinquante ?
    Dès qu’on le travaille à l’alcool, l’ami Petro devient un parfait gentleman. Et peu de personnes se soucient plus que lui des finances de la maison Falco.
    Il inclina légèrement son verre, un sourire désabusé pointant sur ses lèvres.
    — Hum… Ça ferait bien mon affaire. Donne-moi ta parole d’honneur.
    Je ne me fis pas prier, tout en lui versant le reste du vin. Il partit satisfait.
    Naturellement, je n’avais pas vraiment l’intention de la ramener. Du moins, pas dans l’immédiat…

5
    Je filai vers la chambre. Le rideau fusa sur la tringle. La demoiselle se redressa vivement, l’air coupable, laissant échapper mes carnets de notes.
    — Donnez-moi ça ! vociférai-je.
    Là, j’étais vraiment fâché.
    — Vous êtes poète ? fit-elle, cherchant à gagner du temps. Aglaïa, blanche colombe semble parler d’une femme. Vous écrivez toujours sur les femmes ? Je trouve vos vers plutôt grossiers… Je suis vraiment désolée. J’étais curieuse de…
    Aglaïa était une vieille connaissance, pas plus blanche que colombe… D’ailleurs, Aglaïa n’était pas son nom.
    Elle me fixait toujours avec son regard désarmant, mais cela aggravait son cas. Les plus jolies femmes perdent de leur éclat si elles mentent comme elles respirent.
    — Question grossièreté, je peux faire beaucoup mieux, lui balançai-je, cinglant. Sosia Camillina… pourquoi portiez-vous un sauf-conduit avec une fausse identité ?
    — J’avais peur, protesta-t-elle. Je n’ai pas voulu vous dire mon vrai nom, parce que je ne savais pas quelle idée vous aviez derrière la tête.
    Je n’en savais trop rien moi-même.
    — Qui est cette Helena ?
    — Ma cousine. Elle se trouve en Bretagne. Elle est divorcée.
    — Pour faire l’originale… ou parce qu’elle trompait son mari ?
    — Elle m’a dit que c’était trop compliqué à expliquer.
    Jamais marié moi-même, j’étais pourtant expert en matière de divorce.
    — Ah, l’adultère… fis-je tristement. J’ai connu nombre de femmes exilées vers de lointaines îles sous prétexte d’immoralité, mais les îles britanniques, je trouve ça un peu dur !
    Étonnée, Sosia Camillina me demanda :
    — Et pourquoi ?
    — J’y suis déjà allé.
    Je restai évasif, préférant ne pas m’étendre sur la débâcle qui avait suivi la révolte de Boudicca. Elle devait avoir 6 ans à l’époque et ne s’en
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