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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre
Autoren: Hugues De Queyssac
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il tonitrua d’une voix aiguë qu’il chausserait ses bottes de sept lieues et desfacierait les païens mieux que nous ne saurions le faire sans lui. À entendre sa supplique, au son de sa voix qui, làs, reflétait bien l’état de sa lente convalescence, je compris qu’il n’y croyait pas lui-même.
    On entendit un coucou trompeter : « Cô-cou, cô-cou, cô-cou » et une femelle lui répondre : « Cô-cou, cou-rou-cou-cou ».
     
    Un grand voyage nous attendait. Pour des terres inconnues.
    Une ultime étape, croyais-je. Avant que la Lumière des Parfaits n’illumine mon tribunal de l’Ombre.
    Mon cœur était partagé entre la tristesse d’une longue séparation d’avec les miens et la hâte de forcer les secrets que recélait la librairie de la forteresse de Marienbourg. Une librairie qui, selon le chevalier Wilhelm von Forstner, renfermait le fabuleux héritage diplomatique, scientifique et militaire de deux siècles passés au cœur du royaume de Jérusalem.
    À l’instant où je serrai les brides de mon destrier Éclat d’Orient, j’ignorais que les stupéfiantes révélations qui me seraient faites par le grand maître de l’Ordre de Sainte-Marie des Teutoniques, Winrich von Kniprode lui-même, dépasseraient tout ce que je pouvais supputer dans mes élucubrations les plus folles.
    Me confirmeraient aussi ce que je redoutais en mon for intérieur : l’existence de sanglantes rivalités entre la tiare et la couronne de France pour consolider et étendre leur pouvoir spirituel et temporel en s’appropriant le Graal.
     
    Le secret de la vie éternelle et de la mort.
     
    Un secret qui, s’il était dévoilé, pouvait embraser l’Occident et l’Orient.
     
    Pour des siècles.

ÉPILOGUE
    Abbaye d’Obazine, en Van de grâce MCCCLXXXI, le lendemain des nones de janvier, peu avant les laudes {55} .
    L’inconnu vêtu d’un pécunieux mantel en peau de loutre, qui se tenait devant un lutrin dans la pièce attenante aux cuisines et au réfectoir ne se souciait guère de la guerre qui s’étendait derechef dans un pays qui n’était point le sien.
    Une seule chose rongeait son esprit depuis qu’il avait percé les arcanes mystérieux des révélations savamment codées qui avaient pris vie sous ses yeux : devrait-il en porter témoignage à la face du monde, quitte à saper les fondements des croyances séculaires les plus solidement enracinées depuis des siècles dans le cœur des chrétiens ?
     
    Le loup était pervers, retors et doté d’un flair et d’une ouïe qui lui avaient souventes fois sauvé la vie lorsqu’il était pourchassé par l’ours brun et par tous ceux qui l’accusaient d’avoir saigné, égorgé les volailles de leur basse-cour.
    Certes, d’aucuns l’avaient aussi payé de leur vie. Pourtant, il n’appréciait pas la chair de l’homme. Son sang n’était pas goûteux ; il puait autant que ces charognes dont il n’aimait point se repaître. Trop carnivores ou trop herbivores. Il ne savait. Quelques petiots à la chair dodue, tendre et laiteuse, toutefois, n’étaient pas sans saveur à son palais. Tant qu’ils n’étaient pas sevrés.
     
    Il ne pouvait savoir qu’en mai de l’an de grâce 1369, les Lys avaient déclaré derechef la guerre au roi d’Angleterre. En guise de réponse, le roi Édouard avait repris le titre de roi de France qu’il n’avait cessé de revendiquer.
    Vers la fin de l’année, le roi Charles, cinquième du nom, avait recouvré le Poitou, le Pierregord et le Ponthieu. Au 14e jour du mois de mai 1370, le duché d’Aquitaine et la plupart des terres que les Anglais tenaient en le royaume de France étaient enfin rattachés à la couronne.
    Il ignorait surtout que messire Bertrand Du Guesclin, après avoir rendu l’abbaye de Chancelade à ses occupants légitimes, mis Pierreguys en état de défense et enlevé les places de Saint-Yrieix, de Brantôme et de Montpont. Elles commandaient les trois routes qui menaient aux villes de Bordeaux, d’Angoulême et de Limoges, avait étrangement disparu.
     
    Pour se rendre où ?
    Si le loup Pavait su, il ne se serait pas précipité vers les mâchoires du piège qui lui était tendu en ce mois de septembre.
     
    Pour le serrer en une étreinte mortelle.
     
    À suivre prochainement : La Lumière des Parfaits
    Suite et fin du cycle Le Chevalier noir et la Dame blanche

Sommaire
    L’Ordre de Sainte-Marie des Teutoniques
     
    PRINCIPAUX PERSONNAGES
     
    Glossaire
     
    Petite
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