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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar
Autoren: Robert Escarpit
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trentaine d’années, aux manières agréables. Négociant originaire de Castets, il venait de passer une dizaine d’années à la Nouvelle-Orléans où il s’était occupé des steamboats sur le Mississippi.  
    — La vapeur, c’est l’avenir, dit-il. Hazembat, vous devriez apprendre à piloter nos bateaux. Nous allons fonder une compagnie et il y aura toujours de la place pour vous.  
    — Non, répondit Hazembat. Je suis un homme de la voile et, s’il n’y a plus de voiles sur la Garonne, j’irai en chercher en mer !  
    Il avait les larmes aux yeux. Périssète, qui l’observait depuis un moment, lui mit la main sur le bras.  
    — Hazembat, dit-elle, Lanusquet a sa folie et tu as la tienne. Si tu as envie de te rembarquer au long cours, entre Castagne, Janote et moi, sans parler de Catherine, nous pourrons nous occuper de tes filles.  
    Il y eut un long silence, puis Hazembat demanda à Lanusquet :  
    — Est-ce que tu peux m’emmener à Bordeaux à la descente ?  
    Le lendemain, Hazembat s’embarqua à bord de la Garonne. Pierre Rapin, qui avait dix ans, et Amand Dumeau, qui en avait sept, étaient du voyage. Curieux et adroit de ses mains comme son père, Amand touchait à tout et posait inlassablement des questions. Pierre, au contraire, restait silencieux auprès d’Hazembat.  
    — Touton…, dit-il enfin.  
    C’est ainsi qu’il avait pris le parti d’appeler Hazembat.  
    — Oui, Pierre ?  
    — Tu vas t’embarquer ?  
    — Pas tout de suite, mais c’est probable.  
    L’enfant leva vers lui des yeux sérieux.  
    — Alors, c’est moi qui serai le maître de maison ?  
    — Sous le contrôle de ton grand-père Perrot, oui, bien sûr.  
    — Je veillerai sur mes sœurs. Tu peux partir tranquille.  
    Après Podensac, Lanusquet offrit à Hazembat de tenir la barre. Elle était plus douce que celle d’un voilier et cela ressemblait un peu au pilotage d’un lougre par vent arrière. Au coude de Langoiran, il y eut une brusque risée et le bateau fut déporté vers la rive droite. Instinctivement, tout en rencontrant la barre, Hazembat leva les yeux vers le mât vierge de toile, mais le patron criait déjà dans son porte-voix :  
    — Bâbord à demi ! Tribord en avant toute ! Docile, le bateau se redressa dans le fracas des machines et l’éclaboussement des pales. Hazembat n’eut qu’à suivre. Quand il rendit la barre, il dit à Lanusquet :  
    — C’est comme de piloter une brouette.  
    Dès le débarquement, il se rendit chez O’Quin et lui dit qu’il acceptait l’offre de Bottereaux. L’autre sourit.  
    — Il en était tellement sûr qu’il m’a laissé ton contrat pour que tu le signes.  
    Après avoir lu attentivement les clauses, Hazembat signa.  
    —  Vile Verte, reprit O’Quin, n’appareille que dans un mois, mais, si tu veux aller faire sa connaissance, elle est mouillée devant les Douanes.  
    Dans sa hâte, luxe inouï, Hazembat loua un canot à quatre rameurs. Debout à l’arrière, il distingua le navire de loin. C’était un trois-mâts barque, un peu plus petit que la Belle de Lormont, mais sa ligne était fine. Ce devait être un marcheur convenable. Les vergues étaient croisées, mais on n’avait pas encore gréé les voiles. Pour autant qu’il en pût juger, une équipe achevait la mise en place du gréement courant.  
    Jetant une pièce au patron de la barque, il escalada rapidement l’échelle de coupée. Au moment où il mettait le pied sur le pont, le maître d’équipage dirigeait à grands coups de gueule le capelage d’une poulie baraquette à la vergue de grand hune.  
    Quand il se retourna, Hazembat reconnut la grosse moustache, devenue grise, de son cousin Papounet, ancien maître cordier sur l’ Argonaute. Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre.  
    — Eh, hildepute ! je t’attendais ! s’écria Papounet. On m’avait dit que tu serais des nôtres, cousin… oh ! pardon… lieutenant !  
    Longtemps, ils parlèrent du vieil Argonaute, du combat au large d’Ouessant, du capitaine Guillotin, du lieutenant Leblond-Plassan.  
    — Il est capitaine de vaisseau à Rochefort, dit Papou-net. On le laisse à terre oublier ses sympathies pour l’Empire. C’est comme l’autre lieutenant que nous attendons, un nommé Pigache…  
    — Le lieutenant Pigache ? J’étais avec lui et Leblond-Plassan, justement, à Trafalgar ! Il navigue au commerce ?  
    — On l’a rayé
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