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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan
Autoren: Frédéric Hulot
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nouveau sans gagne-pain. Les militaires rendus à la vie civile se voyaient accorder un pécule
     qui leur permettait de « voir venir ». Il semble bien que Jourdan ne se
     hâta pas de se trouver une situation. Il se rendit d’abord en Alsace, où on lui
     avait signalé que des entrepreneurs embauchaient. Mais le climat ne lui convtit pas, de même
     que la langue, assez hermétique et différente du français. Il s’y attarda tout de
     même un peu, car il avait retrouvé à Sélestat un camarade qui y était en garnison, et il
     s’y fit remarquer par l’état de délabrement de ses vêtements. De là, il
     gagna Lyon et se présenta chez son oncle, espérant un peu naïvement que ce dernier accepterait
     de le réembaucher. Mais la rancune de Jean-François n’était pas étetite et il
     pensait probablement qu’à présent il lui serait plus difficile
     d’exploiter son neveu. Sans même l’écouter, il le mit proprement à la
     porte.
    Jean-Baptiste aurait pu aller à Beaurecueil où il aurait reçu le meilleur des accueils. Mais
     l’abbé Laurent était toujours dans l’incapacité d’aider son
     neveu à trouver une situation. C’était une voie sans issue. Alors, curieusement, il
     songea à Limoges. Il en était parti depuis si longtemps qu’il n’y
     connaissait plus personne. Mais il savait où demeurait sa grand-mère. Elle représentait son
     dernier espoir. Si elle le rejetait, il deviendrait un vagabond comme il en existait beaucoup,
     promis tôt ou tard à finir en gibier de potence.
    Contrairement à ce qu’il aurait pu craindre, la vieille dame le reçut plutôt bien
     quoiqu’elle ne l’ait plus vu depuis plus de quinze ans. Mais
     n’était-il pas le seul descendant de sa fille Jeanne et probablement son unique
     petit-fils ? Madame Foreau-Francisquet n’avait ni les moyens ni les
     éléments qui lui auraient permis de venir personnellement en aide à Jean-Baptiste. Par contre,
     elle cultivait encore d’anciennes relations dans le milieu médical. Elle envoya donc
     le revenant prendre contact avec deux médecins de ses amis qui avaient entretenu des rapports
     plus que cordiaux avec Roch Jourdan. Les docteurs Périgord et La Boulinière réservèrent un
     accueil chaleureux au fils de leur ancien ami. N’était-il pas un héros qui
     s’était illustré sur les champs de bataille ? Ils ne pouvaient évidemment
     l’employer directement ; mais ils le recommandèrent à un de leur patient
     et ami, un certain Avanturier, négociant en tissus. Après tout, il avait une certaine
     expérience de cette profession (c’était bien la seule).
    Pour Jourdan, c’était en quelque sorte un retour à la case départ. Pourtant, entre
     lui et cet homme franc, droit, titelligent, l’entente fut immédiate. Il reconnut
     toutes les qualités de son nouvel employé là où l’oncle Jean-François
     n’avait trouvé que des défauts. Mais peut-être
     avait-il mûri au cours des années passées à
     l’armée. En tous les cas, Michel Avanturier l’encouragea, lui donna
     quelques responsabilités et en fit rapidement son homme de confiance, allant jusqu’à
     lui faire miroiter qu’un jour peut-être il pourrait se trouver à la tête de son
     propre commerce, ce qui semblait un peu utopique car Jourdan, même correctement payé, était
     toujours sans moyens financiers.
    Poussant plus loin leurs rapports, son patron le reçut régulièrement chez lui dans sa famille
     et fut à même de constater sa bonne éducation. C’est alors qu’il donna
     corps à un nouveau projet. Sa femme était issue d’une famille bourgeoise assez riche
     de Limoges. Or, elle avait une soeur prénommée Jeanne, âgée de vingt-quatre ans et
     toujours célibataire. Sous l’Ancien Régime, une femme ayant attetit cet âge sans
     avoir convolé avait de sérieuses prédispositions à devenir vieille fille, ce qui désolait les
     siens. Difficile dans ses choix, elle avait, semble-t-il, refusé plusieurs prétendants. Michel
     Avanturier eut donc l’idée de marier sa belle-soeur avec son employé
     modèle. A priori , cela pouvait paraître totalement irréaliste. Tout les séparait, le
     milieu social, d’un côté bourgeoisie bien assise, de l’autre un homme du
     peuple ; la fortune assez importante chez la demoiselle, nulle chez Jourdan.
     Pourtant, à y regarder de plus près, l’union avait des chances de se matérialiser.
     Après tout, le père de Jourdan avait exercé une
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