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L’élixir du diable

L’élixir du diable

Titel: L’élixir du diable
Autoren: Raymond Khoury
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que durera l’enquête. Et je ne veux pas qu’on envoie Alex dans un de ces foutus centres, dit Michelle, faisant allusion aux Services de protection de l’enfance de l’Etat. Il a quatre ans, Sean.
    — Tu as de la famille dans le coin ?
    — Non, mais peu importe. Je ne quitterai pas Alex une seule seconde, déclara-t-elle avec force. Pas avec ces mamabichos dans la nature.
    — S’ils sont après toi, il vaudrait mieux que tu te sépares de lui…
    — Pas question, rétorqua-t-elle. Je ne le quitterai pas des yeux un seul instant, bordel de merde.
    — D’accord.
    Quelque chose remua en moi, le souvenir de son indomptable volonté suscité par les expressions colorées dont elle se plaisait à émailler son langage. Je regardai ma montre. Il était un peu plus de midi et demi.
    — Il va falloir que tu te planques quelques heures, le temps que j’arrive.
    — Sean, je ne voulais pas…
    — J’arrive, la coupai-je, montant déjà dans ma voiture. Je prendrai le premier vol, je serai avec toi dans sept, huit heures maximum.
    Après un silence, elle lâcha :
    — Waouh.
    — Quoi ?
    — Non, je… Merci. Je crois qu’au fond de moi j’espérais que tu dirais ça.
    — Tu restes tranquille, d’accord ?
    J’avais démarré et je me faufilais dans la circulation.
    — Où tu pourrais m’attendre ?
    — Je trouverai un hôtel près de l’aéroport.
    — Bonne idée. Tu as de l’argent ?
    — Il y a un distributeur, ici.
    — Tu t’en sers un bon coup et tu ne touches plus à tes cartes, lui recommandai-je.
    Je songeais à ce qu’elle m’avait dit : une équipe de pros.
    — Enlève aussi la batterie de ton portable. Et laisse ta voiture. Prends le bus ou un taxi.
    — OK. Je t’appellerai de l’hôtel pour t’indiquer où je suis.
    — D’accord. Je serai probablement dans l’avion, tu n’auras qu’à me laisser un message, répondis-je en doublant une voiture. Tiens bon, on va régler ça.
    — Bien sûr, dit-elle, pas très convaincue.
    — Mich…
    — Quoi ?
    — Tu aurais dû me mettre au courant, lui reprochai-je.
    Je n’avais pas pu m’en empêcher. C’était ce que je ressentais et bon sang, c’était vrai. Il y eut un silence sur la ligne.
    — Ouais, reconnut-elle enfin, d’un ton affligé et chargé de remords. Enfin, vaut mieux tard que jamais, hein ?
    J’eus l’impression qu’un étau me serrait le cœur.
    — Il n’a rien ? Alex ?
    — Non. Il est formidable, tu verras.
    Je sentis en moi une petite déchirure.
    — Prends l’argent, enlève ta batterie et mets les bouts, lui rappelai-je. On se retrouve dans quelques heures.
    Tout de suite après avoir raccroché, j’appelai Nick Aparo, mon coéquipier au FBI, pour l’informer de ce qui se passait et lui demander de m’aider à trouver le moyen de me rendre à San Diego le plus rapidement possible.
    Pendant notre conversation, je regardais fixement devant moi. Je me sentais vidé, sonné par la bombe que Michelle m’avait jetée dans les pattes. J’étais aussi déchiré par des sentiments antagonistes : j’avais toujours voulu avoir un gosse, au point même que Tess et moi avions failli rompre à cause de ça, mais en même temps je ne pouvais pas ignorer que cette nouvelle serait pour elle un coup très dur.

4
    J’eus juste le temps de faire un saut à la maison que je partageais avec Tess et Kim pour y fourrer quelques affaires dans un sac à dos et passer mon holster avant de rejoindre l’I-95 et de l’emprunter jusqu’à Newark.
    Le plus rapide, selon mon coéquipier, consistait à prendre un vol United en début d’après-midi, avec correspondance à Denver. J’aurais une heure d’attente là-bas, mais pas moyen d’y couper. Sauf à tenter de baratiner le Bureau pour obtenir un avion qui m’amènerait là-bas et, si ça marchait, à devoir faire face à une enquête dudit Bureau, qui aboutirait probablement à un licenciement. J’avais déjà couru ce risque. Quelques années plus tôt, j’avais échappé d’un poil à une engueulade avec ces gentils nounours à l’esprit ouvert, après avoir suivi Tess sur un vol pour Istanbul sans avoir d’abord obtenu l’autorisation de mon chef. L’ennui, c’est que cette fois je ne pouvais pas expliquer pourquoi j’avais besoin d’un jet sans raconter ce qui arrivait à Michelle. J’avais discuté avec Aparo de l’avantage de gagner une heure comparé aux risques supplémentaires que Michelle courrait si d’autres personnes venaient à connaître
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