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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable
Autoren: Raymond Khoury
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suis à San Diego et… j’ai des ennuis, Sean. Des types, ils sont entrés dans la maison, ils ont tiré sur mon copain, dit-elle, les mots jaillissant de sa bouche par saccades. J’ai réussi à m’enfuir de justesse et… Bon Dieu, je ne sais pas ce qui se passe, je ne savais pas qui appeler. Désolée.
    Mon pouls s’accéléra.
    — Non, non, tu as bien fait. Tu es blessée ?
    — Non, je n’ai rien.
    Elle prit une longue inspiration, comme pour se calmer. Jamais je ne l’avais connue dans cet état. Michelle avait toujours les idées claires, des nerfs d’acier. Je me retrouvais en terre inconnue.
    — Ne quitte pas, dit-elle.
    Il y eut des bruits confus, comme si elle éloignait le téléphone de sa bouche et le plaquait contre ses vêtements. Puis je l’entendis dire : — Reste bien assis, mon cœur. Je descends juste de voiture, je serai à côté.
    Une portière s’ouvrit et se referma, la voix de Michelle revint en ligne, moins angoissée mais toujours tendue : — Des types ont débarqué. J’étais à la maison, on était tous à la maison. Ils étaient quatre ou cinq, je ne sais pas. Camionnette blanche, combinaisons de peintres ou quelque chose comme ça. Pour ne pas alerter les voisins, je suppose. Une équipe de pros, Sean. Aucun doute là-dessus. Des masques, des Glock, des silencieux. Des vrais méchants.
    Mon pouls passa à la vitesse supérieure.
    D’une voix brisée, à peine audible, Michelle poursuivit : — Tom, mon ami. S’il n’avait pas…
    Elle laissa sa phrase en suspens puis reprit, avec une détermination douloureuse : — Ils ont sonné, il est allé ouvrir. Ils l’ont descendu aussi sec. J’en suis sûre. J’ai entendu deux claquements étouffés et un bruit sourd quand il a heurté le sol, puis ils se sont rués dans la maison et j’ai paniqué. J’en ai blessé un au cou, je me suis enfuie. J’ai saisi Alex au passage et j’ai filé : du jardin de derrière, on a accès au garage, je suis passée par là.
    Après un soupir, elle poursuivit : — J’ai laissé Tom là-bas, Sean. Il n’était peut-être que blessé, j’aurais peut-être pu l’aider mais je me suis enfuie. Je l’ai abandonné…
    Elle s’accablait de reproches et il fallait en tout premier lieu que je la sorte de cette phase d’abattement.
    — J’ai plutôt l’impression que tu n’as pas eu le choix, Mich.
    Je m’efforçais d’assimiler tout ce qu’elle venait de dire et de combler en même temps les trous énormes dans le tableau d’ensemble qu’elle avait brossé.
    — Tu as appelé les flics ?
    — Le 911. J’ai dit qu’il y avait eu une fusillade, j’ai donné l’adresse et j’ai raccroché.
    — Tu as emmené… Alex, tu m’as dit. C’est qui, Alex ?
    — Mon fils. Il a quatre ans.
    Elle s’interrompit et je l’imaginai hésitant, pesant les mots qu’elle allait prononcer. Puis sa voix se fit de nouveau entendre et m’asséna un jab foudroyant : — Notre enfant, Sean. Alex est ton fils.

3
    Notre enfant…
    Les trous que je cherchais à combler me semblèrent se transformer soudain en un gouffre béant qui menaçait de m’aspirer. Ma bouche s’assécha, un torrent de sang inonda mon crâne, ma poitrine se serra.
    — Notre… enfant ?
    — Oui.
    Toute chose autour de moi disparut. Les voitures et les promeneurs passant dans la chaleur étouffante, l’animation et le brouhaha d’un centre commercial de banlieue un samedi matin : tout mourut, comme si un cône de silence tombé du ciel m’avait coupé du reste du monde.
    — De quoi tu parles ?
    — De toi, de moi. Au Mexique. Il s’est passé des choses… Quoi, tu as déjà oublié ? !
    — Non, bien sûr que non, mais… Tu es sûre ?
    C’était moi maintenant qui étais en état de choc et cherchais mes mots, tentais de gagner du temps. Ma question était idiote, je le savais. Je connaissais assez Michelle pour savoir qu’elle était quelqu’un de solide, à qui on pouvait faire confiance. Elle était capable de plaisanter quand elle était d’humeur à ça, mais lorsqu’il s’agissait de choses sérieuses, de choses importantes, elle ne faisait pas l’imbécile. Si elle affirmait que j’étais le père, c’était vrai.
    Une autre chose que je savais de Michelle : elle n’appréciait pas qu’on mette sa parole en doute, surtout quelqu’un d’aussi proche d’elle que moi, et sur un sujet aussi important.
    — Je ne sortais pas en douce avec un autre type. Ça se limitait à toi. Je pensais que
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