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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort
Autoren: C.L. Grace
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se trouve maintenant dans la chambre, seulement le seau qu’elle transporte contient non pas de l’eau mais quelques cailloux. Elle vide vivement les sacoches du collecteur d’impôts, et remplace l’argent par des pierres. Elle met l’argent dans le seau, qui, rappelez-vous, a un couvercle, et qu’elle a peut-être garni d’un linge pour éviter le cliquetis des pièces. Elle laisse ensuite le seau près de la porte ou sur la galerie : après tout, personne n’est censé monter sauf Erpingham. Maîtresse Smithler a également apporté un gobelet de vin du nouveau tonneau qu’a percé son mari. Or ce gobelet contient un poison mortel : de la belladone.
    Kathryn leva la main pour que Sir Gervase se tienne tranquille, et elle continua :
    — Revenons à Erpingham. Il quitte la table après avoir bien mangé et bien bu, et il est prêt à culbuter la jolie femme de l’aubergiste. Il monte donc  et frappe à la porte de sa chambre. Maîtresse Smithler lui ouvre et il entre. Je suppose qu’ils se sont embrassés. Erpingham était excité, mais Blanche a probablement trouvé une excuse pour s’en aller. Elle avait à faire, ou son mari l’avait chargée de quelque besogne, que sais-je ? Cependant elle allait revenir. Dans la folie de l’excitation, Erpingham avait posé sa coupe sur la table, et tenaillé par le démon de la chair, il ne voit pas que Maîtresse Smithler l’a remplacée par la sienne. Elle prétend elle aussi brûler de désir, et jure de revenir. Elle lui dit de se préparer, prend le gobelet de vin qu’avait monté Erpingham, et son seau, et se glisse hors de la chambre. Elle gagne la sienne qui est au bout de la même galerie, y cache le seau, et en prend un identique qu’elle pose sur la galerie. Cela fait, elle redescend.
    Colum prit la parole.
    — Vous autres, vous étiez occupés à boire dans cette salle. Maître Smithler était bien décidé à vous retenir jusqu’au retour de sa femme.
    — Son absence n’a pas dû durer longtemps, fit observer Kathryn. J’ai calculé qu’il avait sans doute suffi de dix minutes à partir du moment où Erpingham avait quitté la table.
    — Je ne mets pas en question ce que vous avancez, Maîtresse, dit Sir Gervase, mais ne croyez-vous pas qu’Erpingham a vérifié le contenu de ses sacoches ?
    — Il y a de grandes chances que non, répondit Kathryn. Mais même s’il l’a fait, comment aurait-il accusé Maîtresse Smithler ? Non, regardons la situation par les yeux du défunt. Il est dans sa chambre, excité par le vin et le désir des sens. Il a du mal à attendre le retour de Maîtresse Smithler. Il se déshabille, jette ses vêtements sur le sol, et enfile sa chemise de nuit. Il a peut-être regardé ses sacoches, mais elles étaient lourdes, renflées, et bien fermées. Il n’y pense plus, tout obsédé qu’il est par Maîtresse Smithler.
    Kathryn marqua une pause pour boire une gorgée de vin, et elle sourit à Lord Alan.
    — Dites-moi, monsieur, si vous étiez dans une situation semblable, et je dis bien si, et que vous ayez avec vous un gobelet de vin, que feriez-vous ?
    Le gentilhomme sourit à son tour.
    — Je le boirais d’une traite.
    — Voilà ! Eh bien, Erpingham en a fait autant, sans savoir qu’il absorbait sa mort. S’il ne s’est pas senti bien, il l’a mis sur le compte du bon repas, du vin, et de son excitation. Standon est passé sur la galerie, mais il l’a congédié. Kathryn lissa la table de ses doigts.
    — C’est seulement alors qu’il commence à être malade. Il s’étend sur son lit.
    La jeune femme haussa les épaules.
    — La belladone opère son oeuvre mortelle. Le reste, vous le savez. Le lendemain matin, Standon monte. Impossible, bien sûr, de réveiller Erpingham, aussi enfonce-t-on la porte.
    — Et le gobelet de vin ? s’exclama le père Ealdred. Le vin que l’on a retrouvé dans la chambre d’Erpingham n’était pas empoisonné !
    Kathryn allait lui répondre quand retentirent des coups violents frappés à la porte.
    — Que personne ne bouge ! ordonna Colum.
    Il prit le couloir, et passa devant la cuisine où tous les serviteurs étaient massés craintivement.
    Colum s’aperçut qu’ils avaient dû entendre ce qui se passait. Il ouvrit la porte de la taverne, et les puissantes lanternes que portaient Luberon et les gardes de la ville l’éblouirent. Il sourit en invitant à entrer les nouveaux venus.
    — Vous arrivez juste à temps, Maître
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