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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon
Autoren: Axel Aylwen
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pirogue était en train de sombrer, d'autres regagnaient le rivage. Seules les cinq qui étaient le plus proches étaient encore en course. Le bateau n'avait pas osé leur tirer dessus par crainte de les toucher. La pirogue de tête se trouvait maintenant à moins de six brasses. La sueur qui ruisselait le long du visage de Weltden lui brouillait la vue. Il pagayait comme un fou, sachant qu'à la minute même où la pirogue de tête l'aurait rattrapé, il serait un homme mort. Cinq brasses... quatre... trois... Devant lui, il vit une chaloupe. Une douzaine de rameurs la propulsaient. Il fit appel à ses dernières ressources et, dans un suprême effort, réussit à maintenir la distance avec la pirogue de tête une minute de plus. Puis à son tour il s'écroula, épuisé.
    La chaloupe fonçait en fendant l'eau qui écumait à l'avant. Elle se trouvait à une vingtaine de brasses. Wells, le second, leva son mousquet et visa soigneusement. La décharge tomba juste devant la pirogue de tête. L'espace continuait à diminuer. Le deuxième tir de Wells abattit l'un des deux rameurs indigènes de la pirogue de tête qui ralentit brusquement. Le second rameur laissa tomber sa pagaie et plongea dans la direction de l'embarcation de Weltden. En trois brasses rapides, il saisit le bord du bateau et se hissa dedans. Il sortit son poignard. Weltden, que ses forces abandonnaient, regardait, impuissant. Deux mousquets armés se levèrent dans la chaloupe. Le Siamois brandit son arme et plongea. Les deux mousquets firent feu. Le Siamois, touché, perdit l'équilibre et enfonça sa lame dans la cuisse de Weltden.
    Les occupants des quatre autres pirogues se mirent à l'abri lorsque les mousquets se tournèrent vers eux. Puis, quand la chaloupe accosta la pirogue des Anglais, ils rebroussèrent chemin. On transporta White et Weltden sur la chaloupe du Curtana.
    Wells regarda les corps sans vie de son capitaine et de Samuel White et soupira de soulagement. La preuve était enfin faite qu'il avait eu raison. Car il avait soutenu le capitaine Weltden de bout en bout. Il avait craint le pire quand le cadavre mutilé d'un homme blanc avait dérivé près d'eux à l'aube et avait été ensuite identifié comme étant celui de Mason. Il était persuadé que ce spectacle macabre déclencherait une mutinerie à bord. Mais l'apparition de White, blessé, et dans un état pire encore que le capitaine Weltden, montrait clairement qu'il s'était agi d'un soulèvement indigène et non de quelque complot ourdi par White. Il jeta un coup d'œil vers les lointaines collines où le soleil illuminait les restes calcinés de ce qui avait été autrefois des habitations humaines. Dès qu'ils atteindraient le Curtana, il enverrait une chaloupe armée vers la pirogue indigène la plus proche avec un message pour leurs chefs à terre, offrant d'échanger les survivants européens contre de l'or.
    Lorsqu'on transporta Weltden à bord du Curtana, l'équipage rassemblé l'acclama. Un chirurgien se tenait prêt à intervenir. White avait repris conscience mais il était toujours allongé dans la chaloupe car il avait insisté pour qu'on le conduisît à bord du Résolution sans tarder. Bien que ce dernier ne fût pas à plus d'une centaine de pieds, ses ponts étaient étrangement déserts. Un accueil très différent de celui du Curtana, remarqua-t-il perplexe.
    La chaloupe se rangea le long du vaisseau. Deux marins le regardèrent et le saluèrent. Ils avaient un air rébarbatif.
    « Courage, les gars ! cria un des rameurs. Il n'est que blessé. Je ne crois pas qu'il soit en danger.
    — On peut vous donner un coup de main ? » demanda un autre rameur lorsque les marins montèrent dans la chaloupe.
    « Non, merci. On va y arriver. »
    Ils soulevèrent White par les pieds et les épaules. Il cria de douleur. Ils le transportèrent avec soin sur le pont puis le descendirent par une écoutille. La chaloupe du Curtana s'éloigna. Les matelots amenèrent White devant la porte d'une cabine à laquelle l'un d'eux frappa.
    « Entrez », dit une voix.
    White fut immédiatement sur le qui-vive. Il connaissait cette voix. Ses entrailles frémirent.
    La porte s'ouvrit et une silhouette vêtue d'une chemise et d'un panung noirs l'accueillit avec le sourire. Les yeux de White se dilatèrent. Les matelots l'allongèrent sur une couchette et prirent congé.
    « Bienvenue à bord, Samuel, dit Phaulkon. J'espère que vous n'en avez pas vu de trop dures. Mais vous allez me
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