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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke
Autoren: Arthur Conan Doyle
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royal n'avait le pouvoir d'en finir avec le caractère
résolu et les opinions avancées des bourgeois.
    Bon nombre d'entre eux, nés et grandis dans le
fracas de la guerre civile, avaient subi dès leur enfance l'action
incendiaire des récits de la guerre de jadis, et des souvenirs du
grand assaut où les mangeurs d'enfants de Lumley furent précipités
en bas de la brèche par les bras vigoureux de leurs pères.
    Ainsi furent entretenues dans Taunton des
dispositions plus énergiques, un caractère plus guerrier qu'en
toute autre ville provinciale d'Angleterre.
    Cette flamme fut attisée par l'action
infatigable d'une troupe d'élite de prédicants non conformistes,
parmi lesquels le plus en vue était Joseph Alleine.
    On n'eût pu mieux choisir comme foyer d'une
révolte, car aucune cité n'attachait plus de prix aux libertés et à
la croyance qui étaient menacées.
    Une forte troupe de bourgeois était déjà
partie pour rejoindre l'armée rebelle, mais beaucoup étaient restés
à la ville pour la défendre.
    Ceux-ci furent renforcés par des bandes de
paysans, comme celle à laquelle nous nous étions nous-mêmes
attachés.
    Elles étaient accourues en masse des environs,
et maintenant elles partageaient leur temps entre les discours de
leurs prédicateurs favoris, et l'exercice qui consistait à
s'aligner et à manier leurs armes.
    Dans les cours, les rues, les places du
marché, on apprenait la marche, la manœuvre, le soir, le matin, à
midi.
    Lorsque nous sortîmes à cheval après le
déjeuner, toute la ville retentissait des cris de commandement et
du fracas des armes.
    Nos amis d'hier se rendaient sur la place du
marché au moment où nous y arrivâmes, et ils nous eurent à peine
vus qu'ils ôtèrent leurs chapeaux et nous accueillirent par des
acclamations nourries, et ils ne consentirent à se taire que quand
nous les eûmes rejoints au petit trot pour prendre notre place à
leur tête.
    – Ils ont juré qu'aucun autre ne serait leur
chef, dit le ministre, debout près de l'étrier de Saxon.
    – Je ne pouvais pas souhaiter de plus solides
gaillards à conduire, dit-il.
    – Qu'ils se déploient en double ligne, en
avant de l'hôtel de ville ! Comme cela ! c'est
cela !
    – Rangez-vous bien, la ligne d'arrière !
dit-il en se plaçant à cheval vis-à-vis d'eux. Maintenant
mettez-vous pour prendre position, le flanc gauche immobile, pour
servir de pivot à l'autre ! C'est cela : voilà une ligne aussi
rigide, aussi droite qu'une épée sortant des mains d’Andrea
Ferrare… Je t'en prie, l'ami, ne tiens pas ta pique comme si
c'était une houe, quoique j'espère que tu feras de bonne besogne
avec elle pour émonder la vigne du Seigneur… Et vous, monsieur, il
faut porter votre mousqueton sur l'épaule au lieu de le tenir sous
le bras comme un dandy tient sa canne. Jamais malheureux soldat se
vit-il obligé de mettre en ordre une équipe aussi panachée !
Mon bon ami le Flamand lui-même ne servirait pas à grand-chose,
ici, non plus que Petrinus qui, dans son traité
De re
militari
, ne donne nulles indications sur la façon de faire
faire l'exercice à un homme dont l'arme est une faucille ou une
faux.
    – Épaulez faux ! Portez faux !
Présentez faux ! dit tout bas Ruben à l'oreille de Sir
Gervas.
    Et tous deux éclatèrent de rire sans se
préoccuper des froncements de sourcils de Saxon voûté.
    – Partageons-les, dit-il, en trois compagnies
de quatre-vingts hommes.
    – Non, un instant… Combien avez-vous d'hommes
armés de mousquets ? Cinquante-cinq. Qu'ils sortent des
rangs ! Ils formeront la première ligne ou compagnie. Sir
Gervas Jérôme, vous avez sans doute commandé la milice de votre
comté, et vous savez quelque chose sur l'exercice à feu. Si je suis
le chef de cette troupe, je vous nomme capitaine de cette
compagnie. Elle formera la première dans la bataille, et c'est une
position qui ne vous déplaira pas, je le sais.
    – Pardieu, il faudra qu'ils se poudrent la
tête, dit Sir Gervas d'un ton décidé.
    – Vous aurez à pourvoir à tout leur
arrangement, répondit Saxon. Que la première compagnie s'avance de
six pas sur le pont ! C'est cela !… Maintenant que les
hommes armés de piques se présentent ! Quatre-vingt
sept ! une compagnie bonne pour le service. Lockarby,
chargez-vous de ces hommes, et n'oubliez pas ceci : les guerres
d'Allemagne l'ont démontré. La meilleure cavalerie est aussi
impuissante contre des piquiers bien fermes que les vagues
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