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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions
Autoren: Evelyne Lever
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reçu la même réponse : l’Église ne lui accordera son pardon que s’il renvoie sa favorite. En dépit de toutes les pressions qui s’exercent sur lui et de sa peur de l’enfer, il n’a pas fait ses Pâques et Mme de Pompadour demeure auprès de lui. Devra-t-elle se muer en dévote ? Elle s’en ferait une raison s’il le fallait.
    Le 13 septembre 1751, la naissance d’unduc de Bourgogne a détendu l’atmosphère de la Cour. La dauphine avait fait plusieurs fausses couches et on se demandait si elle parviendrait à donner des héritiers au trône. Par chance, son premier enfant est un garçon. Aucune princesse n’avait accouché aussi vite et aussi facilement. La rapidité avec laquelle la jeune femme mit au monde ce fils n’a pas permis que l’accouchement se fît en public comme le veut la coutume de ce pays-ci : on doit pouvoir constater qu’il n’y a pas de substitution d’enfant. Le couple princier était déjà au lit lorsqueMarie-Josèphe ressentit les premières douleurs. En robe de chambre, ledauphin alla réveiller l’accoucheur M. Jarre, qui dormait dans une pièce voisine. Il accourut en pantoufles et en robe de chambre pour recevoir l’enfant qui était déjà né. Le dauphin appela aussitôt les gardes du corps et les gardes suisses qui étaient dans l’antichambre pour qu’ils puissent constater que l’enfant tenait encore à sa mère par le cordon. En même temps on envoyait un homme à Trianon prévenir le roi qui sortait de table. Une demi-heure plus tard, tout le monde était rassemblé dans l’appartement de Mme la dauphine.
    À Paris, dès que la nouvelle a été connue, le tocsin a commencé de sonner. On l’a entendu pendant trois jours et trois nuits comme dans tous les grands moments de joie ou de tristesse : à lanaissance des enfants de France, à la mort du roi ou de la reine, mais aussi lors d’un grave incendie ou d’une sédition. En signe d’allégresse, les boutiques ont fermé, le travail a cessé sur les ports. Le soir la ville était illuminée et des feux de joie flambaient aux carrefours. Pendant une semaine, l’Opéra et les théâtres ont joué gratis. Le 19 septembre, le roi, la famille royale, les princes, les princesses, les ministres et leur cortège de courtisans sont venus assister au Te Deum célébré à Notre-Dame. Le roi paraissait triste et sérieux, mais on sait qu’il n’aime pas les grandes cérémonies. À sa sortie de la cathédrale, on ne l’acclama guère et lorsqu’il se montra sur les marches de l’Hôtel de Ville, on n’entendit pas de « Vive le roi ! ».
    Quelques semaines plus tard, le jour de la cérémonie des relevailles,le dauphin et sonépouse venus rendre grâces à Notre-Dame subirent les cris du peuple qui réclamait du pain et le renvoi de « cette putain qui gouverne le royaume et qui le fait périr ». Au mois de décembre, les fêtes données à Versailles en l’honneur de cette naissance laissèrent une impression de tristesse. Le soir, une bise glaciale éteignit les illuminations. À l’intérieur il faisait froid et les lumières des lustres placés trop haut accusaient cruellement les traits des visages. Les femmes étaient moins nombreuses que les hommes,la marquise ayant revu les listes d’invités pour éliminer d’éventuelles rivales. Les bourgeoises de Paris n’étaient pas conviées contrairement à la coutume. Ce soir-là,Louis XV était sombre, le dauphin et la dauphine ne disaient mot et Mesdames s’ennuyaient. Seulela reine affichait l’air de satisfaction qu’elle sait si bien prendre en toutes circonstances apparemment heureuses. Obéissant aux exigences du monarque, les courtisans portaient des habits neufs et regrettaient d’avoir fait ces dépenses pour une réception aussi morne.

    Rage ecclésiastique et guerre parlementaire
    Le souverain n’a pas cédé au clergé en tant que pécheur, mais il lui cède en tant que souverain. En effet, depuis près de deux ans, le clergé, le corps le plus puissant et le mieux organisé du royaume, s’oppose au pouvoir royal pour des questions fiscales. On se souvient qu’au mois de mai 1749,Machault d’Arnouvilleavait fait promulguer un édit établissant l’impôt du vingtième touchant sans distinction les trois ordres du royaume et tous les revenus. Jusqu’alors la fiscalité royale avait usé de beaucoup de ménagements à l’égard du clergé, lequel considère que ses propriétés doivent être exemptes de charges
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