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Le dernier templier

Le dernier templier

Titel: Le dernier templier
Autoren: Raymond Khoury
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possible. Mais il n’avait rien trouvé. Tous s’en étaient allés. Soit ils étaient morts, soit ils se cachaient. Le drapeau du roi flottait sur le grand Temple de Paris.
    Il était seul.
    Pour l’heure, attendant au milieu de cette foule cancanière, Martin venait d’identifier la silhouette grise du pape Clément. Il montait les marches de la tribune et prenait place au milieu des courtisans qui ressemblaient à des paons.
    Tandis que le templier observait ce qui se passait, l’attention du souverain pontife se tourna vers le centre du champ où étaient plantés deux pieux entourés de fagots. Un mouvement attira l’oeil de Martin. Les corps émaciés et disloqués de deux hommes étaient amenés sur le pré. Martin savait qu’il s’agissait de Jacques de Molay, le dernier grand maître de l’Ordre, et de Geoffroy de Charnay, le précepteur de Normandie.
    Ne possédant plus la moindre capacité physique de résistance, les condamnés furent promptement attachés aux poteaux. Un gros homme s’avança avec une torche allumée, puis il se tourna vers le roi dans l’attente d’instructions.
    Un silence soudain tomba sur la foule. Martin vit le roi lever la main d’un geste insouciant.
    On mit le feu au bois.
    Rapidement, la fumée commença à s’élever. Bientôt, des flammes apparurent. Les branchages éclataient et crépitaient sous l’effet de la chaleur croissante. Écoeuré, incapable d’intervenir, Martin de Carmaux voulut tourner les talons et s’enfuir. Mais il sentit que son devoir lui ordonnait de rester, d’observer, afin de pouvoir porter témoignage de cet acte ignoble. Malgré ses réticences, il s’avança pour gagner les premiers rangs de la foule. C’est alors, à son grand étonnement, qu’il vit Jacques de Molay lever la tête et regarder directement vers le roi et le pape.
    Même à distance, cette image ébranla Martin. Les yeux de Molay brûlaient d’un feu plus féroce que celui qui allait bientôt le consumer.
    En dépit de son apparence frêle et brisée, la voix du grand maître était puissante et ferme.
    — Au nom de l’Ordre des Chevaliers du Temple, lança-t-il d’une voix rauque, je vous maudis, roi Philippe, et toi, Clément, son pape bouffon. Et j’en appelle à Dieu tout-puissant pour que vous me rejoigniez devant Son trône avant qu’une année soit passée, afin d’être jugés et de brûler à jamais dans les fournaises de l’enfer...
    Si Molay dit autre chose, Martin ne l’entendit pas, car le feu rugissait, couvrant les cris des suppliciés mourants. Puis la brise tourna et la fumée envahit la tribune et la foule, charriant avec elle la puanteur de la chair calcinée. Toussant et crachant, le roi trébucha en descendant les marches. Juste derrière lui accourait le pape, les yeux larmoyants à cause de la fumée. Quand ils passèrent près de l’endroit où se trouvait Martin, le templier regarda le Saint-Père. Il sentit la bile monter en lui et brûler sa gorge. À cet instant-là, il sut que sa tâche n’était pas terminée.
    Peut-être pas de son vivant, mais un jour, peut-être, les choses redeviendraient différentes.
    Cette nuit-là, il partit. Il quitta la cité et prit la direction du sud et de Carmaux, la terre de ses ancêtres. Il comptait s’établir là, ou ailleurs en Languedoc, jusqu’à la fin de ses jours. Mais avant de mourir, il s’assurerait que la lettre ne disparaîtrait pas. D’une manière ou d’une autre, il trouverait le moyen de la faire survivre.
    Elle devait survivre.
    Elle devait accomplir sa destinée.
    Il le devait à tous ceux qui étaient morts, d’Hugues le marin à Guillaume de Beaujeu, et par-dessus tout il le devait à son ami Aimard de Villiers, pour que leurs sacrifices n’aient pas été vains.
    Tout reposait maintenant sur ses épaules. Il pensa a l’ultime révélation d’Aimard cette nuit-là, au plus profond de l’église, près du saule, à ce qu’il lui avait dit des efforts assidus de leurs prédécesseurs qui, les premiers, avaient conçu l’artifice, des neuf années de travail méticuleux, de la préparation soigneuse du grand projet qui avait mis près de deux cents ans à porter ses fruits...
    « Nous sommes arrivés tout près, pensa-t-il, si près. C’était un noble but. Le dur labeur, les sacrifices consentis le valaient bien. »
    Il savait ce qu’il avait à faire.
    Il devait s’assurer que l’illusion soit entretenue, qu’elle survive. Que l’on croie que
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