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Le piège de Dante

Le piège de Dante

Titel: Le piège de Dante
Autoren: Arnaud Delalande
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Pietro !
    Il planta son regard dans celui de Viravolta.
    — Je connais l’identité d’ il Diavolo .
    Pietro se crispa, son sourire s’en fut.
    Tous deux restèrent ainsi quelques secondes, puis Pavi se pencha lentement à l’oreille de l’Orchidée Noire. Le chef de la Criminale prononça alors un nom, un seul, qui s’acheva dans un murmure. Le front de Viravolta blêmit. Sa tête pivota aussitôt vers Pavi. L'attitude de ce dernier balaya ses doutes. Alors, les différentes énigmes qu’il avait rencontrées sur son chemin s’emboîtèrent les unes dans les autres, à la manière d’un puzzle dessinant soudain une plus large révélation ; il porta une main à son visage, effaré. Le paysage était plus terrible encore que l’Orchidée Noire ne l’avait jamais imaginé. L'évidence lui sauta aux yeux, et il se maudit. Il envoya un regard à Anna Santamaria, qui cilla. Elle, tout comme Landretto, avait compris qu’il se passait quelque chose.
    Il fallut un moment à Pietro pour se remettre de ces informations. Il fit signe à Pavi de l’attendre une minute, et se dirigea vers Anna.
    — Qu’y a-t-il ? s’enquit-elle, inquiète.
    Pietro serra les dents et rajusta son chapeau.
    — Je crains qu’il ne me reste une mission à accomplir. Restez, je vous en prie. Ne vous occupez pas de moi. Je serai bientôt de retour.
    — Mais...
    Déjà, Pietro avait posé un baiser sur le front de la Veuve avant de s’en retourner. La Dame de Coeur leva son verre dans sa direction, en souriant.
    — Sait-on où il se trouve à présent? demanda Pietro à Pavi.
    — Il a fui, lui aussi. Mais avec plus de succès que von Maarken... Et tiens-toi bien : d’après notre « informateur »... il serait aujourd’hui quelque part à Florence.
    — Florence ?
    Il fronça les sourcils.
    — Eh bien... Je serai peut-être absent un peu plus longtemps que prévu.
    De nouveau, il planta ses yeux dans ceux de Pavi.
    Il Diavolo. Florence.
    Evidemment.
    La ville de Dante.
    — Ricardo...
    Pietro serra les dents.
    — Il est pour moi.

    Chochariel, des Chérubins de l’Abîme et de l’ordre de Python-Luzbel, était enfermé dans son puits, au rez-de-chaussée des Plombs. Il était malade et ensanglanté. On l’avait torturé. Sa poitrine lui faisait mal, il respirait avec difficulté. De temps en temps, il poussait un gémissement, qui se muait en quinte de toux. Il étouffait. Dans les Pozzi , l’obscurité était quasi complète. Il portait encore son déguisement des Stryges. Sa capuche et son manteau déchirés étaient chargés d’humidité. Et bientôt, l’ acqua alta reviendrait. Il en frémissait d'avance. L'eau s'infiltrerait jusque dans son cachot, suinterait de toutes parts sur les parois de sa cellule, viendrait l’achever. Il mourrait ici, Chochariel en était convaincu. Il y mourrait. Mais la Chimère ne s’en sortirait pas non plus. Avec un morceau de charbon, ses doigts aux ongles pleins de sang crayonnaient des graffitis sur le mur plongé dans la nuit. Chochariel écrivait des mots invisibles et sans suite, des croix et des figures jaillies de sa folie. Il se recréait son paradis imaginaire, dans la nuit de l’enfer. Les Géants! Les Géants! Tous, maintenant, étaient comme lui : les Oiseaux de feu, qui s’étaient rêvés Géants, seraient enchaînés à tout jamais. Et, d’une voix arrachée à sa démence, il répétait inlassablement :
    — Voir le Paradis...
    Comme on voit sur son enceinte ronde
    Monterrigioni se couronner de tours,
    Ainsi sur la crête qui entoure le puits
    Se dressaient comme des tours, à moitié de leurs corps,
    Les horribles géants que Jupiter menace
    Encore du haut du ciel, chaque fois qu’il tonne.
    — Le Paradis... Le Paradis... Voir le Paradis...
    Ses mots répétés à l’infini se perdaient dans le silence.
    Chochariel fut avalé par l’obscurité.

NEUVIÈME CERCLE

CHANT XXV
    Les Traîtres
    Un petit orchestre jouait sur la place San Lorenzo. Des badauds s’arrêtaient de temps à autre et l’écoutaient quelques minutes, puis retournaient à leurs occupations. La place était charmante; elle avait gardé quelque chose de l’Age d’or florentin, et rappelait la férule de Côme l’Ancien, ce grand mécène des arts. Non loin, l’église Saint-Laurent, pur exemple de l’architecture Renaissance, pourtant dépouillée de tout ornement, laissait entrevoir çà et là sa belle structure de brique. On était ici dans la paroisse des Médicis ; de nombreuses
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