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Le Chevalier d'Eon

Le Chevalier d'Eon

Titel: Le Chevalier d'Eon
Autoren: Evelyne Lever
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avec ce qui reviendra d’ailleurs à V.M., lui procureront des lumières qu’on ne saurait avoir sans cela et on saisira toutes les occasions de les augmenter   », écrivait le comte de Broglie à son maître.
    Avant de nommer un nouvel ambassadeur à Londres, Louis XV envoya un ministre plénipotentiaire afin d’assurer l’intérim. Pour la plus grande joie du chevalier, il désigna Durand, autre agent du Secret qu’il avait connu en Pologne. Ils se retrouvèrent au cours de l’été de 1766 comme deux vieux amis et d’Éon ne fit aucune difficulté pour remettre à son collègue le fameux ordre du roi du 3 juin 1763. « Je certifie que ledit ordre m’a été remis en bon état, couvert d’un double parchemin à l’adresse de S.M. et qu’il m’a été représenté renfermé et mastiqué dans une brique cousue à cet effet, prise dans les fondements des murailles de la cave et remise ensuite à sa place   », écrivit Durand à l’intention du roi. On voit par ce procès-verbal que d’Éon avait pris toutes les précautions nécessaires pour sauvegarder son trésor.
    En échange de ce précieux dépôt, le ministre plénipotentiaire donna au chevalier une lettre de Louis XV où il lut ces phrases tant espérées   : « En récompense des services que le sieur d’Éon m’a rendu tant en Russie que dans mes armées, et d’autres commissions que je lui ai données, je veux bien lui assurer un traitement annuel de 12 000 livres, que je lui ferai payer tous les trois mois en quelque pays qu’il soit, sauf en temps de guerre chez mes ennemis et ce jusqu’à ce que je juge à propos de lui donner quelque poste dont les appointements seraient plus considérables que le présent traitement. À Versailles, ce 1 er avril 1766.   » Durand avait rédigé un autre procès-verbal attestant que ce billet lui avait été remis par le roi écrit et signé de sa main, à l’intention du chevalier.
    Cette relative satisfaction n’aveuglait pas d’Éon. S’il remit à Durand l’ordre réclamé par le roi, il garda soigneusement caché le reste de ses dossiers, c’est-à-dire sa correspondance avec le comte de Broglie et l’essentiel de ce qui avait trait au débarquement en Angleterre, ainsi que la correspondance officielle de son passage à l’ambassade qu’il avait également conservée. Bref un joli brûlot parfaitement monnayable. Son protecteur avait encore de quoi s’inquiéter. Il lui écrivit une lettre digne d’un père au fils prodigue   : « Vous observerez, lui disait-il, que la preuve qu’il a plu à S.M. de vous donner elle-même et qui restera entre vos mains, sera un titre à jamais glorieux pour vous. La lettre que je vous trouve heureux d’avoir la permission d’écrire, doit être très courte, point mêlée d’aucun détail. Conduisez-vous ensuite avec modestie et sagesse. Ramenez les esprits les plus prévenus, ne soyez plus ni ministre, ni capitaine de dragons. Abandonnez le romanesque. Prenez l’attitude et les propos d’un homme tranquille et sensé   ; avec cela et un peu de temps, on se ressouviendra de vos talents   : vos anciens amis pourront se rapprocher de vous   ; vos ennemis vous oublieront et votre maître retrouvera un sujet digne de le servir et des grâces dont il l’a comblé. J’ai comme vous et plus que vous essuyé des revers   ; j’ai senti que dans le tourbillon général, un particulier peut être sacrifié   ; je n’ai jamais imaginé que cela emportât le souverain malheur qui serait le mécontentement fondé de S.M.   »
    D’Éon allait-il se comporter en homme tranquille et sensé comme le souhaitait le comte de Broglie   ? Le rôle d’espion auquel il se trouvait réduit n’était pas glorieux, mais il allait jouir d’une plus grande liberté qu’en étant investi de fonctions officielles. Sa nouvelle mission continuerait de pimenter son existence.

« Le comble de la barbarie »
    Après la mort de son ennemi intime, le chevalier n’avait plus à craindre les suites du premier procès pour lequel il avait été condamné. Il poursuivit pourtant Guerchy de sa haine au-delà de la mort. Alors que son imprimeur à Amsterdam lui demandait s’il devait publier son dernier brûlot intitulé Dernière lettre à M. de Guerchy, d’Éon lui répondit   : « J’ai été instruit presque aussitôt que vous de la mort de M. de Guerchy. Puisqu’il est mort, Dieu veuille avoir pitié de son âme   ! Mais moi je suis vivant et je
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