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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke
Autoren: Arthur Conan Doyle
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contre
un rocher. Vous serez le capitaine de la seconde compagnie. Allez
vous placer à sa tête.
    – Par ma foi, s'ils ne savent pas mieux se
battre que leur capitaine ne sait se tenir à cheval, dit à
demi-voix Ruben, ce sera une fâcheuse affaire. J'espère qu'ils
seront plus solides sur le champ de bataille que je ne le suis en
selle.
    – Quant à la troisième compagnie des hommes
armés de faux, je la confie à vos soins, capitaine Micah Clarke,
reprit Saxon. Le bon Maître Josué Pettigrue sera notre aumônier
militaire. Sa voix et sa présence ne seront-elles pas pour nous
comme la manne dans le désert, comme des sources d'eau dans les
lieux arides. Quant aux sous-officiers, je vois que vous les avez
déjà choisis. Vos capitaines auront le droit d'ajouter à ce nombre,
ceux qui frappent avec sang-froid et ne font pas de quartier.
Maintenant j'ai encore une chose à vous dire. Je parle de façon à
ce que tout le monde m'entende, et que dans la suite personne ne se
plaigne de ce qu'on ne lui a pas fait connaître clairement les
règles de son service. Ainsi donc, je vous avertis que quand le
clairon sonnera l'appel du soir, qu'on aura déposé le casque et la
pique, je suis comme vous, et vous comme moi, les uns et les
autres, des ouvriers dans le même champ, et nous buvons aux mêmes
sources de vie. Ainsi donc je prierai avec vous, je prêcherai avec
vous, je vous donnerai des éclaircissements, je ferai tout ce qui
peut convenir à un frère de pèlerinage sur la route fatigante. Mais
écoutez bien, amis, quand nous sommes sous les armes, et qu'il y a
de bonne besogne à faire, en marche, ou sur le champ de bataille,
ou à la revue, que votre tenue soit régulière, militaire,
scrupuleuse. Soyez vifs à entendre, alertes à obéir, car je ne veux
pas de flemmards, ni de traînards, et s'il s'en trouvait, je leur
ferais sentir le poids de ma main. Oui, j'irai même jusqu'à les
supprimer. Je vous le déclare, il n'y aura point de pitié pour des
gens de cette sorte.
    Sur ces mots il s'arrêta, promena ses regards
sur sa troupe d'un air sévère, ses paupières très baissées sur ses
yeux brillants et mobiles.
    – Si donc, reprit-il, un homme se trouvait
parmi vous qui redoute de se soumettre à une discipline rigoureuse,
qu'il sorte des rangs, et qu'il se mette en quête d'un chef plus
indulgent car je vous le dis, tant que je commanderai ce corps, le
régiment d'infanterie de Wiltshire, qui a pour chef Saxon, sera
digne de faire ses preuves en cette cause sainte et si propre à
élever les âmes.
    Le colonel se tut et resta immobile sur sa
jument.
    Les paysans, formés en longue ligne levèrent
les yeux, les uns d'un air balourd, les autres d'un air
d'admiration, certains avec une expression de crainte devant ses
traits sévères, osseux, et son regard plein de menaces.
    Mais personne ne bougea.
    Il reprit :
    – L'honorable Maître Timewell, Maire de cette
belle ville de Taunton, laquelle a été une tour de force pour les
fidèles pendant ces longues années pleines d'épreuves pour
l'esprit, se dispose à nous passer en revue, quand les autres corps
se seront réunis. Ainsi donc, capitaines, à vos commandements… Là,
les mousquetaires ! Formez les rangs, avec trois pas
d'intervalle entre chaque ligne. Faucheurs, prenez place sur la
gauche ; que les sous-officiers se postent sur les flancs et
en arrière. Comme cela ! Voilà qui est bien manœuvré pour un
premier essai, quoiqu'un bon adjudant avec sa trique, à la façon
impériale, puisse trouver encore ici pas mal de besogne.
    Pendant que nous étions occupés ainsi à nous
organiser d'une manière rapide et sérieuse un régiment, d'autres
corps de paysans, plus ou moins disciplinés, s'étaient rendus sur
la Place du Marché et y avaient pris position.
    Ceux de notre droite étaient venus de Frome et
de Radstock, dans le nord du comté de Somerset.
    C'était une simple cohue dont les armes
consistaient en fléaux, maillets, et autres outils de ce genre, et
sans autres signes de ralliement que des branches vertes fixées
dans les rubans de leurs chapeaux.
    Le corps, qui se trouvait à notre gauche,
portait un drapeau indiquant qu'il se composait d'hommes du comté
de Dorset.
    Ils étaient moins nombreux, mais mieux
équipés, car leur premier rang tout entier était comme le nôtre,
armé de mousquets.
    Pendant ce temps, les bons bourgeois de
Taunton, leurs femmes et leurs filles, s'étaient groupés sur les
balcons et aux fenêtres qui
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