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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma
Autoren: Juliette Benzoni
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les jumeaux avaient quelque chose en tête, ils en poursuivaient la réalisation avec une constance et une force de caractère nettement au-dessus de leur âge.
    Et puis, deux jours avant le départ, leur mère, ayant pris froid en sortant d’une représentation de La Traviata à la Fenice, dut garder le lit avec une grosse bronchite et une forte fièvre. Le médecin se montrait rassurant mais il ne pouvait être question de la faire voyager avec la température polaire qui régnait alors sur l’Europe. C’était la catastrophe.
    — Dans ces conditions, déclara Morosini, on ne part plus ! Je vais téléphoner à Vauxbrun…
    — Tu ne peux pas faire ça ! protesta Lisa entre deux quintes de toux. Tu es son témoin… et il serait vraiment trop déçu ! Tu y vas tout seul, voilà tout !
    — Et nos deux terreurs ? Comment crois-tu qu’ils vont prendre la nouvelle ? Je peux peut-être les emmener.
    — Pas sans moi ! Ils feraient devenir chèvre la pauvre Trudi et mettraient la maison de Tante Amélie à feu et à sang. Quant à leur déception, je m’en charge : Luisa Calergi va donner un bal d’enfants pour la mi-Carême. On transformera la robe d’Amelia et Antonio aura son épée.
    — Génial ! apprécia Aldo. Mais ils vont être désolés rue Alfred-de-Vigny…
    — Tante Amélie et Marie-Angéline doivent venir pour la fête du Rédempteur. Tu sais… dans un sens, je ne suis pas vraiment peinée de ne pas t’accompagner. Je ne sais pas pourquoi, ce mariage précipité ne me dit rien qui vaille. C’est une simple impression mais elle ne me lâche pas.
    — Gilles a peut-être fait ce qu’il faut pour qu’il faille se hâter ? Quand il est amoureux, il ne se possède plus, hasarda Aldo.
    — Tu rêves, mon chéri. Souviens-toi de ce qu’il a écrit : une pure jeune fille… une infante et presque une madone ! Et mexicaine par-dessus le marché ! Les privautés prénuptiales ne sont pas de mise avec ce genre de fiancée, ou gare à l’entourage !
     
    Aldo en convint, se rangea finalement à l’avis de sa femme et s’embarqua sur la branche du Simplon-Orient-Express qui desservait Venise… en compagnie des deux ravissants tableaux de Guardi qu’il avait choisis comme cadeau de noces. Il savait qu’ils feraient plaisir à Gilles. Et après tout, c’était ce qui comptait. Si le cher garçon trouvait le bonheur dans ce mariage un peu disproportionné, ce n’était pas à ses amis de faire la fine bouche. C’était un homme solide, une autorité dans la profession, et même si ses coups de cœur successifs avaient tendance à le mettre dans un état second, du moment qu’il allait jusqu’au mariage, il fallait que les circonstances fussent exceptionnelles. Ainsi qu’Aldo avait pu s’en rendre compte dans la lettre et au cours d’un bref coup de téléphone, Gilles était vraiment très épris. Cela s’entendait au son grave, solennel, de sa voix, à son style plus sobre. Aldo n’y avait pas retrouvé le grain de folie qui accompagnait ses précédentes aventures. Peut-être parce qu’il allait épouser une vraie jeune fille, qu’il en était conscient, ce qui faisait la différence.
    Il en eut confirmation à la gare de Lyon où l’heureux fiancé était venu l’attendre et faillit ne pas le reconnaître dans le long personnage entièrement vêtu de noir – pardessus d’alpaga et chapeau à bord roulé – qui s’avança vers lui, un sourire extatique aux lèvres. Un Vauxbrun sérieusement amaigri, ce qui ne lui allait pas si mal et accentuait sa vague ressemblance avec Jules César. Ce dandy toujours à la pointe de la mode, habillé à Londres, d’ailleurs, n’eût jamais – avant ! – endossé ce genre de tenue, plus adéquate à des funérailles qu’aux courses du petit matin pour venir à l’aube réceptionner un vieux copain dans les courants d’air d’une gare parisienne. Il ne put s’empêcher de s’étonner :
    — Tu vas à un enterrement ?
    — Non. Pourquoi ?
    — Ce noir ? Je le trouve un brin tristounet pour un fiancé !
    — Oh ça ?… (Puis avec un rire pudique :) Isabel trouve que cela me sied ! Que cela m’affine !
    Décidément, c’était Gilles Vauxbrun repeint par le Greco ! Autant s’y faire tout de suite !
    — Eh bien, parle-moi d’elle ! Tu es heureux, j’imagine ?
    — Tu ne peux pas savoir à quel point ! Aucune jeune fille au monde n’est plus belle, plus noble, plus sage ! Je n’arrive pas
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